Ladji Traoré, secrétaire général de l’APP : « La décision de la CENI nous paraît un peu arbitraire… »

(Crédit photo : anonyme)

Le communiqué de la CENI (commission électorale nationale indépendante) fixant la date des élections législatives et municipales en Mauritanie entre mi-septembre et mi-octobre 2013 suscite réactions au sein d la classe politique.

Nous avons rencontré Ladji Traoré. Secrétaire général de l’Alliance populaire progressiste (APP). Dans cet entretien, il a été aussi question de la guerre au Mali.

QDN : La CENI a rendu public un communiqué fixant la date des élections législatives et municipales dans la fourchette mi septembre, mi octobre 2013. Pensez-vous que toutes les conditions sont réunies pour la participation à ces scrutins ?
Le préalable a toute élection sérieuse, c’est le recensement de tous les électeurs. Depuis 2011, une opération d’enregistrement des citoyens et de leurs biens a été engagée. Jusqu’ici, cet enregistrement qui doit toucher les trois millions de mauritaniens, en est à deux millions. Les cartes d’identité ou d’enregistrement, comme ils disent, ne sont pas disponibles a ce jour. Les citoyens n’arrivent pas à disposer de leurs cartes d’identité, le recensement n’est pas terminé. Si dans ces conditions, la CENI, sans concertation sérieuse avec les acteurs politiques et sans enquêtes sérieuses sur l’avancement du recensement, fixe une date, ça nous paraît un peu arbitraire et un peu précipité. Par conséquent, nous n’avons aucune garantie par rapport d’abord au respect des délais et ensuite au récemment effectif de tous les citoyens qui ont le droit de voter. Il faut que tous ces citoyens soient recensés, aussi bien en zones urbaines qu’en zones rurales, c’est ça notre préalable.

QDN : Si le préalable du recensement est satisfait avant la date fixée par la CENI, allez-vous participer aux élections ?

Mais il y a beaucoup de si dans votre question. En matière d’élections, il ne doit pas y avoir beaucoup de si. Il y a des préalables indispensables et incontournables. Si le recensement n’est pas fait, nous ne sommes pas sur qu’il sera fait a cette date là, les élections n’auront pas de sens. Pour l’instant, je ne me prononce pas sur la participation ou non. Nous sommes dans la réalisation des préalables. Nous insistons pour que les préalables soient réalisés.
Ensuite, au niveau de l’APP, nous sommes entrain de rassembler l’ensemble des acteurs politiques pour la tenue d’un dialogue inclusif pour que le déroulement des élections soient analysé et que les conditions dans lesquelles elles vont se tenir soient acceptées par tous. C’est le préalable politique qui n’est pas encore réalisé. Il faut donc donner le temps au temps. Il faut que la CENI considère les acteurs politiques comme principaux concernés ; Le président Messoud a lancé une initiative pour éviter à la Mauritanie une crise pré ou post électorale. Si l’ensemble de la classe politique ne s’entend pas sur ce qu’il y a lieu de faire, les élections qu’elles aient lieu sur la base du recensement ou non, pourraient toujours être contestées et donner lieu a des conflits

QDN : Vous faites partie de l’opposition qui a participé au dialogue, qui a discuté les conditions de la mise en place de la CENI. Pendant que Messoud Ould Boulkheir, le président de l’AP et de l’assemblée nationale, se démène avec son initiative pour trouver un consensus entre les acteurs politiques pour que tous aillent aux élections, la CENI fixe la date des élections. Ne vous sentez vous pas un peu trahi, un peu poignardé dans le dos ?

Nous ne pensons pas que la CENI nous vise en tant que tel. Mais je dois vous signaler que l’APP fait partie de la coalition pour une alternance pacifique (CAP), l’APP fait partie du pole de l’opposition qui a participé au dialogue. Les journalistes parfois ne font pas attention. Le lendemain de ces assises déjà, notre parti a demandé à l’ensemble des acteurs politiques de la majorité, de la COD la participation a un dialogue inclusif portant sur les conditions de réalisation des résultats desdites assises. Nous n’étions pas dupes. Nous étions contre le « dégage, dégage ». Nous sommes pour le dialogue pacifique et nous ne sommes pas les seuls. Il faut tendre la main a tous les acteurs politiques pour résoudrai la crise car crise il y a.

QDN : Envisagez-vous des élections sans la participation de la COD ?

Mais je vous ai dit qu’au lendemain des négociations avec le pouvoir notre parti a publié un communiqué appelant l’ensemble des parties de la COD à la concertation. Le 11 février le président Messoud a lancé son appel au dialogue inclusif. Nous sommes dans ce processus. Nous n’avons pas encore tiré les leçons. Attendez que nous tirons les leçons de l’initiative de Messoud, en ce moment nous répondront.

QDN : Le président de la République rejetterait donc l’initiative de Messoud.
Je ne vous ai jamais dit ca. Le président Messoud a rencontré plusieurs fois le président de la République. Il lui a exposé son initiative. IL a exposé cette initiative aux autres acteurs politiques ; Après le dialogue inclusif, après discussion…nous nous prononcerons.

QDN : Vous attendez toujours la réponse du président de la République ?
Nous n’attendons pas sa réponse nous attendons les résultats qui seront issus du dialogue auquel l’UPR, parti au pouvoir, l’opposition et nous même participeront.

QDN : Un nouveau dialogue ne sera-t-il pas la remise en cause de celui qui a déjà eu lieu.

Nous autres mauritaniens, mêmes les journalistes ; nous tronquons la démocratie. Mais Pour nous à l’APP, la démocratie, c’est le dialogue. La politique c’est la confrontation ou le dialogue. Nous, nous avons choisi le dialogue sans préalable. Nous sommes contre ceux qui tirent les conclusions à l’avance en disant que ce dialogue ne donnera rien. Nous sommes optimistes sans verser dans la naïveté.

QDN : Le président de la République a déclaré récemment que la Mauritanie pourrait engager des troupes dans le nord du Mali dans une opération sous mandat des Nations Unies. Votre réaction
La Mauritanie partage avec le Mali plus de 2000 kilomètres de frontière. Nous avons toujours dit qu’il y a des mauritaniens dans AQMI, dans le MOUJAO. Nous partageons tout avec le Mali, y compris la menace terroriste. La Cote d’Ivoire ou le Burkina ne sont pas plus concernés que nous. La Mauritanie a déjà été victime d’attaques terroristes. Le terrorisme est une menace sous régionale qui concerne la Mauritanie. Il faut donc faire front commun. Le président de la République a déclaré que dans certaines conditions, la Mauritanie ira au combat contre les terroristes dans le nord du Mali. Nous nous en félicitons. Nous ne demandons pas plus. D’ailleurs en ce moment, des manouvres militaires impliquant la France, les États Unis… ont lieu en Mauritanie. Nous sommes donc déjà sur le front de guerre conte ce qui se passe au Mali. Nous nous félicitons donc de ce pas en avant du président de la République qui envisage ouvertement de participer dans le cadre d’une décision des nations Unie à la guerre au Mali contre les terroristes.

Propos recueillis par K. Diagana et SM. Salem

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 10/03/2013{jcomments on}

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