Des djihadistes du Maghreb affluent en Syrie

(D'après de nombreux rapports, de jeunes djihadistes venus d'Afrique du Nord rejoignent les combattants syriens. Crédit photo : Aamir Qureshi / AFP)

Selon les experts, des milliers de jeunes maghrébins combattraient désormais en Syrie, luttant non pas en faveur d’un nouveau gouvernement démocratique mais pour un état islamiste.

A la suite du Printemps Arabe, nombre de jeunes maghrébins ont décidé de continuer le combat en prenant les armes et en rejoignant les djihadistes en Syrie.

Ces jeunes militants maghrébins se sont associés aux groupe d’opposition syriens cherchant à renverser le régime de Bachar al-Assad, et notamment à Jabhat al-Nusra, un groupe affilié à al-Qaida. Les combattants d’al-Qaida au Maghreb Islamique feraient partie des derniers arrivants sur le front en Syrie.

« Des jeunes venus de différents pays du Maghreb combattent aux côtés de ces groupes organisés en Syrie, » a confirmé Lies Boukraa, le directeur général du Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme (CAERT), basé à Alger.

« Ces jeunes sont essentiellement des membres de différents groupes djihadistes qui ont prêté allégeance à l’organisation mère al-Qaida et, selon la politique de cette dernière, tout pays témoin d’une guerre contre le régime au pouvoir est un terreau potentiel pour le djihad, » a expliqué Boukraa à Magharebia.

« Par conséquent, ces jeunes djihadistes doivent se joindre à ce djihad pour permettre à al-Qaida de réaliser ses objectifs, qui consistent à mettre en place un état islamique après la chute du régime existant, » a-t-il ajouté.

Boukraa a déclaré ne pas disposer de statistiques précises sur le nombre de jeunes maghrébins se trouvant en Syrie. Mais il a toutefois mis en garde contre les potentielles répercussions de la présence de combattants étrangers dans la Syrie d’après-guerre.

« En cas de chute du régime d’al-Assad, des problèmes apparaîtront en Syrie entre les groupes djihadistes qui veulent établir un régime islamique et l’opposition laïque, exactement comme cela s’est produit dans les autres pays après le renversement des régimes laïcs, au Maghreb et ailleurs, » a-t-il déclaré.

La presse a, dans de nombreux articles, parlé des combattants maghrébins en Syrie. En décembre, le journal El Khabar a rapporté que plusieurs d’entre eux avaient été tués lors d’un raid aérien syrien sur Idlib.

El Khabar avait cité la brigade Al Vourghan, qui lutte aux côtés de Jabhat al-Nusra, relatant qu’un Algérien connu sous le faux nom d’Abou Khaithama avait été tué dans un raid aérien lancé par des avions de combat syriens, et qu’au moins deux Algériens, huit Marocains et de nombreux Libyens y avaient également trouvé la mort.

Le journal algérien avait en outre dévoilé les noms de quelques-uns des combattants tués en Syrie aux côtés de Jabhat al-Nusra, un groupe affilié à al-Qaïda. Parmi ces djihadistes se seraient trouvé des Algériens, des Tunisiens, des Mauritaniens et un grand nombre de Libyens.

Dans le même temps, Kapitalis a publié dans son édition du 4 février une « liste préliminaire » contenant les noms de vingt-huit djihadistes tunisiens reconnus comme tombés au combat en Syrie.

« La présence de ces jeunes n’a rien d’inattendu si on prend en compte le fait que l’idéologie djihadiste ne reconnaît ni les frontières, ni les divisions politiques des états, » a expliqué le journaliste mauritanien Said Ould Habib. « Les terroristes suivent leur propre logique lorsqu’ils divisent les pays en terre de kufr, terre de djihad et terre d’Islam. Ils ont appelé la Syrie le Levant. »

« Les mouvements islamistes sont connus pour tirer profit des chaos armés qui secouent les pays au cours d’une révolution. Ils unissent temporairement leurs objectifs et leurs stratégies à ceux des révolutionnaires, » a ajouté Ould Habib.

Selon l’analyste, ces mouvements « révèlent leurs véritables intentions une fois la victoire acquise ».

« Ensuite, ils commencent à planifier la mise en place d’un état islamique car, à la base, ils rejettent la démocratie ainsi que les concepts de liberté et d’état civil, » a-t-il expliqué.

L’analyste a fait remarquer que certains combattants maghrébins en Syrie s’étaient infiltrés dans le pays depuis l’Irak, exploitant leur ancien réseau d’alliances.

Le 26 décembre, Arabi-press.com a rapporté des informations semblables, attestant de la présence dans le nord de la Syrie de nombreux combattants libyens venus de Benghazi, Derna, Zintan, et Misrata.

Ils représenteraient 40 % des combattants. Les plus importants d’entre eux sont Khalid al-Aqouri et Mehdi al-Harati, ancien commandant de la Brigade des martyrs de Tripoli en Libye et occupant désormais une fonction similaire en Syrie.

Nombre de combattants maghrébins se sont engagés dans le conflit syrien après y avoir été poussés par des imams radicaux. En août dernier, France 24 a rapporté que certains des combattants recevaient des recommandations d’ordre religieux de cheikhs salafistes du Maghreb bénissant le « précieux djihad en Syrie » et appelant à « soutenir » ceux qui combattaient.

Jemal Oumar

Source  :  Magharebia le 13/02/2013{jcomments on}

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