Sahel Bunkering met la clef sous le paillasson

(Moins de 2 ans après sa création, Shal Bunkering met la clé sous la porte. Crédit photo : anonyme)

Malheureusement nous avions raison ! La société soudano mauritanienne pour l’approvisionnement des navires en carburant (sahel Bunkering) va fermer ses portes au plus grand désarroi de la soixante d’employés jetés à la rue au moment ou ils croyaient avoir décroché un job stable.

D’ores et déjà les employés sont en chômage technique avant que la société n’annonce sa liquidation à la fin du mois. Ce dénouement malheureux intervient alors que les deux parties ne sont pas parvenues à un arrangement convenable et est consécutif à la chute brutale des ventes résultant du départ de la flotte des bateaux européens.
Ce fonctionnement éphémère est du fait que la société n’a pas été bâtie sur des bases saines et un partenariat autour d’un projet viable économiquement. Tout de suite Sahel Bunkering s’était distinguée par des pratiques peu orthodoxes et une protection politique incompréhensible qui font que ses pratiques commerciales s’assimilaient plus à de la flibusterie qu’à une logique économique. Mais est ce là le sort de tous les investissements soudanais en Mauritanie ? C’est ce que l’on est tenté de croire après les déboires de Chinguitel et de l’usine de production de sucre de Voum Gleita.
Créée il y a moins de deux ans, Sahel Bunkering, son capital est détenu à hauteur de 34% par l’Etat mauritanien, 15% sont détenus par trois députés dont le sulfureux député de Tichit qui a trempé dans d’autres scandales comme l’hémodialyse et le centre d’oncologie, Bouya Ahmed Ould Chrif, l’Etat soudanais par le biais de la SPPHC (Sudanese Petroleum Pipelines Holding Company) détenant 36% et les 15 % restant détenus par de mystérieux investisseurs soudanais représentés par un ex général, et d’aucun pensent qu’ils ne s’agit ni plus moins que de proches du président soudanais Omar Hassan El Bechir ces même 15% dont on dit qu’ils auraient été cédés au banquier Isselmou Ould Tajedine. Comme nous l’avions déjà écrit, l’attribution de la licence à cette société est illégale dès lors que le décret modifiant certaines dispositions du Décret n°2005-024 PM/MF/MHE du 14 Mars 2005 fixant les conditions d’exercice des activités d’importation, d’exportation, de raffinage, de reprise en raffinerie, en stockage, d’enfûtage, de transport et de commercialisation des hydrocarbures fixe en son article 49 bis : « Toute entreprise envisageant d’exercer une activité de distribution d’hydrocarbures raffinés aux fins d’avitaillement maritime… devra avoir une expérience avérée dans l’avitaillement de navires en mer » Ce qui n’était pas évidemment le cas de Sahel Bunkering qui est une création récente. Aussi cette entreprise était une véritable aubaine pour ses actionnaires car elle était basée sur un racket pur et simple des bateaux évoluant dans les eaux mauritaniennes. En effet, en sous traitant l’exploitation de ce monopole obtenu haut la main, Sahel Bunkering ne faisait qu’encaisser de l’argent que d’autre ont gagné en travaillant et ce sans fournir le moindre service en contrepartie. Sans chercher à se fatiguer, Sahel Bunkerin avait fait appel à la société lettonne Timwell bunkering qui procédait à sa place à l’avitaillement des navires. Bien entendu avant l’arrivée de cette société, les prix qui étaient pratiqués par les autres opérateurs sont ceux de Las Palmas Plus 25 à 30 dollars Us par TM (Tonne métrique). Aussitôt, Sahel Bunkering les fixe à, Las Palmas plus 40 dollars. Sachant que le poste de carburant et lubrifiants représente de 35 à 40% des coûts d’exploitation des navires on comprend aisément le surcoût payé par les armateurs et surtout les bénéfices faramineux engrangés par Sahel Bunkering. Et pour montrer encore sa toute puissance, SB était passé outre un accord conclu avec les armateurs sous la houlette du Secrétaire général du Ministère des Pêches M. Hamoud Ould Bouasria et regroupant Cheikh Ould Horma, Moulaye Zein Ahmed Cherif et Mohamed Lemine Ould Ahmedou Cherif représentant Sahel Bunkering d’une part et d’autre part des armateurs regroupés autours du président de la FNP (Fédération Nationale de Pêche) M. Mohamed Ould El Jeilani et qui s’était accordée pour fixer d’un commun accord des prix de l’IFO 30, le principal carburant utilisé par les bateaux en Mauritanie. Sur le PV de cette réunion le prix avait été fixé au prix de référence de Las Palmas plus 40 dollars. Lorsqu’au début de l’année Timwell sans avertissement se mit à appliquer Las Palmas plus 70 dollars la FNP écrivit au Ministre du Pétrole de l’Energie et des Mines Taleb Ould Abdi Vall qui réagit en écrivant le 11 janvier 2012 au président du CA de Sahel Bunkering pour lui demander de « continuer les livraisons conformément aux accords en vigueur avec les opérateurs de pêche » et ce en attendant la structure des prix en cours d’élaboration par les services techniques du ministère. Le même jour Sahel bunkering avait répondu par un courrier du même jour signé par son directeur général Mouhiye Dine Mohamed Dafala dans lequel il accuse réception du courrier du ministre et « prend acte de son instruction relative à la continuation des livraisons conformément aux accords en vigueur avec les opérateurs de pêche » Mieux il s’engage à prendre en considération ces prix à partir du 1er janvier 2012. Et sans se gêner le moins du monde, le même Mohiedine Mohamed Dafallah écrit le même jour à Oleg Tararin directeur générale de Timwell, la société sous traitante pour lui demander de continuer à appliquer Las Palmas plus 70 dollars !!! Pris à la gorge, les armateurs n’avaient d’autres choix que de se soumettre au diktat de S.B. surtout que derrière elle on sentait l’ombre de l’omniprésent Colonel Cheikh Ould Baya qui menaçait de ses foudres les bateaux récalcitrants. Personne n’osait s’opposer à lui car il détenait le pouvoir et il ne s’en cache guère de mettre sur la paille n’importe quel armateur. Face à ce monopole outranciers et ces pratiques d’un autre siècle, plusieurs navires auraient renoncé aux eaux mauritaniennes préférant aller au Sénégal voisin malgré la rareté des poissons chez lui. Aujourd’hui, Sahel Bunkering a déjà vendu plus, 300 000TM fois 40 dollars soit un gain de plus 12 millions de dollars US de bénéfices net. Mais était ce l’objectif ? L’état comprendra –t-il cette fois que le secteur public doit se consacrer çà ses taches régaliennes et qui sont nombreuse et laisser au secteur privée ce qui est du domaine du prive mais rien ne l’empêche d’exercer son contrôle et sa régulation comme bon lui semble.

B.C

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 27/12/2012{jcomments on}

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