B’ il a dit : Al Wiam:Deux communiqués pour un événement?

(Crédit photo : anonyme)

Le parti Al Wiam, la formation politique dirigée par le leader haratine, Boidjel Ould Homeïd, et qui appartient à la Coalition pour alternance pacifique (CAP), a comme tous les autres partis mauritaniens réagi à l’incident qui est survenu samedi soir au président Aziz. Avec une différence, Al Wiam a sorti deux communiqués !

Le premier était signé par son responsable de la communication. Il était plus long et dépassait largement la compassion au soutien inconditionnel au chef de l’Etat. Une position difficilement acceptable d’une formation qui se réclame de l’opposition.
Le second communiqué, pondéré, portait la signature de la présidence du parti. C’est apparemment celui là qui est désormais officiel et qui reflète la position du parti.
Selon un responsable de ce parti, cité par le site d’information en ligne Tawary, il ne s’agissait pas d’une contradiction mais juste d’une simple erreur de coordination et que c’est bien le dernier communiqué qui fait foi.
Notons que Boidjel Ould Homeïd est présenté comme étant très pressé, par les temps qui courent, à trouver n’importe quel compromis avec le président Aziz, espérant que cela lui ouvrirait les portes de la participation dans la gestion du pays. Il parait avoir la nostalgie des grands postes gouvernementaux, lui qui s’est longtemps habitué à toutes les formes de grasses prébendes de la République.
On signale toutefois que certains de ses collaborateurs ou partenaires au sein d’Al Wiam ne partagent pas la même vision que lui et demeurent sceptiques quant à la possibilité d’aboutir à un résultat positif avec Aziz.
Même attitude chez son partenaire au sein de la CAP, Messaoud Ould Boulkheïr, qui milite ardemment, dans le cadre de sa fameuse initiative, pour la formation d’un gouvernement d’union nationale qui aura pour mission de préparer les consultations électorales en vue. Une perspective qui ne semble pas plaire à Ould Homeïd qui chercherait à engranger, exclusivement, les dividendes du dialogue déjà tenu avec Aziz.

Gouvernement : Piètre communication

Le pouvoir en Mauritanie, ou ce qui en reste après l’épreuve présidentielle, comprend qu’il doit communiquer sur la situation, mais ne sait pas comment. A tel point qu’il commet bourdes sur bourdes, sans s’en rendre compte. Il ne suffit pas de trop parler au risque de dire n’importe quoi…
Certes, la volonté du pouvoir est claire, pour combler ainsi le vide afin d’éviter que la confusion ne s’installe au sein l’opinion. C’est dans ce cadre qu’on s’est précipité à faire intervenir le ministre de l’information dans les médias publics pour expliquer que le président était simplement touché à la main, victime d’un tir par erreur d’une unité de l’armée nationale.
Là, on a failli à la première règle de la communication : éviter le mensonge et ne dire que la vérité. Mais, on peut ne pas tout dire ou dire juste le minimum pour occulter le reste et au finish paraître crédible. Ce qui n’a pas été le cas l’autre soir par rapport à l’état de santé du président.
Au moment où le président subissait une opération pour extraire une balle logée dans une partie de son corps et que sa situation nécessitait une hospitalisation et même une évacuation à l’étranger, on laissait entrevoir l’éventualité de sa rentrée rapide, cette nuit là, chez lui, à la maison.
A partir de là, le pouvoir avait perdu la bataille de la communication et tout le monde commençait à mettre en cause sa version. Même la thèse du tir ami continue de susciter toutes les interrogations, ce qui a ouvert la voie à toutes les supputations.
Normal. Tant il était, en effet, difficile d’accepter le fait que le président soit opéré et évacué à l’étranger et de continuer de soutenir que rien ne s’était passé et qu’il, en même temps, s’agissait d’un incident banal.
Mais qui a pris la décision de faire parler le ministre de la Communication ? Avait-il reçu les instructions du PM ou du chef d’état major, les deux hommes en vue, ce soir-là ?
Deuxième erreur de communication : faire parler le président couché sur son lit d’opération ! On n’a jamais vu dans le monde une personnalité parler à l’opinion dans une telle posture. C’était comme si on cherchait à convaincre l’opinion qu’il souffrait et qu’il était très malade. Ou qu’il a survécu quand même. Piètre consolation. Et piètre communication.
Même après son hospitalisation en France, on continue de faire les mêmes erreurs sur la santé du président. Au lieu de nous proposer un bulletin produit par l’équipe qui l’a pris en charge l’hôpital Percy-Clamart, on s’arrange à laisser échapper quelques indiscrétions du médecin mauritanien aux sites et organes de presse nationaux. Il semble que ce n’est même pas lui qui avait pris l’initiative de parler, mais une personne officielle proche familialement du président et qui est en poste en Europe.
Cette ‘’fuite’’ était d’autant plus inopportune qu’elle avait mentionné que le président ne subira pas une nouvelle opération. Etant donné que personne n’évoquait cette perspective, beaucoup de gens avaient lu ses informations à l’envers. C‘est-à-dire qu’il a été opéré et qu’il fera encore plus de temps pour revenir au pays…

