Mauritanie: un plan gouvernemental contre l’esclavage au forceps

Présentée le 6 mars dernier par le gouvernement de Ould Laghdaf, la feuille de route pour l'éradication des séquelles de l'esclavage en Mauritanie a mis l'accent sur la volonté de s'attaquer aux auteurs des crimes et de protéger les victimes  avec une introduction de mesures contre les discriminations.

 

Une volonté politique qui fait l'unanimité au sein de la Commission nationale des droits de l'homme mais critiquée par les deux principales ONG anti-esclavagistes l'IRA et SOS esclaves en attente de reconnaissance. Un plan gouvernemental qui intervient une semaine après la visite de l'experte des Nations-Unies pour les droits de l'homme dans la capitale mauritanienne.

 

Conséquence directe des conclusions du rapporteur des Nations-Unies pour les droits de l'homme à l'issue de sa visite en Mauritanie. Les autorités de Nouakchott vont se contraindre à se faire hara kiri pour lutter contre les séquelles de l'esclavage avant la session du conseil des Nations-Unies pour les droits de l'homme en septembre  prochain. Un sursis pour le gouvernement de Ould Laghdaf  qui n’a pas encore tout perdu de sa crédibilité en lançant sa feuille de route dont l'objectif vise à rassurer la communauté internationale sur ses bonnes intentions à régler ce fléau qui touche près de 40 pour cent de la population mauritanienne. Il s'agit de s'attaquer plus farouchement contre les auteurs de crime contre l’esclavage et de protéger sans faille les victimes en particulier la frange la plus faible les domestiques  qui vivent dans des conditions difficiles dans les quartiers populaires des grandes villes et les campagnes.

Vu sous cet angle seule la commission nationale des droits de l'homme applaudit contrairement aux deux plus grandes ONG nationales anti esclavagistes IRA et SOS esclaves jusqu'ici non reconnues officiellement qui parlent de saupoudrage parce que jusqu’ici ce sont les militants Hratins qui sont allés en prison et non les esclavagistes, reconnaît le président Ould Abeid, candidat aux présidentielles de 2014  et qui regrette qu’une seule agence nationale « Solidarité » et avocats indépendants soient retenus comme partie civile dans les procès. C’est dans cette perspective qu’il est prévu une formation spécifique des juges. Un tribunal spécial pour crime d’esclavage sera mise en place en décembre prochain. Autre volonté exprimée l’interdiction des entreprises de pratiquer le travail forcé et le travail des enfants.

L’accent sera mis également sur les programmes de sensibilisation et de vulgarisation de la loi incriminant l’esclavage. C’est une feuille de route qui entend mettre un terme aux discriminations dont sont victimes les Hratins qui aspirent simplement à vivre dans une Mauritanie plus juste. C’est maintenant que les choses sérieuses commencent. Les autorités de Nouakchott devront prouver leur bonne foi et appliquer seulement la loi gage de réussite de ce plan au forceps.

 

Bakala KANE

 

(Reçu à kassataya le 11 mars 2014)

 

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