Lemgheity, baigne dans un ilot de pauvreté

(La gazra de Lemgheity, ilôt de pauvreté. Crédit photo : Le Rénovateur)

Malgré une prétendue richesse de la Mauritanie, les pauvres continuent de courir les rues du pays.Pourtant le président des «pauvres» est formel :«Je ne vois pas de situation catastrophique dans le pays».Les habitants du quartier de Lemgheity, une Gazra de Dar Naïm ne partageront pas cette déclaration qui tombe dans des ventres affamés.

En ce mois de ramadan les enfants de ces habitations d’infortune jouent sur le sable fin de la gazra de Lemgheity et se faufilent comme de petits diables entre les différentes baraques. Les Jeux Olympiques de Londres 2012 obligent, c’est l’actualité sportive du moment. Et les vocations sont en train de naître. Sauf que le manque d’infrastructures sportives finit toujours par tuer les passions juvéniles. Sur un petit mur à côté de la petite mosquée du coin, Sid’Ahmed un gamin respirant l’innocence, s’exerce aux plongeons dans le sable : il monte le mur et plonge dans sa « piscine » sablonneuse simulée . L’enfant est, en fait, imite les plongeurs professionnels dans une piscine olympique. A quelques encablures de cet enfant « olympien » face à la pauvreté, une jeune femme à la beauté masquée par le manque d’hygiène corporelle due à un déficit d’eau dans la gazra fit son apparition. Son témoignage en dit long sur la vie dans ce taudis : «Les charretiers, qui vendent de l’eau, ne viennent que rarement dans nos murs. Car il n’est pas du tout facile de rallier cette gazra de Lemgheity, je vous avoue. Même les voitures ont du mal à se frayer un chemin». Malheureusement, la difficulté n’est pas que routière pour elle et les autres habitants.
Un seul WC pour toute une Gazra
Dans cet endroit où la misère étale ses bras, disposer de toilettes salubres est un luxe. Il n’existe qu’une seule adresse appelée WC pour parer au plus pressé, sinon il faut utiliser le système D. ceux qui veulent échapper aux regards doivent prendre leur mal en patience car la queue est souvent longue pour une seule toilette de fortune sans eau ni installations adéquates. Un foyer où les germes trouvent un terrain propice pour se développer. Pour des populations qui se soucient de gagner leur pain quotidien les latrines modernes sont encore un rêve moins urgent que le reste des besoins vitaux ! Ils en ont besoin pourtant, car la santé n’a pas de prix.
La psychose des incendies
Dans ces ilots de misère, les incendies n’avertissent pas. Et quand survient tout vole en fumée pourvu que les vies humaines échappent aux sinistres. Les lotissements ne sont pas faits selon les règles de l’art urbanistique. Ici tout fait défaut : la route, l’eau, le courant. Dans ces zones isolées il faut se débrouiller comme on peut pour boire et s’éclairer. Les fils électriques sont enchevêtrés comme des toiles d’araignées sur tous les périmètres de la gazra. Les enfants courant à longueur des journées et de nuits sont exposés aux dangers de décharges électriques. Le moindre court-circuit embrase tout. Si la Mauritanie se porte bien , des milliers d’habitants qui grouillent dans la misère et l’ignorance sont sacrifiés sur l’autel des performances économiques dont les chiffres sont certifiés par le FMI .

Camara Mamady

Source  :  Le Rénovateur le 13/08/2012

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