Dialogue national : Difficile terrain d’entente entre les « tout va bien » et les « tout va mal »

Pour l’organisation d’une élection présidentielle consensuelle et transparente en juin 2014, les trois principaux pôles politiques mauritaniens ont entamé un dialogue le 13 avril à Nouakchott.

 

Les représentant de la coalition des partis de la majorité, de la convention pour l'alternance pacifique au pouvoir (CAP) et du forum national pour la démocratie et l'unité, au cours de la cérémonie d’ouverture des discussions, ont tous fait part de leurs bonnes disposition. Mais au-delà des mots et des intentions proclamées, les discussions semblent serrées et difficiles.

Ould Maham

Premier à prendre la parole, Sidi Mohamed Ould Maham, Ministre de la communication et des relations avec le parlement, représentant du camp du pouvoir. « L'expérience a prouvé qu'a chaque fois les Mauritaniens s'engagent dans le dialogue et qu'ils disposent d'une forte volonté de dépasser leurs divergences, ils sont capables de trouver des solutions innovantes à l'ensemble leurs problèmes. C'est cela qui a constamment consolidé notre pratique de la démocratie et renforcé l'action politique et institutionnelle. De même, cela à également permis à notre scène politique d'être l'une des plus dynamiques, et à notre expérience démocratique, en dépit de son jeune âge, de ne rien envier aux démocraties les plus anciennes dans la région qu'elle devance sur plusieurs plans » a dit Ould Maham.

Ould Horma

Quant à Abdesselam Ould Horma, président de la délégation de la Convention pour l'Alternance Pacifique au pouvoir , il a déclaré : « Nous affirmons ici, à cette occasion, et sans aucune hésitation, que le groupe des partis de la Convention, avec ses différentes composantes et ses symboles politiques et moraux, pèse, aujourd'hui, de tout son poids et de tous les moyens dont elle dispose pour la réussite de ce dialogue et pour son aboutissement à des résultats positifs qu'attend le peuple mauritanien, de l'Est à l'ouest et du nord au sud du pays. »

Ould Waghf

Yahya Ould Ahmed El Waghef, président de la délégation du Forum national pour la démocratie et l'unité (FNDU), a lui déclaré : « Au moment où nous entamons ce dialogue, notre préoccupation essentielle doit être une réforme générale de la situation politique de nature à rétablir la confiance dans toutes nos institutions. Cela demande d'entreprendre des mesures réalistes qui substituent la confiance à là suspicion, l'échange responsable et respectueux aux manœuvres stériles qui ne parviennent plus à convaincre leurs auteurs ni à tromper les autres.

Les plus importantes de ces mesures sont, à titre d'exemple :

-formation d'un gouvernement de consensus,

-renforcement des compétences des institutions de supervision à travers de modalités consensuelles qui leur garantissent de jouer de façon effective leurs responsabilités et de ne pas se transformer un faux témoin,

-introduction de reformes radicales, consensuelles garantissant la neutralité de l'Etat et de l'armée, les mettant de l'allégeance historique au pouvoir du moment,

-réforme de l'état civil à travers des mesures transparentes réelles et incontestables, »
Cette vision du FNDU est loin, très loin du tableau dressé par Me Maham pour qui « Nous sommes probablement le seul pays dans la sous- région où l'Etat s'est totalement désengagé de la gestion de l'opération électorale. Celle-ci relève désormais d'une commission indépendante choisie parmi les acteurs politiques de manière absolument consensuelle.

De même, nous faisons partie des pays qui disposent d'un système d'état-civil des plus précis et des plus fiables au monde, en plus des acquis de la grande expérience qui résulte de nos dialogues et de nos rencontres précédents, en termes de textes institutionnels et de dispositions réglementaires qui constituent un arsenal juridique et administratif compatible avec les besoins et les impératifs de notre réalité et de nos spécificités. A cela s'ajoute l'essor et les transformations accélérées que connaît notre pays en matière de libertés collectives et individuelles. »
Pour le début du dialogue, il est normal que la barre soit mise au sommet avec un pouvoir qui semble dire « tout va bien » et une opposition qui pense que « tout va mal et que tout doit être refait. »
Les deux grosses difficultés de ce dialogue semblent être le gouvernement de consensus pour gérer la présidentielle et la date de cette présidentielle. Pour le premier point, le président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz a été ferme. Il a déclaré, a quelques jours de l’ouverture de ce dialogue « tout est négociable sauf la question du gouvernement de consensus. » Il est sur que les représentant du pouvoir au dialogue en cours ne franchiront pas la limite fixée par leur chef.

Révision constitutionnelle pour légaliser le report

Pour le délai, la prise en compte des exigences du FNDU (reforme des institutions de contrôle…) entraînera un report de la présidentielle prévue en juin 2014. Le collège électoral doit être convoqué au plus tard le 21 avril prochain. Autrement, la constitution prendrait encore un coup.
« Le temps du dialogue pour une élection présidentielle inclusive, pourrait-il justifier un report de la date de l’élection présidentielle. La COD est-elle pour le principe de ce report ? La constitution permet-elle d’ailleurs ce report ? » A cette question, Lo Gourmo Abdoul, vice président de l’UFP, un parti membre du FNDU, a donné la réponse suivante : « Si le dialogue est officiellement ouvert, une commune et rationnelle évaluation permettra , de manière consensuelle, d’envisager les différents cas de figure, en fonction de la nature des mesures à prendre et à mettre en œuvre pour aboutir au résultat d’une élection présidentielle libre, démocratique, transparente et non contestée. Le temps politique est l’œuvre des acteurs ! La constitution détermine en effet un délai de tenue de toutes les élections nationales. Les législatives ont été reculées de deux ans de manière parfaitement illégale. Le pouvoir a passé outre malgré tout et a cherché à légaliser tout ça ex post facto, après coup. Il lui était loisible de procéder à un réajustement constitutionnel suivant une procédure parfaitement conforme à celle prévue par le texte constitutionnel. Donc de ce point de vue, il n y’a aucun problème. Un problème de calendrier ne peut pas vraiment faire obstacle à une solution consensuelle, qui plus, est conforme le cas échéant à la constitution. Le vrai problème est celui de savoir si tout le monde est d’accord pour une présidentielle apaisée, inclusive et qui ouvre de nouvelles perspectives politiques favorables à la paix et à la stabilité démocratique du pays. Le reste suit. »

 

Khalilou Diagana

 

 

Source : Le Quotidien de Nouakchott

 

 

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