Poussée de la rébellion, menaces de sanctions : la junte malienne est aux abois

Le chef de la junte, Amadou Sanogo, à Bamako.  ISSOUF SANOGO/AFPEn l’espace de vingt-quatre heures, les menaces sur le Mali ont atteint un point critique. Alors que le pays, où a eu lieu un coup d’Etat le 22 mars, est désormais sous la menace de sanctions lourdes si les putschistes ne quittent par le pouvoir lundi 2 avril, la rébellion du nord du pays a multiplié les avancées vendredi.

Kidal, la grande ville du Nord, est tombée le matin, prise d’assaut par les forces conjointes d’Ansar Dine, d’Iyad ag Ghali et du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Jointe à Aguelhoc, non loin de Kidal, une source du mouvement d’Iyad ag Ghali affirme que la coalition rebelle a capturé le gouverneur de Kidal, l’adjoint d’Alhadji Gamiu et un nombre d’hommes importants. Le responsable des forces régulières, le colonel Aladji Gamou, a réussi à prendre la fuite en direction de Gao avec quelques dizaines d’hommes. Dans la journée, les mauvaises nouvelles ont continué à tomber : deux autres villes (Bourem et Ansongo) étaient prises. Gao était sur le point d’être encerclée. Tombouctou menacée.

Quelle sera la prochaine étape ? Les putschistes du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) avaient justifié leur coup d’Etat par le laxisme du président renversé, Amadou Toumani Touré, face à la menace rebelle. Non seulement ils ne sont pas partis au front renverser cette tendance, mais les dysfonctionnements induits par le putsch ont permis cette avancée fulgurante de leur ennemi. Le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, tente à présent de profiter des circonstances pour appeler à l’aide la Cédéao, l’organisation régionale qui s’apprête à le sanctionner, espérant ainsi rendre la prolongation de la junte inéluctable compte tenu de la menace sur le pays.

Empêchés d’atterrir à Bamako par des manifestants favorables au coup d’Etat, les chefs d’Etat mandatés par la Cédéao pour négocier un retour à  » l’ordre constitutionnel  » avaient décidé, la veille, d’adresser à la junte un ultimatum expirant lundi : qu’elle quitte le pouvoir, ou des sanctions seront imposées au Mali, avec pour effet d’interrompre la circulation des marchandises vers ce pays enclavé et de bloquer son système bancaire.

Dès vendredi, dans les rues de Bamako, les queues s’allongeaient devant les distributeurs, les montants de retraits ayant été limités par les banques. Certains salaires au sein de la fonction publique, de plus, n’avaient pas encore été versés.

 » Sauvez le Mali ! « 

Mais c’est au sein du personnel politique que le mouvement de réaction est le plus fort. Ibrahim Boubacar Keita, l’un des principaux responsables maliens, doté de bonnes chances d’emporter une élection présidentielle si elle devait être organisée à la loyale au Mali, a appelé la Cédéao à revenir sur sa décision et à s’employer, au contraire, à aider le pays à faire la guerre à la rébellion en équipant l’armée malienne pour lui permettre de mener le combat.  » Sauvez le Mali ! «  a-t-il demandé,  » Stoppez cette déferlante «  (de la rébellion) !

Un appel relayé par le FRD, la coalition de partis opposés au putsch, qui  » invite toutes les forces vives de la Nation à se retrouver dans les quarante-huit heures pour s’entendre sur une solution urgente née du coup d’Etat du 22 mars et éviter l’entrée en vigueur de sanctions décrétées par la Cédéao « .

Chaque heure compte. Alors que les rebelles avancent, Ousmane Babalaye Daou, le président du conseil malien des chargeurs, a fait ses comptes : 800 camions, répartis sur cent kilomètres, sont déjà bloqués en Côte d’Ivoire, qui a fermé ses frontières avec le Mali de manière préventive.

Jean-Philippe Rémy

© Le Monde (version abonnés)

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