Scène politique:L’insoutenable blocage

(Crédit photo : anonyme)

Le paysage politique national est marqué, depuis quelques mois, par la présence de deux camps radicalement opposés, la majorité présidentielle et la Coordination de l’opposition démocratique (COD), qui se livrent une guerre sans merci.

Mais également, jusqu’ici, sans vainqueur ni vaincu. Entre les deux camps, Messaoud Ould Boulkheïr, président de l’APP et président de la chambre basse du parlement, tente de ramener tout le monde à la raison à travers la formation d’un gouvernement d’union nationale qui aura pour unique tâche de préparer les élections législatives et municipales, dont la date n’ pas été déterminée. Sans succès jusqu’à présent.

Dans un entretien paru chez nos confrères de Raï Almoustanir, l’ancien ministre et fonctionnaire international, Ahmedou Ould Abdella estime que la Mauritanie a été gérée, avant et après le pouvoir militaire, par la mentalité du guide qui concentre tous les pouvoirs entre ses mains qui n’attend des autres que le soutien, avec ou sans raisons.
Cette mentalité n’a pas du tout changé par les temps qui courent. Au contraire, on voit les médias publics consacrer de larges espaces aux ‘’soutiens à la direction nationale’’ et à sa manière de gérer le pays. Tous les jours que Dieu fait, on nous rapporte que tel patelin et ou telle sombre personnalité a organisé une grande réunion pour célébrer le soutien et l’appui du président Aziz. Une manière de gouvernance que ce président fustigeait, à son arrivée au pouvoir ,et qu’il semble bien apprécier aujourd’hui. D’habitude peu dépensier et très près de ses sous, le président Aziz, selon des sources concordantes, arrose ‘’généreusement’’ tous ceux qui sont prêts à afficher publiquement leur soutien pour le pouvoir.
C’est l’unique astuce qu’il a trouvée à l’intérieur pour contrecarrer les appels répétés de l’opposition pour son départ du pouvoir. Celle-ci soutient, en effet, que le président Aziz est désormais devenu une partie, sinon la plus grande partie, du problème qui se pose aux mauritaniens et qui continue de ‘’polluer’’ la situation politique dans le pays.
Ces partis d’opposition réunis au sein de la COD organisent régulièrement des marches et meetings très réussis dans la capitale. Un seul mot d’ordre à la bouche des manifestants : ‘’Aziz dégage’’. Les meetings se suivent et se ressemblent, et rien ne bouge. Le président est toujours là et parait contrôler la situation. Du moins militairement. Ce mercredi même, la COD organise, comme à son habitude, une marche et un meeting à l’occasion de l’anniversaire de l’élection présidentielle, du 18 juillet 2009, remportée par Aziz ; et toujours contestée au sein de l’opposition.
Même si leurs actions dérangent le pouvoir et l’inquiètent beaucoup, elles n’ont toujours pas abouti à un résultat apparent. Elles contribuent, bien sûr, à discréditer le régime et à saper son image, aux yeux de la population, mais rien d’autre. Sauf peut être, si l’on croit à la théorie de l’accumulation… Demain ou le jour d’après.
Pourtant, le militantisme de l’opposition inquiète le pouvoir, même s’il continue à croire que son salut réside dans le maintien et le renforcement de ses rapports avec ce qu’on appelle la communauté internationale. Celle-ci continue de croire que le président Aziz constitue une pièce maitresse dans la lutte contre le terrorisme dans la région sahélo-saharienne. Même si son action n’a pas éloigné le spectre du terrorisme, il demeure prêt à intervenir, pour eux, là où besoin se fait sentir. Une carte ou une soupape de sécurité que l’opposition n’a pas réussie à l lui arracher.

Et Messaoud ?

Messaoud et ses amis ont décidé de jouer la carte de la modération en appelant au dialogue comme seul moyen de résoudre les problèmes et comme mode d’action. Un peu moins d’une année, après le lancement du fameux dialogue entre la majorité et certains partis de l’opposition, le leader harratine vient de lancer une nouvelle initiative. Il croit que le salut du pays réside dans la formation d’un gouvernement d’union nationale. Pour cette cause, il a rencontré tous les acteurs de la scène politique et de la société civile. Personne n’a rejeté son initiative publiquement, mais peu de monde l’a soutenue de manière officielle. Aux dernières nouvelles, Messaoud a décidé de transmettre cette proposition par écrit à tous les partenaires. Tout le monde attend la réponse du président Aziz qui sera mis, ainsi, devant le fait accompli, soit accepter l’approche de Messaoud et lâcher du lest, soit la refuser au risque de se brouiller avec le président de l’APP et ses amis. Les partis de la COD observent cette partie avec intérêt et refuse de se prononcer de peur de perdre l’occasion d’attirer l’APP et son président.
En attendant la suite des événements, la situation économique et sociale du pays continue de se dégrader et de se compliquer. La détérioration des affaires au Mali voisin ajoute à la confusion et fait bien peser des risques sur la paix et la quiétude dans notre pays.

Mohamed Mahmoud Ould Targui

Source  :  Biladi le 19/07/2012

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