Crash de l’avion militaire : Les zones d’ombre à éclaircir

image du crash d'un avion militaire à Nouakchott.Rarement tragédie nationale aura si profondément affecté les Mauritaniens que celle du crash survenu jeudi dernier à l’aéroport de Nouakchott, lorsqu’un aéronef de l’armée s’est écrasée quelques minutes après son décollage, tuant ses sept occupants.

Partis politiques, organisations de la société civile et simples citoyens lambda se sont joints aux forces armées et aux familles des victimes pour compatir en commun dans la même douleur. La preuve, l’affluence monstre à la mosquée Ibn Abass, lors de la prière mortuaire. N’empêche, l’opinion exige une enquête indépendante sur l’incident et tient à obtenir des réponses à ses interrogations.

Il était huit heure moins quelques minutes, ce matin du jeudi 12 juillet 2012, lorsqu’un avion militaire qui venait de décoller s’écrasa hors de la piste à l’aéroport de Nouakchott. Le pilote, qui aurait constaté des anomalies techniques, avait rebroussé chemin, tanguant au dessus du populeux quartier Haye Saken. Puis, l’avion s’abîma dans un tourbillon de feu. Aucun survivant. Les sept passagers du petit avion avaient tous péri, malgré l’arrivée rapide des secours. La force du vent et l’intensité des flammes rendaient vaines toute action. Le petit bimoteur qui avait l’habitude des navettes entre l’aérogare de Nouakchott et le site aurifère de Taziast, à 300 kilomètres au Nord sur la route de Nouadhibou, ne volera plus. Pourtant, à en croire les techniciens de l’air, l’avion ne souffrait d’aucune anomalie perceptible. Le pilote qui devait le conduire, ayant désisté à la dernière heure pour raisons sociale, sera remplacé in extremis par le capitaine Lebchir, qui ne savait pas, ainsi que ses compagnons d’infortune, que le destin leur avait donné rendez-vous ce fatidique jeudi.

Deux heures plus tard, un monde fou se pressait à la mosquée Ibn Abass pour la prière mortuaire. Des visages crispés et tristes, quelques larmes rebelles et des conversations en tremolo sous l’emprise de la douleur précèderont de peu l’arrivée du convoi funèbre. Des Touts Terrains de l’armée, roulant presque au pas, transportaient des civières en bois sur lesquels étaient jetés des corps recouverts de blanc. Quelques femmes ne purent retenir leurs sonores complaintes. L’une d’elle témoigne « nos hommes nous ont quitté ce matin, vaillants et solides, les voilà, morceaux éparpillés et inertes sur des civières en bois ! Que Soit Glorifié la puissance d’Allah ! » Un homme, vieux compagnon d’un des hommes de sécurité tué dans le crash, téléphone à un collègue, la voix cassée par un vibrant tremblement, alors qu’une goutte de larme venait mourir sur sa moustache drue « tu connais Henoune, notre ami et notre frère Henoune, il est mort ; prie pour lui et demande à Allah de l’accueillir dans sa miséricorde ! « 

Il y avait beaucoup de militaires, mais aussi des douaniers, des gardiens de sécurité de Taziast, des familles et des amis éplorés. Tous étaient sous le choc, hébétés, sonnés. L’idée que le président Mohamed Ould Abdel Aziz et plusieurs hauts gradés de l’armés s’étaient précipités à l’aéroport dans les minutes qui ont suivi le crash et la Fatwa selon laquelle les tués sont tous des martyrs, atténuèrent bien les douleurs. Certes, ce n’est pas la première fois que le pays enregistre des catastrophes aériennes. Ainsi, hormis l’unique accident d’un appareil civil, celui d’Air Mauritanie à Tidjikja, la Mauritanie a connu plusieurs crashs d’avions militaires, dont l’appareil de Bouceif tombé aux larges de Dakar dans les années 80, le crash de l’avion militaire transportant les musiciens lors de la visite de Ould Taya à Néma, la disparition de l’avion transportant le Wali de Nouadhibou et d’autres individus, jamais retrouvé, le crash de l’avion militaire qui avait coûté la vie à plusieurs officiers dans la Baie du Levrier à Nouadhibou…La particularité de tous ces accidents, est qu’ils n’ont jamais été étayé par une quelconque enquête.

Ainsi, en décidant d’ouvrir une enquête à la suite du crash du jeudi dernier, le ministère de la Défense nationale innove en la matière. Les familles des victimes, mais aussi l’opinion nationale attend avec impatience ce premier rapport public sur un accident aérien survenu en Mauritanie.

JOB

Source: L’authentique

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