Le président Mohamed Ould Abdel Aziz, touché par balle samedi dans la soirée, a été évacué dimanche en France pour y subir des soins et où il devrait être admis au sein de l’Hôpital d’instruction des armées Percy de CLAMART dans le 92. Officiellement, il est question de blessure légère occasionnée par une balle tiré par erreur par une unité militaire de l’armée nationale.
Mais les mauritaniens se posent des questions sur les circonstances de cette affaire et sur l’Etat de santé de leur président.Quelques minutes avant de prendre l’avion pour la France, le président de la République est apparu à la télévision nationale (TVM). Tout de blanc vêtu, il était allongé sur son lit d’hôpital. Seul sa tête et son bras gauche étaient découverts. Le reste du corps, couvert de draps blancs. « Je veux, à travers ce mot, tranquilliser tous les citoyens mauritaniens. Je les rassure que l’opération qui m’a été faite hier (samedi) soir a été un succès grâce à l’efficacité de l’équipe médicale qui l’a menée » a déclaré Mohamed Oud Abdel Aziz.
Une blessure légère n’aurait pas nécessité une évacuation vers la France, se disent les mauritaniens. Les propos du ministre de la communication, quelques heures après « l’incident » c’était, semble-t-il, plus pour rassurer à un moment ou les mauritaniens s’interrogeaient sur la vie, sur l’Etat de santé de leur président. Toujours pour rassurer, sur l’agence mauritanienne d’information, l’organe officielle, on pouvait lire « – Le Président de la République est sain et sauf. Il se trouve en bonne santé à l’hôpital militaire de Nouakchott. » Les mauritaniens se sont sentis un peu plus rassurés quand Mohamed Ould Abdel Aziz lui-même s’est adressé à eux sur à la télévision nationale avant de s’envoler pour la France.
Toujours à la TVM avant son départ pour la France, le chef de l’Etat a repris la version officielle du tir par erreur. Il a parlé « d’un incident commis par erreur par une unité de l’armée sur une piste non goudronnée dans les environs de la localité de Tweila (40 km de Nouakchott).»
Il faut rappeler que tout a commencé samedi dans la soirée. La nouvelle du président touché par balle s’est répandue à Nouakchott comme une traînée de poudre. Des centaines de personnes se sont dirigés vers l’hôpital militaire situé dans la périphérie de la ville où le président suivait des soins. Quelques heures après, le ministre de la communication déclare à la télévision nationale que Ould Abdel Aziz est légèrement blessé et que c’est une unité de l’armée nationale qui a tiré sur lui par erreur à 40 kilomètres de Nouakchott.
Cette version officielle d’un tir provenant par erreur d’une unité de l’armée nationale, suscite une certaine perplexité et est sources de beaucoup d’interrogations.
Comment des militaires en service peuvent-ils ignorer le passage du président de la République sur les lieux où ils sont postés ? Comment le président de la République, ex général de l’armée, un président qui se déplace toujours avec une sécurité renforcée, avec vitres blindés ; comment peut-il se faire tirer dessus aussi facilement ? Que faisait-il à cet endroit, à cette heure ? Avec qui il était ? Ce sont, entre autres, les questions que se posent les mauritaniens. Des mauritaniens qui trouvent donc la version de l’erreur un peu facile. En tout état de cause ils ont été des centaines à faire le pied de grue et à veiller toute la nuit dans les environs de l’hôpital militaire de Nouakchott. Tous les membres du gouvernement et les principaux chefs militaires se sont eux aussi rendus aux chevets du président. Il y avait là aussi ses sœurs et ses amis et parents venus eux aussi aux nouvelles. Cependant seuls le Chef D’Etat Major et le Premier Ministre ont eu accès à lui.
Khalilou Diagana
Source : Le Quotidien de Nouakchott le 15/10/2012{jcomments on}
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