Plage de Nouakchott : Le royaume des cascadeurs

(Crédit photo : anonyme)

Chaque vendredi après midi, une foule de curieux se masse sur le grand espace jouxtant l’hôtel El Ahmedi, sis à la plage de Nouakchott.

Les gens viennent de partout suivre les cascades périlleuses de jeunes fous du volant.

Certains peuvent percevoir dans ce jeu dangereux un rejet de la raison ou la condamnation d’une longue tradition bédouine. Hors la loi et sans règle constituent le prestigieux royaume des cascadeurs.

Le scénario est quasi-identique, chaque vendredi après midi. Un monde de volupté, des dizaines de voitures de luxe de différentes marques qui défilent aux sons de musique relax. Des centaines de personnes attendent avec impatience les héros de la cascade ou les gladiateurs de la « Plage de Nouakchott ». Les talents sont exceptionnels, pour ces jeunes à la fleur de l’âge. Confrontés à la tension de la société et à l’échec scolaire, ils trouvent dans ce jeu de la mort, une évasion. Sur les bordures des envolées, des garçons et des filles tirent à pleines bouffées sur leur cigarette. La richesse et le luxe sont le credo. Voitures et argents, fournis par des parents souvent riches, sont dilapidés ici, sur la plage de Nouakchott, par une progéniture qui cherche à se faire peur, lassée par trop d’attentionnisme et de vie feutrée, sans émotion.

Le jeu peut alors commencer. Les voitures roulent à toutes allures, réalisant des figures géométriques sur le sol. Certains n’hésitent pas à sortir leurs bustes des cabines, cheveux au vent. Les voitures dérapent et réalisent des zigzags, entièrement contrôlées par leurs conducteurs.

Sidi, 17 ans, un ado qui suit de prés la scène, précise :  » malgré le danger, les jeux de cascade constituent un loisir incontournable ; les gens s’ennuient, il n’ ya pas de divertissement dans le pays ».

Cependant Abdou, la trentaine, venu pour se détendre et profiter du beau temps avec sa famille, ajoute  » ces jeunes passent par une crise d’adolescence en essayant de prouver leur maturité ; mais le premier responsable, c’est leurs parents qu’ils leur remettent les clés de leur voiture « .

Et d’ajouter, après une courte inflexion de la voix : « la situation est inquiétante , surtout en l’absence du Groupement général de la sécurité des routes (GGSR) ou de toute autre autorité ; il faut trouver des solutions d’urgence, organiser un championnat de cascade ou essayer de l’interdire définitivement, la vie de nos jeunes est en danger » soupire-t-il.

Un autre était en train de filmer avec sa camera pour alimenter son compte Youtube. Non loin de la piste, l’un des chauffeurs fait hurler son moteur, sans lâcher le frein à main. Les accidents surviennent souvent lors des cascades. Un pneu qui lâche, une embardée mal contrôlée vers la foule, défaut de ceinture et souvent non maitrise du volant. Le temps passe trop vite. Le soleil bascule tout près, au dessus des vagues qui changent de couleur. Dans la demi-pénombre du crépuscule, peu de gens attendent la fin du spectacle

Déjà, les cascadeurs reprennent la route et poursuivent dans la circulation, leur hardiesse aventurière.

Mohamed Abdellahi Dahhy ( stagiaire)

Source  :  L’Authentique le 14/06/2012

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