MONDIAL 2014 : Diversité : la France qui gagne, l’Allemagne qui doute

Après le bon début de Coupe du monde de la France, la diversité de l'équipe nationale est célébrée dans l'Hexagone. Elle est en revanche contestée en Allemagne, où la question provoque une crise d'identité, analyse le quotidien britannique.

La composition ethnique de deux des meilleures équipes de football européennes a suscité des réactions opposées : applaudissements en France, dédain en Allemagne.

Quatre ans après le rejet par la France de son équipe nationale, accusée d’être une bande de voyous antipatriotiques, le succès inespéré de la nouvelle formation au Brésil a permis aux Bleus – majoritairement des jeunes issus de l’immigration – de retrouver un statut de héros capables de redonner le moral à un pays en proie au pessimisme. [Depuis la qualification] des hommes de Didier Deschamps [pour les huitièmes de finale], on a perçu certains échos de l’esprit de 1998, lorsque la victoire de la France sur le Brésil en finale avait été interprétée comme le symbole de la nouvelle composition multiethnique du pays. 

Héros national

"Regardez nos garçons, ils sont la fierté de la nation", s’était enthousiasmé un commentateur télévisé. Un mois après la victoire aux élections européennes d’un Front national hostile aux immigrés, les succès engrangés au Mondial semblent avoir redoré l’image d’une équipe nationale qui avait fini par symboliser tous les mauvais côtés des jeunes des cités.

Patrice Evra, le joueur qui avait incarné le déshonneur de l’équipe lors de la fameuse grève de 2010 en Afrique du Sud, est à nouveau porté aux nues. Karim Benzema, qui a marqué trois buts depuis le début de la compétition, est passé du statut de "sale petit semeur de troubles" à celui de "héros national", fait remarquer un journaliste parisien.

Crise d'identité

Aujourd’hui, c’est au tour de l’Allemagne, également sélectionnée pour les quarts de finale, d’être saisie d’une crise d’identité après qu’un ministre a reproché aux joueurs de ne pas chanter l’hymne national. De nombreux Allemands ont encore du mal à le chanter, car celui-ci a gardé, sinon les mêmes paroles, du moins le même air que le Deutschland über alles, un chant désormais identifié au régime nazi.

Ces sentiments ambigus ont été réveillés par le spectacle de plusieurs joueurs d’origine étrangère refusant de chanter l’hymne, parmi lesquels l’international Mesut Özil, germano-turc de troisième génération, et Sami Khedira, né à Stuttgart d’un père tunisien. "Les joueurs jouent au nom de l’Allemagne", a déclaré le ministre allemand de l’Intérieur Thomas de Maizière.

“Je serais heureux qu’ils reconnaissent leur pays en chantant l’hymne.” Özil a expliqué qu’il ne chantait pas parce qu’il se concentrait sur le match et récitait intérieurement une prière. Quant à Khedira, il a rappelé que, selon lui, "on devient un bon Allemand si l’on parle bien la langue et que l’on partage les valeurs de l’Allemagne. C’est le cas de chacun d’entre nous."

 

Charles Bremner

 

(Photo : Deux des joueurs majeurs de l’équipe de France et de la Mannschaft, Paul Pogba (gauche) et Mesut Özil (droite) – Courrier international)

 

Source :  The Times via Courrier international

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page