La guerre du Golfe à coups de chèques éducation

Qui veut gagner 1 million de dollars ? La question n'est pas posée sur le plateau d'un jeu télévisé mais à la communauté mondiale des enseignants. C'est la somme qu'une fondation a décidé d'offrir, mardi 18 mars, au meilleur professeur du monde. Soit l'équivalent de vingt années de travail dans un pays raisonnablement riche.

 

La Fondation Varkey GEMS vient en effet d'annoncer la création du " premier prix mondial des professeurs ". Pour postuler, il suffit d'être " un enseignant remarquable ayant apporté une contribution exceptionnelle à la profession ". La fondation émane de la GEMS Education, un groupe privé détenteur de réseaux d'établissements sur tous les continents qui vient d'acquérir l'Ecole des Roches. Soit l'établissement le plus onéreux de France…

L'émirat de Dubaï participe au financement. " Ce prix, l'équivalent d'un prix Nobel, sera placé sous le patronage du vice-président des Emirats arabes unis, premier ministre et souverain de Dubaï ", précise le communiqué. Le Dubaï Cares, organisation philanthropique des Emirats qui s'intéresse à la scolarisation des enfants dans trente et un pays, est aussi de la partie.

Le lauréat, un professeur d'école, de collège ou de lycée, devra rayonner " au-delà de la salle de classe ". Il sera choisi parmi dix finalistes par un jury international composé de directeurs d'école, d'experts en éducation, de chefs d'entreprise, de scientifiques ou encore d'artistes – le nom de l'acteur Kevin Spacey est cité. La cérémonie de remise du chèque aura lieu au printemps 2015 au Global Education & Skills Forum, à Dubaï.

Or, dans la zone, le " gros chèque éducation " n'est pas une nouveauté. A quelques encablures de là se déroule chaque automne depuis 2011 la remise d'un autre grand prix de l'éducation : le WISE Prize. Ce dernier récompense de 500 000 dollars (360 000 euros) une personne qui a œuvré au développement de la scolarisation dans un ou plusieurs pays. Ce prix est cette fois remis à Doha, capitale du Qatar, lors de la session annuelle du WISE, financé, lui, par la Qatar Foundation – un sommet aujourd'hui perçu comme un lieu important de réflexion en innovation éducative.

Mieux que le Loto

Assis sur leurs tas de pétrodollars, les petits Etats du Golfe se bagarrent donc à coups de chèques pour être sacrés bienfaiteur mondial de l'éducation – dont ils ont bien compris qu'il s'agissait d'un placement à fort rendement.

Face au succès qatari de WISE, Bahreïn a riposté. En 2010, le spécialiste des séminaires internationaux Richard Attias a monté une première édition très réussie de l'Education Project. Mais les émeutes récurrentes à Manama, la capitale, ont empêché la réédition de la conférence. Et voilà le terrain de la concurrence libéré pour que Dubaï s'y engouffre.

Les profs n'ont qu'à se réjouir de cette guéguerre qui rapportera gros à deux d'entre eux. Chaque postulant peut en effet se dire qu'il a plus de chances de devenir millionnaire grâce aux prix qu'en jouant au Loto. Il reste jusqu'au 31 mars pour postuler au WISE Prize, et les candidatures pour le Varkey GEMS ne s'ouvriront pour les francophones qu'en mai.

 

Maryline Baumard

 

Source : Le Monde

 

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