Séminaire à Nouakchott sur le blanchiment d’argent

(Un groupe d'experts se penche sur les dangers des transactions financières illicites et sur les moyens de les mettre à jour. Crédit photo : Bakary Guèye / Magharebia)

Un groupe d’experts économiques et de responsables financiers s’est récemment réuni à Nouakchott pour parler des instruments légaux et des stratégies globales permettant de lutter contre le blanchiment d’argent.

« La Mauritanie est très préoccupée par la mondialisation et les problèmes socio-économiques, qui ont tous un impact très fort sur les pays, et par des dangers tels que les trafics clandestins, le détournement et le blanchiment d’argent », a déclaré le gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie (BCM) Sid Ahmed Ould Raiss lors de cette réunion organisée le 23 septembre par la Commission d’analyses et d’informations financières (CANIF).

Il a ajouté que le gouvernement mauritanien avait renforcé les mesures visant les auteurs des violations et mis en oeuvre les lois visant le trafic de drogue, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Il a également déclaré que la Mauritanie adhérait aux conventions internationales, comme la Convention de Vienne contre le trafic illicite de substances narcotiques et la Convention de Palerme contre le crime transnational organisé.

Par ailleurs, le conseiller de l’Office des Nations unies de lutte contre la drogue et le crime Ludovic d’Hoore a parlé des dangers que représente la criminalité transcontinentale pour le développement et la stabilité. Il a parlé des efforts de son institution pour éradiquer ce problème et venir en aide aux pays et aux organisations actives dans la lutte contre les réseaux de blanchiment d’argent.

Ce phénomène, a-t-il ajouté, doit être clairement évalué, afin que la communauté internationale puisse combiner ses forces pour y mettre fin.

Selon le spécialiste du droit Dop Abdul Kader, la Mauritanie est « aux avant-postes du problème du blanchiment d’argent ».

La criminalité est en hausse, a-t-il mis en garde. « Le port de Nouadhibou est récemment devenu un point de transbordement de la cocaïne en provenance d’Amérique latine et à destination du marché européen. Le nombre de personnes chargées de la surveillance est insuffisant, et elles ne sont pas formées en conséquence », a-t-il ajouté.

« La Mauritanie possède le bon système législatif et réglementaire pour lutter contre ces problèmes : la loi sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (2005-48) a été adoptée le 27 juillet 2005, mais les autorités (police, justice, douanes) ont été privées pendant trop longtemps des outils normatifs et structurels suffisants, et ne sont donc pas pleinement opérationnelles », a commenté Abdul Kader.

Cet expert a indiqué que la Mauritanie avait créé une « commission interministérielle ad hoc présidée par la BCM », composée de représentants des ministères de l’Intérieur, de la Justice et de la Défense, ainsi que des douanes, de la gendarmerie et de conseillers auprès du gouverneur de la BCM.

« La mission de cette commission consiste à élaborer toutes les dispositions juridiques relatives à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, à définir une stratégie pour le futur et à coordonner la mise en place des futures structures opérationnelles. Cette commission est également chargée d’identifier les secteurs dans lesquels une aide extérieure pourrait s’avérer nécessaire », a précisé Abdul Kader.

Il a appelé à la mise en place d’une « stratégie globale » pour lutter contre ce phénomène.

Pour lutter contre les transactions financières illicites, la Mauritanie a instauré la CANIF.

« Grâce à elle, de nombreux anciens responsables des finances, ainsi que des employés de la CANIF, du département du Trésor, des douanes, de la police, de la gendarmerie et de la justice bénéficient régulièrement d’une formation et peuvent se familiariser avec la question du blanchiment d’argent », a déclaré Ba Mohamed, ancien responsable de la BCM.

Les banques jouent un rôle spécial dans la lutte contre le blanchiment d’argent, selon l’économiste Ahmed Ould Moktar. Elles « devraient collecter suffisamment d’informations sur leurs clients pour assurer que les opérations et les transactions qu’elles effectuent pour leur compte n’ont rien à voir avec le blanchiment d’argent ni toute autre activité illégale », a-t-il déclaré.

Bakari Gueye

Source  :  Magharebia le 05/10/2012{jcomments on}

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