COD/UPR : Polémique sur fond de vacance… de pouvoir

Entre l’Union pour la République (UPR) et la Coordination de l’Opposition (COD), les relations n’ont jamais été au beau fixe. Même si toutes les formations du pays observent, ces jours-ci, une trêve dans la lutte politique, les deux bords de l’échiquier n’ont pas réussi à taire les divergences et continuent de se battre à travers la presse.
Dans une déclaration faite à Saharamedias, le vice-président de Tawassoul et permanent de la COD, Salek Ould Sidi Mahmoud, a expliqué que l’appel de l’UPR à la tenue des élections, quelques heures seulement après le départ du président pour des soins à l’extérieur, est tout simplement ‘’irresponsable’’.
Il poursuit, ‘’les auteurs de cet appel se foutent de la santé du président et de la marche du pays, car le pays connait un vide constitutionnel dont on ne peut pas prévoir la fin’’. ‘’L’état de la santé du président rappelle à la compassion, sans parler de la fragilité de la situation sécuritaire, économique et sociale du pays’’, a-t-il ajouté avant de dire ‘’qu’à ce moment là, intervient l’appel satanique pour la tenue des élections’’.
La réplique de l’UPR ne s’est pas fait attendre. Sur la voix de son porte-parole, Moctar Ould Abdallah, il s’est attaqué à Ould Sidi Mahmoud, en expliquant que ses déclarations constituent ‘’la preuve de la fragilité de la cohésion au sein des membres de la COD qui avaient annoncé le jour d’avant le gel de toutes leurs actions de protestation’’.
Il a accusé le vice-président de Tawassoul de ‘’renverser les réalités’’ lorsqu’il avait évoqué leur appel à l’organisation des élections qui avait précédé, selon lui, l’incident dont a été victime le président.
Pourtant, un autre membre notoire de la majorité et avant cela du camp de rectification, le député Ould kharchi, avait salué la position de la COD vis-à-vis de ce qui est arrivé au président et a appelé à l’ouverture d’un nouveau dialogue entre les différents acteurs politiques en vue de renforcer la cohésion nationale.
On est bien tenté enclin à souligner ces déclarations malvenues de l’UPR, au moment où le président de la République est en débat entre la vie et la mort, dans un hôpital parisien.
On ne sait pas qui inspire la déclaration de l’UPR, en l’absence de Mohamed Ould Abdel Aziz. On n’a pas vraiment beaucoup de choix, si on sait que le président de l’UPR est tout simplement l’homme, le protégé, du général Ghazouani. Le chef d’Etat Major national, homme fort, temporairement du pays. Qui, selon certains, ne s’empêcherait pas d’utiliser la carte du parti de la majorité et de l’administration, le moment venu. Ce menu venu est lorgné par tout le monde. La C.O. D aussi affûte ses couteaux et attend de pouvoir exiger le constat d’une vacance de pouvoir, si Mohamed Ould Abdel Aziz devait s’éterniser quelque temps encore dans l’hôpital militaire Percy-Clamart.
Ghazouani serait bien tenté de marquer son territoire et influer sur l’unique appareil politique mobilisable pour quelque dessein ou velléité probable. En héritier d’Ould Abdel Aziz, il a, en plus de cet outil politique, sa position centrale au sein de la grande muette.

B‘…

Source  :  Biladi le 18/10/2012{jcomments on}

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