Nouvelles d’ailleurs : Règlements de compte à Ok Corral version bédouine….

(Crédit photo : Nathalie Duvarry)La Mauritanie des «Nous Z'Autres marcheurs» a repris l'arpentage des «goudrons Aziz». Sport plus que national que cette manie de marcher pour un oui ou pour un "nom".

 Cela dénote une propension sportive que nous ne soupçonnions pas; un vrai régal pour nos toubibs qui désespèrent devant notre apparente flemme et notre paresse. Le mauritanien, hormis les sportifs joyeux et alertes du stade olympique, n'est pas réputé pour son amour du sport et de toutes les gesticulations qui vont avec. Son terrain d'action favori se situerait plutôt sur le matelas, dans la contemplation rêveuse de ses doigts de pieds….
Nous Z'Autres avons inventé un concept très futé qui allie sport et entretien à la politique : pourquoi marcher idiot quand on peut marcher intelligent? CQFD…. On n'a toujours pas vu le moindre baril de pétrole nous rapporter quelque chose mais on a des idées!
En ce moment ça marche pour Bouamatou et Debagh. Et ça marche fort, avec entrain, détermination, slogans, accusations, banderoles.
L'opinion publique, en manque d'action depuis la grande gesticulation qui a suivi les tirs sur la personne de notre empereur, s'ennuyait ferme. Les conversations de salon n'avaient plus la moindre saveur : nous avions le choix entre l'initiative de Messaoud Ould Boulkheir et l'initiative de Messaoud Ould Boulkheir. Pas le moindre scandale croustillant à se mettre sous la babouche; que d'ennui en perspective.
Et voilà qu'après « On a tiré sur le Roi », on nous offre « Règlements de comptes à Ok Corral, version bédouine », remixée et revisitée par l'opinion publique.
Que je vous résume : au début, il y avait 3 cousins, 2 militaires, 1 homme d'affaire, un coup d'état, un président civil, un second coup d'état, des populations extatiques et de l'argent déversé à flot histoire de convaincre les Nous Z'Autres du bien fondé de choisir un des 2 cousins militaires.
Tout allait bien dans cette saga familiale et tribale, la solidarité « génétique » au service de la politique.
4 ans après, drame : les cousins se déchirent sur fonds de redressement fiscal avec, pour Scud et armes de destruction massive, les impôts, la GBM, les décaissements, les menaces, l'exil pour le cousin homme d'affaires, la fermeture d'entreprises….
Ben mon vieux… C'est la castagne, l'empoignade, la chasse au Bouamatou ouverte, tous les coups permis, même ceux qui étaient déjà permis et ceux que l'on n'a pas encore inventés.
Bouamatou I, Bouamatou II, Bouamatou III, Bouamatou IV, etc…. Mieux que la guerre des étoiles.
Assurances de la SNIM, aéroport de Nouakchott, Mauritanie Airways, GBM sont les titres.
Mais voilà, dans cette saga familiale où ne manquent des histoires d'amour et de trahisons féminines, soit j'ai perdu toute ma tête, soit je suis sourde, soit je suis aveugle (peut être tout ensemble) mais il me semble que j'ai raté un épisode : le tout début, la scène première, celle qui a vu les 2 cousins se désaimer. Et je me pose cette question : mais que s'est-il réellement passé entre le cousin « Aziz » et le cousin « Bouamatou », entre 4 murs, qui justifierait cette guerre et ce bras de fer?
Je pose la question à tous ceux que je connais, je fais chauffer mon téléphone (enrichissant par là mon opérateur téléphonique, faut bien qu'il y ait des hommes d'affaires heureux), demandant aux amis : « Dis donc beau gosse, est ce que tu peux me résumer le film Bouamatou I ? ». Et là j'ai droit à « il paraît que », « il semble que… », « On m'a dit que… », « La cousin de la belle soeur de la tante du mari de la soeur du frère de Y m'a dit que… »….. Mouais…. Ca ne fait pas avancer le schmilblick….Du moins, pas le mien. Le vôtre, vous en faites ce que vous voulez.
Bref : nous assistons aux représailles mais nous ne savons rien de l'étincelle qui a mis le feu aux poudres.
L'opinion publique aimant les histoires simples, à géométrie basique, à savoir : un bon / un méchant, un héros / un anti héros, nous refait un remake du « Le bon, la brute et le truand ».
Face à un Aziz supposé, dans cette affaire, être la brute, nous est offert « le bon », Bouamatou, à qui on accole un autre « bon », Ould Debagh, encabané depuis quelques jours pour mauvaise gestion dans l'affaire Mauritania Airways.
La dualité humaine dans toute sa splendeur : le Bien / le Mal…
Cela permet les indignations pieuses….
Et d'aller au cinéma….
Alors je m'en retourne au visionnage de Bouamatou V : un quatrième cousin, le président de la CUN, qui tente une médiation….
J'attends avec impatience le Bouamatou VI : le troisième cousin, Ely Ould Mohamed Vall, à son tour rejoint par la colère présidentielle….
Et, avec encore plus d'impatience, le Bouamatou VII: le désarroi de tous les potentiels investisseurs étrangers devant ce spectacle familio-familial…. L'intervention de l'ONU sera sûrement demandée…
Et, pendant ce temps, ça marche, ça marche….
Salut

Mariem mint DERWICH

Source  :  Le Calame le 21/02/2013{jcomments on}

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