Nouakchott reconnaît le meurtre du jeune Mangane

 Deux ans après la mort du jeune Mangane le 27 septembre 2011 suite à une manifestation contre l'enrôlement discriminatoire à Maghama dans le Sud de la Mauritanie, Nouakchott fait un pas en avant en comdamnant les gendarmes qui ont utilisé des balles réelles contre des citoyens pacifiques.

 

C'est le nouveau ministre de la justice Sidi Ould Zeine  qui l'a laissé entendre cette fin de semaine à Nouakchott en recevant les organisateurs du sit-in devant son ministère qui réclamaient l'ouverture d'une enquête judiciaire. Pour la première fois dans ce pays la justice semble en passe d'être gagnée par la vigueur de la société civile. Un exemple qui pourrait faire tâche d'huile avec instance sur les autres affaires notamment relatives aux  crimes commis par le régime de Ould Taya de 89 à 91 contre les négro-mauritaniens.

Le 27 septembre 2011, la Mauritanie a connu son premier mort dans les manifestations contre l'enrôlement discriminatoire à Maghama dans le Sud du pays. Le jeune Lamine Mangane est tué par balles par des supposés gendarmes. Partout c'est l'indignation et la colère. Associations, ONG nationales des Droits de l'Homme, société civile et l'opposition réclament la justice. La suite, les supposés tireurs  ou donneurs d'ordre coupables sont réaffectés dans d'autres communes du pays. Deux ans après ce meurtre c'est le nouveau ministre de la justice Sidi Ould Zeine qui revient en arrière et emboîte le pas des organisateurs du sit-in cette fin de semaine à Nouakchott devant le ministère en condamnant sans ambages la gendarmerie qui a utilisé des balles réelles contre des citoyens pacifiques. Ce forcing vise en effet à ouvrir une enquête judiciaire pour désigner les coupables. Le porte parole et coordinateur du MNTP est plus que satisfait de ce revirement des autorités de Nouakchott et attend des actes pour que ce genre de crime ne se reproduise plus. Dans le cas échéant son mouvement fera appel à d’autres instances en portant l'affaire devant la commission africaine des Droits de l'Homme et des Peuples.

Ce premier pas de Nouakchott est un début de reconnaissance de l'impunité en Mauritanie. L’affaire Mangane est maintenant devant la justice. Un satisfecit aux mouvements citoyens qui ont mis la jeunesse au cœur des revendications de justice et d'égalité  qui traversent le pays depuis juillet 2009.Cette dynamique citoyenne coïncide avec les transformations profondes de la société mauritanienne issues du printemps arabe et l'expression libre grâce aux réseaux sociaux Facebook et Twitter. Pour la première fois les mauritaniens ont le sentiment qu’ils sont écoutés et entendus et que la justice est peut-être entrain de bouger en faveur du plus grand nombre. Cette démarche  pourrait faire tâche d'huile sur les autres affaires notamment plus difficiles puisqu’il s’agit des crimes commis par le régime de Ould Taya contre les négro-mauritaniens de 89 à 91.En attendant la balle est dans le camp de Ould Aziz qui devra montrer plus de fermeté contre l’impunité, terrain glissant qui pourrait emporter des personnalités militaires et civiles qui courent toujours à Nouakchott et à l’intérieur du pays sans être inquiétées. Il va falloir beaucoup de courage politique pour se sortir de cette nouvelle situation dans laquelle son ministre de la justice a reconnu explicitement le meurtre du jeune Lamine Mangane par la gendarmerie. Une vertu dont les observateurs avertis se méfient pour la simple raison que les prières de Kaédi en 2009 n’ont pas servi à grand-chose sinon à tourner le dos de la réconciliation nationale en arrêtant le processus de rapatriement des réfugiés.

Bakala Kane{jcomments on}

(Reçu à Kassataya le 28/09/2013)

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