MAURITANIE PECHE : Ce que dit l’accord avec l’Union Européenne

(Crédit photo : Christian Aslund / Greenpeace)

Le protocole de Pêche signé entre la République Islamique de Mauritanie et l’Union Européenne a fait couler beaucoup d’encre.

Signé il y a deux ans, et soutenu par la société civile et toute les fédérations de pêche mauritanienne, les acteurs ont jugé utile de revenir sur ses grands axes. Selon un communiqué dont copie nous est parvenu et signé par Cheikh BAYA, , explique ce que dit cet accord.

« La nouvelle dynamique en Europe pour une pêche durable, qui a coïncidé avec la nouvelle volonté politique en RIM, qui tend vers ce même objectif, ont grandement facilité la tache des négociateurs. L’enjeu est de taille car il s’agissait pour la Mauritanie de mieux gérer sa seule ressource renouvelable et pour l’Europe de préserver la dernière zone de pêche dans sa proximité. C’est ainsi qu’en avril 2011, bien avant le début des négociations, les Autorités mauritaniennes ont chargé une commission d’experts de faire l’évaluation des accords de pêche passés. Cette dernière a remis vers la mi-mai un rapport qui recommandait entre autres, de « Réserver aux pêcheurs nationaux les céphalopodes et les poissons démersaux à l’exception des crustacés et du merlu pour renforcer la position de la SMCP concurrencée par les européens avec nos propres ressources … » Presque simultanément le parlement européen votait son historique résolution sur la Mauritanie qui disait en substance que l’accord « a contribué à une surexploitation de certaines ressources, en particulier pour le poulpe, réduisant ainsi les possibilités de pêche des petits pêcheurs mauritaniens et donnant un avantage concurrentiel à l’industrie de l’Union, en raison de l’accès subventionné dont bénéficient les navires de l’Union européenne ». La résolution insiste dès lors pour que « tout accès à la pêche dans les eaux mauritaniennes pour les navires battant pavillon d’un État membre de l’Union européenne soit fondé sur le principe des stocks excédentaires », explique-t-il.

Aussi, selon M. Baya, beaucoup confondent les termes armateurs et consignataires, à tel point que les derniers se prennent parfois pour les premiers, alors qu’ils ne sont que leurs simples agents. Les consignataires doivent leur fortune, contrairement aux armateurs, non pas à un investissement mais à un agrément du MPEM.

Par ailleurs, selon lui, la pêche industrielle compte officiellement environ 5000 marins embarqués dont plus de 50% d’emplois fictifs dont beaucoup n’ont même jamais la mer et qui sont il est vrai facturés à l’armateur. Les consignataires du pélagique particulièrement, savent bien de quoi je parle. Tout au plus, les bateaux « licences libres »incapables de respecter les mêmes conditions que les européens, ont débarqué effectivement quelques centaines de marins. Il est vrai également que ces chalutiers, contrairement à ceux de l’UE ne sont pas subventionnés, mais sans la clause de non discrimination, le Protocole n’allait pas être signé par Bruxelles. De toute façon, si ces navires ne reviennent pas, les emplois perdus, seraient alors compensés par les 60% de marins à bord des navires européens. Mais cette fois, les emplois fictifs seront plus difficiles à récupérer et c’est peut-être ce qui a fait le plus de bruit à Nouadhibou, ces derniers temps.

Expliquant la compensation financière, il estime que les 67 millions d’euros ne sont qu’un minimum à payer pour accéder à une zone de pêche aussi riche, si proche du marché de destination africain et située aux portes de l’Europe.

« Le Protocole présente, à l’image de tous les protocoles, des contraintes pour les deux parties, dont certaines partagées, comme la préservation de la ressource pour une pêche durable, mais dans l’ensemble il est gagnant-gagnant. Ce protocole est donc solide et bien assis car il reflète la volonté de toute une nation de rompre avec un passé proche, où on pouvait obtenir, moyennant des « raccourcis », ce qu’on voulait en Mauritanie. Tout le monde se souvient encore d’une certaine negociation(…) Certains armateurs et états membres européens ont fait beaucoup de lobbying contre le Protocole, afin pensent-ils, de renégocier pour de meilleurs profits », dit-il.

Source  :  Réussir Business le 25/09/2012

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