Oumou Diop : Footballeuse et féministe

(Crédit photo : l'Authentique)

Oumou Diop est la Gardienne de but de l’équipe de foot ball féminin du club d’El Mina. C’est elle qui a tenu tête aux attaquantes de l’équipe de sebkha lors de la rencontre de foot ball féminin du 8 mars sur le terrain de basket à l’Ancienne Maison des Jeunes.

Sportive parfaite, elle parvient parfaitement à préserver son côté féminin engagée qu’elle est dans la lutte contre le Sida. Portrait.

C’est dans le quartier périphérique d’El Mina, aux environs du Lycée de la Moughataa qu’habite Oumou Diop une figure emblématique de l’équipe de foot ball féminin de cette Commune. Partagée entre le Foot ball qui est sa passion et les études en Terminal « D », Sala Gadio comme l’appelle ses intimes est aussi une sensibilisatrice du VIH Sida. Native de Nouakchott dans la Commune de Tevragh Zeina, l’amazone au teint noir, rencontrée par nos soins lors d’une séance d’entraînement ne semble pas craindre le micro « je suis footballeuse et j’en suis fière » lance-t-elle précisant, « je suis la fille chérie de mon père qui me donne entière liberté pour la pratique sportive ». D’une discipline à l’épreuve de tout, la footballeuse, gardienne de but, suit un entraînement intense avec de déboulés, des gestuels de grands sportifs et entretenant un rythme à couper le souffle !

C’est en 2007 que la jeune sportive a entamé sa carrière sportive. « J’ai toujours aimé le sport. J’ai toujours voulu le pratiquer… Le clic est survenu lors d’un cours de sports que je suivais au stade olympique à l’époque. Au terme de cette séance où je me sentais ragaillardie après que nous avions joué au foot, je me suis dit pourquoi ne pas créer une équipe de foot ball féminin. J’ai soumis l’idée à notre technicien qui l’a trouvé d’emblée positive qui nous régalait les autorisations parentales et amenait dans le bus. Il a trouvé l’idée positive. L’idée a circulé au sen du groupe, quelques journaux en ont parlé et depuis, ce noyau de sportives s’est constitué, pour former aujourd’hui l’équipe féminine de notre Moughataa ». Avec le consentement des parents, les choses sont allées très vite reconnaîtra-t-elle avant d’ajouter « je n’ai pas eu de difficultés dans la pratique du sport en tant que femme dans ma famille. Mes parents m’y encouragent ». Mais le poids de la tradition s’est posé sur elle dans son quartier : « au début la gente masculine me traitait de garçons. J’ai su me contrôler et continuer à vivre ma passion. Cela a payé finalement » reconnaît-elle au constat des nombreux supporters qui lu font confiance. La carrière internationale ? Pourquoi pas ! Pensent ses coéquipières qui voient en elle, une virtuose du ballon rond. En fait, cette gardienne de but qui maîtrise parfaitement les règles du jeu, dispose d’un excellent sens de placement dans ses camps, qui fait que le ballon lui arrive le plus souvent directement dans les bras.

Quand on lui parle du développement du football féminin dans le pays, Oumou est plutôt pessimiste. « Je ne pense pas que notre football puisse voir le bout du tunnel un jour. Il y a le poids de la société, mais il y a aussi le manque de financement dans le sport féminin en général particulièrement dans le football est l’émulation est nulle ». « Les footballeuses sont malheureusement des faire-valoir qu’utilisent les leaders sportifs pour prouver l’égalité entre genre, le cas échéant, justifier leurs actions en direction du développement des sports. Tel était le cas iil y a quelques semaines, lors du passage à Nouakchott du président de la FIFA. Les filles avaient été bien équipées et présentées au regard de Sepp Blatter, puis plus rien ! » lance-t-elle comme boutade en direction de ceux-là qui sont chargés des sports.

Très engagée dans le football, Oumou n’en demeure pas activiste. « Le rôle de la femme ne se limite pas à respecter son foyer. La femme a des aspirations à l’instar des hommes. Elle doit participer au développement du pays en s’engageant dans l’action. Moi j’ai choisi la lutte contre le VIH Sida. Je ne peux pas accepter que ce fléau contenue à toucher les citoyens alors qu’ils peuvent en être épargnés. Il s’agit d’un déficit en communication que je veux combler » lance-t-elle.

Face à la situation délétère dans laquelle sont plongés les sports chez nous et surtout face au regard de l’autre toujours aussi agressif, Oumou Diop continue de jouer au foot mais elle est persuadée qu’elle n’y fera pas une carrière. Elle avoue : « je continue de me faire plaisir en jouant au foot. Pour combien de temps ? Je ne sais point… J’aime le sport mais il y a la réalité de nos traditions, de nos coutumes qui pèse. C’est pour cela que j’allie sport et études » dira-t-elle en guise de conclusion.

Cheikh Oumar NDiaye

Source  :  L’Authentique le 17/03/2013{jcomments on}

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