Les sept têtes de l’exécutif

(Crédit photo : anonyme)

{jcomments on}Les colonnes des journaux de cette semaine et les manchettes des sites d’information nous servent des titres peu flatteurs sur le fonctionnement de notre exécutif.

Nous qui croyions que le général devenu civil était un Napoléon en puissance (les campagnes d’Italie et d’Egypte en moins, mais à la place nous avons deux coups d’Etat) qui tenaient bien son écurie. Que pardi ! Selon nos confrères de la presse nationale qui révèlent au grand jour ce que toute la Mauritanie soupçonnait déjà depuis toujours, nous sommes gouvernés par un exécutif éclaté. Le gouvernement que nous voyons, n’est qu’un décorum, souffre-douleur hebdomadaire du chef visible. Le Premier ministre, n’est que la sentinelle-écran qui cache une forêt de PM bis, à telle enseigne qu’il lui arrive souvent d’oublier qu’il est Premier ministre et non pas un vulgaire « collaborateur » à qui l’on confie souvent de petites commissions ou auquel n’importe qui dans le sérail du « chef » pouvait donner des ordres.

En fait, nous disent nos confrères qui ont traité cette information, le Dircab est un chef de l’exécutif en puissance. Il fait des hommes et défait des carrières. Il snobe tout le monde et cherche la tête du Premier des collaborateurs du chef de l’Etat et ne ménage aucun effort pour le faire couler. L’un des conseillers, en l’occurrence celui en charge des affaires administratives et juridiques au palais, est lui aussi un chef, nous révèlent nos confrères. Il cherche probablement à avoir la tête des deux plus puissants fonctionnaires les plus proches du chef, afin de pouvoir rester seul dans l’arène et propulser un homme à lui qui pourrait lui faire la pluie et le beau temps.

Les amis civils du « Président », eux aussi, sont un gouvernement à part. Chacun d’entre eux s’est taillé une portion de la souveraineté nationale qu’il gère à sa manière. Qui l’état civil, qui les accords de pêche, qui les permis de recherche et qui d’autre les juteuses relations avec les opérateurs dans le domaine minier. Et qui d’autre encore avec les investisseurs nantis qui sortent, si ce n’est du Soudan, des palais du Golfe et des lointaines îles que personne ne connait ! Et qui d’autres encore, les très nombreux marchés de fournitures auprès de l’Etat.

Protocolairement après ceux-ci, viennent la parentèle et les courtisans du Président et de sa Première Dame, disent ces confrères. Là aussi, selon eux, c’est une portion invisible de la souveraineté nationale qui se gère au gré des humeurs et du degré de parenté avec le Président ou sa famille. C’est le royaume du trafic d’influences et tout ce qu’il engendre comme privilèges indus et passe-droits handicapant l’administration et pourrissant le bon fonctionnement des affaires publiques. Mais, la clientèle du chef doit être bien servie à travers sa parentèle, non ?

Tous ses pouvoirs, selon nos confrères, ne seraient absolument rien, si l’on voyait la portion d’autorité que se taillent les généraux, compagnons de Napoléon. Ceux qui ont fait avec lui les illustres campagnes d’Août et d’autres coups encore, bien avant ceux-là. Les compagnons d’armes, eux aussi, servent en se servant allègrement. Sous le drapeau, ils pillent, s’enrichissent, placent les cousins, les petits neveux, les copines et les amies des copines ainsi que les petits amis des conjointes, ainsi de suite. Au repos, c’est la fructification des capitaux amassés, la gestion des sociétés de coordination des milices et d’autres activités encore !

A la fin, nous ne savons plus dans quel Etat nous sommes. Tout disparaît et fout le camp. Les sept têtes du serpent que l’on appelle l’exécutif s’entredévorent alors que le Sherpa est de plus en plus mis en cage. De la réalité de son pouvoir, il ne semble rien connaître. Du pays, il ne perçoit que des images et des appréhensions erronées. Ainsi s’est éteint Napoléon, et c’est ainsi que ce sont éteinte tous les Napoléon. Sans crier gare !

Amar Ould Béjà

Source  :  L’Authentique le 30/08/2012

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