Père de feu Mangane: «Je ne marchande pas le sang de mon fils pour la politique»

(Lamine Mangane, tué par les forces de l'ordre en Septembre 2011, lors d'une manifestation contre l'enrolement à Maghama. Crédit photo : Al Akhbar)

Moussa Abdoul Mangane, père de Lamine Mangane, tué par une balle de la Gendarmerie mauritanienne en septembre 2011, lors d’une manifestation à Maghama (sud) contre l’enrôlement jugé «raciste» des populations à l’état civil, affirme que «l’Etat mauritanien cherche à étouffer l’affaire».

Dans une interview accordée à Alakhbar, le père précise : «Jusqu’au moment où je vous parle, l’Etat mauritanien n’a jamais rien fait pour qu’avance l’enquête sur la mort de mon fils. L’Etat traine plutôt le dossier et dissimule les moindres détails à nos avocats pour étouffer l’affaire.

Il ajoute : «Des élus de Maghama ont demandé au Wali du Gorgol la mise en place d’une commission locale pour enquêter sur l’affaire,mais en vain . Le Hakem de Kaédi niait d’ailleurs que Lamine a été tué lors de la manifestation. Il ne voulait même pas venir constater sa mort. Finalement, lorsque les jeunes ont menacé de lui amener le corps dans son bureau, il était obligé de faire le déplacement. Il a, ensuite, vu le corps, confirmé qu’il a été tué par balle et pris mon contact. Personne ne l’a plus revu depuis lors.

«Plus choquant, regrette le père, ce sont certains cadres politiques de la Wilaya, qui m’ont abandonné dès qu’ils ont su que je n’étais pas favorable à leur volonté de faire une récupération politique de la mort de mon fils. Je ne marchande pas le sang de mon fils pour faires plaire à des politiques.»

«La mort de Mangane m’a mis aujourd’hui dans une situation plus difficile: je suis obligé de prendre en charge les soins de ma mère, qui, traumatisée, est tombée malade depuis l’enterrement de son petit fils le 27 septembre 2011. (Silence) A soixante ans, elle a parcouru, à pied, la distance des deux kilomètres séparant l’hôpital de Maghama de son domicile. Depuis, sa santé ne cesse de se dégrader.»

«Beaucoup me demande de pardonner. Je crois certes en Dieu. Mais pour pardonner, il faut d’abord que la responsabilité soit située. Et là, je regrette que le meurtrier de mon fils n’a jamais été inquiété. Par contre, il bénéficie d’affectation en affectation chaque fois qu’on découvre là , où il est.»

«Seulement, un membre de la Commission nationale des droits de l’homme m’a promis d’appuyer le dossier, mais cela reste encore une promesse», conclut Moussa Abdoul Mangane.

Source  :  Al Akhbar le 05/06/2012

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