Kass Kronik :Les armes de la colère

(Ibrahima Athié. Crédit photo : Kassataya)

La tuerie dans une école primaire du Connecticut vendredi dernier indigne les Etats-Unis et le monde entier. Un carnage de plus car ce genre de drames est hélas d’une telle banalité outre -atlantique que le terme « mass murderer », c’est-à-dire tueur de masse, fait partie là bas du langage courant.

Et si cette fois-ci l’émotion que suscite cette tragédie est particulière c’est « seulement » parce que les victimes sont en majorité des enfants.

Nul ne peut, aux States ou ailleurs, instaurer une sécurité qui éliminerait définitivement le risque d’un tueur fou. Mais on ne devrait pas non plus lui faciliter la tâche et on a du mal à comprendre comment cette puissance économique, militaire et démocratique qui aime tant donner des leçons au reste du monde peut tolérer autant d’armes en circulation.

Ceux qui défendent mordicus le port d’armes- on peut s’en procurer aussi vite qu’en achetant un paquet de cigarettes ou de bonbons-se cachent derrière le second amendement de la constitution américaine qui l’autorise. Mais la liberté, quelle qu’elle soit, ne doit-elle pas être canalisée pour éviter l’anarchie ? Cette loi date 1791 et depuis les temps ont changé, les mentalités devraient l’être aussi. Nous ne sommes plus au temps du Far West et pourtant beaucoup jouent encore aux cow-boys et aux Lucky Lucke. Mais celui-ci, en véritable redresseur de torts, s’en prenait aux brigands et non aux innocents.

Alors après cette énième boucherie, les choses vont-elle changer ? Rien n’est sûr. Au-delà de la position de la NRA, le puissant lobby pro armes, c’est la société américaine dans sa totalité qui doit se remettre en cause. Paradoxalement beaucoup s’appuient sur ce genre de tragédies pour justifier la nécessité de s’armer pour leur protection personnelle ainsi que celle de leur famille. Pis encore non loin de la scène de crime récent, des passionnés d’armes à feu continuent à s’entraîner dans un champ de tir alors que le pays est censé être en deuil ! Et leur argument reste le même : le problème, expliquent-ils, ce ne sont pas les armes mais plutôt ceux qui les utilisent.

Pour mettre fin à cette spirale infernale, les regards se tournent vers les politiques de tous bords. Mais ces derniers, soucieux de leurs propres intérêts électoralistes, rechignent à aller au contre-courant de la position de la majorité de leurs concitoyens favorables à la libre circulation des armes. Mais pour le bien-être du peuple, un homme d’Etat doit avoir le courage de prendre des décisions aussi difficiles soient-elles. Alors le visage tendu d’Obama et les larmes qu’il a versées suite à la tragédie ne suffisent guère : il doit susciter le débat et surtout agir.

Ibrahima Athie

(Chronique de l’émission  » le débrieff de l’actu » du dimanche 16/12/2012. Le « débrieff de l’actu », tous les dimanche dès 22H00 heure de Paris, 21 H00 GMT sur www.kassataya.com)

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page