Le leader de l’Ira « d’origine » Biram avait mené régulièrement des campagnes virulentes contres les imams et les érudits, notamment Ould Deddew, leur reprochant de jouer le jeu du pouvoir et de favoriser le fossé entre les composantes sociales du pays, en observant dans leurs prêches un silence coupable à propos des pratiques graves et quotidiennes de l’esclavage.
Mais, ces reproches se seraient quelque peu dissipés depuis ces dernières semaines, en raison de plusieurs facteurs conjugués dont l’appel lancé par Cheikh aux mauritaniens pour copier la révolution française…
et le fait que le duo Biram-Mohamed El Hacen ont en commun le même puissant ennemi, qu’il urge d’abord d’écarter par la force de l’union avant de régler leurs propres comptes.
Au cours de ces dernières années de lutte contre les pratiques esclavagistes, le leader de l’Ira I Biram avait accusé les Imams et les érudits de tous les noms d’oiseau, les qualifiant tantôt de fumistes, tantôt de bataillon religieux à la solde du pouvoir. Il admonestait ces chefs religieux pour leur refus de dénoncer au cours de leurs prédications les pratiques esclavagistes, voire même de faire des contre campagnes, notamment contre sa personne et son Ong de défense des droits haratines, dans le seul dessein de sombrer son discours libérateur. Biram serait toujours égal à lui-même dans sa farouche opposition à ces Oulémas qu’il accuse de partisans et de franc-tireur, mais, aurait-il été séduit par les récentes insinuations faites par Ould Deddew, appelant les mauritaniens à copier la révolution française de juillet 1789 ?
Le leader de l’Ira estime aujourd’hui que le discours prôné par l’érudit Mohamed El Hacen est porteur des soucis des peuples musulmans pour s’extraire de la forte mainmise des pouvoirs dictatoriaux, jugeant ses messages d’importance capitale pour que les populations opprimées recouvrent leur liberté et vivent en concorde, dans le respect mutuel, sans exploitation de l’homme par l’homme.
Ces propos rompent incontestablement avec ceux qu’il a tenu auparavant, dans lesquels, répondant à une question posée par un confrère sur une cassette très compromettante à son activisme, il affirme qu’il s’agit d’un enregistrement frauduleux « opéré par des individus proches de ould Dedew » en collaboration avec les services de renseignements mauritaniens, qui par le biais d’un membre de l’IRA se sont introduits dans son domicile en abusant de sa confiance, avant d’engager « une discussion trop provocatrice » et de tenir à son égard des propos agressifs, sans qu’ils parviennent à le faire renoncer à ses convictions et tout en activant discrètement leur magnéto . Evoquant les savants, Biram confiait aussi : « Je pense que c’est à ces gens que vous appelez Savants, de venir nous approcher, proposer et accepter de se repentir. C’est à eux de venir demander pardon à la communauté Hratine. Car ils ont légitimé depuis des siècles, jusqu’à nos jours, le calvaire de générations de nos ascendants, exploités, humiliés, battus parfois vendus et traités comme du bétail de trait ». Le leader avait également, dans le même déni des Imams, refusé de prier derrière le ministre des affaires islamiques et de l’enseignement originel Ahmed Ould Neini, l’accusant de ministre négationniste comme il avait fustigé auparavant l’imam de la mosquée centrale de Nouakchott Ahmedou Ould Lemrabott, qu’il avait indexé de soutenir le régime de Ould Abdel Aziz aux dépends de la vérité, et de ceux qui luttent pour la liberté.
En gardant aujourd’hui un profil plus clément au seul Cheikh Deddew, Biram veut-il se repentir des réquisitoires qu’il avait portés contre ce savant, ou cherche-t-il à expérimenter la stratégie selon laquelle, par accident politique conjoncturel « l’ennemi de mon ennemi est mon ami », en perspective de la capitalisation de ce revirement pour compenser la présumée hémorragie qui frappe le camp de son Ong et pour trouver dans l’union, une force capable de faire partir le président de la république?
Md O Md Lemine
Source : Le Rénovateur le 11/04/2012
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