MONDIAL 2014 : Pourquoi Suarez a-t-il mordu le défenseur italien ?

Mais qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête de l’attaquant uruguayen, qui a encore une fois mordu un adversaire, hier contre l'Italie ? La presse internationale s’interroge sur les dérapages répétés du joueur.

 

 

Il y avait le coup de tête de Zinedine Zidane en finale de la Coupe du monde en 2006 (face à l'Italie, déjà). Il y aura la morsure de Luis Suarez au Mondial 2014. Dans la presse internationale, le Pistolero est redevenu le "cannibale".

Particulièrement virulents (et un brin amers aussi après l'élimination de l'Angleterre, battue 2-1 par l'Uruguay), les journaux sportifs britanniques titrent tous sur le geste fou de Suarez, qui a planté ses crocs dans l'épaule du défenseur Giorgio Chiellini. "L'animal Suarez risque deux ans de supension", insiste le Sun, au dessus d'un gros plan de l'épaule meurtrie du défenseur italien. Le Mirror n'y va pas non plus de main morte : "Trois morsures et vous dégagez !" Plus vindicatif, le Daily Mail exhorte: "Faites du cannibale Suarez un paria". "Les dents de la mer III", ose enfin le Daily Express.

Luis Suarez est un multirécidiviste. Ce serait non pas la troisième fois, mais la quatrième fois qu'il est surpris en train de mordre un adversaire, d'après les archives exhumées par le quotidien brésilien O Globo : une photo prise lors de la Coupe des Confédérations, l'an dernier, montre clairement l'attaquant uruguayen tenter de "dévorer" Giorgio Chiellini ! L'Uruguay et l'Italie avaient alors fait match nul 2-2.

Psychiatrie

Ses dérapages en tous genres (morsures, injures raciales) lui ont déjà valu 17 matches de suspension sur l'ensemble de sa carrière, rappelle le New York Times dans un long article en une. "La vraie question, s'interroge le quotidien, est de comprendre pourquoi un joueur aussi talenteux que Suarez en vient à réagir de cette façon." "Sa dernière transgression devrait faire enrager ses détracteurs et provoquera peut être son exclusion du tournoi", avertit le New York Times. Pourtant, si ses fans persistent à le soutenir malgré son comportement déplacé, c'est que Suarez demeure, en Uruguay comme à l'étranger, "un héros, un leader".

Pour le quotidien sportif espagnol As, il faut s'inquiéter de cette tendance anthropophage de Luis Suarez. "Ca s'est passé une fois avec l'Ajax d'Amsterdam. Une autre avec Liverpool. Et une troisième avec l'Uruguay, en Coupe du monde, rien de moins, provoquant à chaque fois la stupéfaction de nombreuses personnes. D'où cela peut-il venir ? J'imagine que cela relève de la psychiatrie", écrit l'éditorialiste de As.

Au sommet de la chaîne alimentaire

Mais c'est encore la presse britannique qui va le plus loin dans son analyse. Après la défaite de l'Angleterre face à l'Uruguay, le New Statesman, visionnaire, titrait : "Luis Suarez est une brute."

"Dans la taxonomie des buteurs, ce joueur est un prédateur majeur", expliquait l'hebdomadaire britannique. Et de détailler, à propos de ce type de joueurs bestiaux : "Pour eux, marquer est une expression de leur rage. Un but est une explosion, l'occasion de mettre à l'épreuve la peur du gardien. Ils rêvent de déchiqueter les mailles hexagonales du filet, pas de mettre le ballon au fond de la cage, mais de la transpercer. […] Ce sont… des brutes."

Ronaldo était l'un d'eux. Et Suarez aussi, affirme le journal : "Luis Suarez voit le football comme une confrontation. Contre l'autre équipe, contre les fans adverses, contre tous ceux qui ne sont pas de son bord. C'est pour ça qu'après chaque but, il met immédiatement son doigt sur ses lèvres et ordonne aux autres de se taire. Il a marqué mais il a aussi remporté une sanglante bataille. Vous pouvez presque l'entendre gronder. Une vraie brute !"

La faute des médias

Plus drôle, et aussi plus sévère, le Telegraph plaide coupable. Si on en est arrivé là, c'est de la faute… des médias britanniques, ironise-t-il. " C'est nous qui l'avons poussé. C'est notre faute. Si nous avions été plus gentils quand il jouait en Angleterre – en le désignant fooballeur de l'année, en lui disant qu'il était le meilleur joueur de ces dix dernières années… -, Suarez n'aurait pas fait ça."

Et le chroniqueur d'anticiper sur les excuses que ne manqueront pas d'invoquer les fans de Suarez. Pour lui, elles sont irrecevables. "Trois fois, ce n'est pas de la malchance, c'est un problème de comportement, une pathologie." Il enfonce le clou : "C'est un joueur dont le talent n'est pas en question mais qui s'est à nouveau comporté comme si quelque chose ne fonctionnait pas dans son cerveau."

Pour finir, le Telegraph, qui évoque un comportement autodestructeur, en appelle solennellement à la responsabilité de tous. "L'épaule de Giorgio Chiellini est la preuve suffisante pour que l'on puisse avancer ceci : cet homme [Suarez] a besoin d'aide".

 

(Photo : AFP/Javier Soriano)

 

Source : Courrier interntional

 

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