Les nerfs des Mauritaniens sont mis à rude épreuve. Depuis la démission du premier ministre et du gouvernement de M. Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, la vie du pays est comme figée. Les Mauritaniens restent suspendus au moindre frémissement du côté de la Présidence de la République.
Des frémissements, il y en aura quelques uns finalement : la reconduction de M. Ould Mohamed Laghdaf comme premier ministre puis la nomination de M. Moctar Malal Dia comme Ministre Secrétaire Général de la Présidence de la république en remplacement de M. Sy Adama. Depuis, plus rien.
Les organes de presse en sont réduits à ressortir de leurs tiroirs les marronniers. Même la très officielle Agence Mauritanienne d’Information reste figée. A peine publie-t-elle quelques communiqués comme : Le Premier ministre reçoit une mission de partenariat humanitaire de haut niveau ; Une mission de haut niveau à la Mauritanie tient une conférence de presse ; Le Premier ministre reçoit une directrice à la Société Financière Internationale , ou enfin Distribution de dix millions d'ouguiyas au profit des coopératives féminines de la wilaya de l'Adrar … Un agenda autrement bien allégé.
Du coup, les spéculations vont bon train. Les Mauritaniens font et refont les gouvernements : tel ministre ne sera pas reconduit parce qu’il a été battu lors des dernières élections législatives et municipales (novembre et décembre 2013). Tel autre gardera son mandat de député et se verra dans l’obligation de renoncer à son strapontin dans le gouvernement. Une atmosphère difficile à supporter pour tous. Les ministres sortants d’abord. Les rumeurs les plus folles courent sur le cas de tel ministre qui s’est évanoui après avoir appris qu’il ne ferait plus partie de l’attelage gouvernemental. D’autres font état d’un match de lutte sénégalaise avec frappe entre deux collègues d’un parti se disputant le seul poste qui leur reviendrait. Il y aurait eu morsure à l’oreille comme entre Mike Tyson et Evender Holyfield.
De leur côté, les 3,5millions de Mauritaniens s’accrochent avec l’énergie du désespoir à la possibilité d’un appel téléphonique qui changerait leur vie avec l’annonce d’une entrée au gouvernement. L’on assiste à des scènes cocasses montrant des individus décrochant le téléphone dans l’espoir d’entendre à l’autre bout du fil : « Allo ! M. Untel ? C’est le protocole de la Présidence de la République… ». Si à la place c’est plutôt « alors mon ami, y a rien de neuf ? » Vous allez entendre « Comment veux-tu qu’il y ait du neuf alors que tu occupes la ligne ? Peut-être qu’ils sont entrain d’essayer de me joindre à l’instant ! » L’espoir fait vivre !
C’est dire si les postes seront âprement disputés. Pour l’instant, les seules certitudes portent sur les portefeuilles de la fonction publique (la titulaire vient d’être élue Présidente de la Communauté Urbaine de Nouakchott) et de Ministre Secrétaire Général du gouvernement (Parti à la Présidence de la République). L’adage peul se rappelle au bon souvenir de quelques lucides : DaminiiDo mayaata ko e damal suudu cemtoowo (Quiconque nourrit de grands espoirs mourra devant la porte du fieffé menteur). Comme le veut la parole biblique, il y aura beaucoup d’appelés et peu d’élus !
Abdoulaye DIAGANA pour KASSATAYA
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