Zouerate : Ville sous régime d’exception

(Crédit photo : anonyme)

La ville de Zouerate vit depuis deux ans sous un véritable régime d’exception, menée à la baguette par un colonel Wali qui l’administre comme une caserne militaire. Ici, la loi martiale semble avoir pris le dessus sur les lois de la République.

Les libertés syndicales, semblent être considérées ici comme subversives et toute manifestation rebelle, frappée du saut de l’interdiction.

Le préfet de Zouerate, Zeine Abidine Ould Cheikh, a interdit aux membres de la confédération nationale des travailleurs de Mauritanie (CNTM), syndicat reconnu par la loi, d’organiser une manifestation à l’occasion de la visite de leur Secrétaire général, Mohamed Ahmed Ould Saleck.

Selon le Coordinateur régional de la CNTM, cité par voie de presse, son organisation avait soumis aux autorités une autorisation de manifester. Le préfet, qui ignore apparemment tout de ce syndicat, lui aurait demandé le nom du Secrétaire général de l’organisation. Il fut prié de revenir plus tard. Le nom de Mohamed Ahmed Ould Saleck se trouverait déjà fiché, au même titre que Mohamed Abdallahi dit Nahah de la CGTM, Persona no grata aux yeux de l’administration publique. Aussi, le Coordinateur fut-il surpris à son retour de se heurter au refus des autorités régionales de lui accorder l’autorisation demandée. Comme prétexte, le préfet aurait avancé la situation que vit la ville de Zouerate, secouée par une grève des journaliers. Une situation qui selon lui, empêche l’autorisation de toute manifestation publique pour le moment. Il faut dire que la ville Zouerate, poumon minier du pays, connaît depuis un certain temps un bouillonnement syndical sans précédent, avec une grève des journaliers qui bat son plein à son cinquième jour, sans qu’une solution à l’amiable ne pointe à l’horizon.

Auparavant, la police de Zouerate, avait pris d’assaut le siège de la représentation au niveau local de l’organisation arabe des droits de l’homme, officiellement reconnu, en emportant tout son matériel. Les militants ont dénoncé cette violation et condamné l’interdit illégal qui frappe leurs activités, alors qu’ils détiennent un récépissé de reconnaissance en bonne et due forme. Dans un communiqué publié à l’occasion, l’organisation a déploré les dégâts causés à leur siège et promis de le faire payer cher aux responsables. Selon eux, la répression sauvage qui s’est abattue sur les militants et contre le siège de l’organisation dépassent toutes les limites permises et peuvent provoquer des troubles sociaux de plus grandes ampleurs. Pire, le préfet à qui les responsables de l’organisation ont présenté le récépissé de reconnaissance délivré par les services du Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation, aurait déclaré ne pas reconnaître l’organisation, tant que la reconnaissance n’a pas été délivrée au niveau régional.

Selon Sidi Outhmane Ould Cheikh Bouya, membre du Bureau exécutif de l’organisation arabe des droits de l’homme et son représentant en Mauritanie, le préfet aurait menacé de lui envoyer la force publique si l’organisation ne cessait ses activités à Zouerate, alors que les militants se préparent à un sit-in de protestation. Tout en se déclarant fort de la légalité de l’organisation qu’il préside en Mauritanie ainsi que celle de ses activités, Ould cheikh Bouya s’est dit résolument engagé à poursuivre ses actions tant qu’une décision juridique contraire ne viendrait les circonscrire.

Dans la lette qu’il a adressé aux responsables de l’organisation, le préfet aurait écris : « votre organisation n’est pas reconnue sur le plan régional et vous n’avez encore présenté aucune preuve que vous représentez l’organisation arabe des droits de l’homme  » soulignant que la « manifestation que vous comptez organiser est illégale et vous supporterez l’entière responsabilité de ce qui pourra advenir au cas où vous persisterez dans vos projets « , menaçant d’envoyer la force publique pour empêcher les activités de l’organisation en question.

La coordination nationale de l’organisation lui a répondu en ces termes : « il n’existe pas dans les textes en vigueur en Mauritanie, une seule disposition qui stipule que les organisations de la société civile doivent postuler à un récépissé de reconnaissance au niveau régional « , soulignant que « l’article 3 de la loi 098 du 9 juin 1964 (toujours en vigueur) organisant les associations, stipule qu’aucune « organisation ne peut être créée ou entreprendre des activités sans l’autorisation préalable du Ministre de l’Intérieur… « . Et l’organisation se prévaut d’une telle autorisation, a déclaré en substance ses premiers responsables.

L’organisation affirme avoir transmis le 21 mai 2009 aux autorités régionales de la Wilaya de Zouerate, par souci de légalité et de respect, la déclaration d’ouverture d’un bureau de l’organisation avec l’adresse du siège à Zouerate.

Et de rappeler que l’Organisation arabe des droits de l’homme est une structure régionale à caractère international dont le siège central se trouve au Caire (Egypte), avec des représentations dans tous les pays arabes, dont la Mauritanie. Elle est présidée au niveau national par Dr.Mohamed Lemine Ould Kettab et a été reconnue le 14 décembre 2006, suite à la visite effectuée en Mauritanie par son Secrétaire général, l’ancien ministre égyptien, Mohamed Vaiqh.

JOB

Source  :  L’Authentique le 10/05/2012

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