L’arme de l’embargo économique pour contrer les stratégies de l’IRA

La question de l’esclavage n’a jamais aussi nourri la polémique sur un sujet qui divise les différentes tendances qui exploitent d’une manière ou d’une autre le vécu des victimes pour des buts clairement avoués ou non.

Dans cette bataille acharnée, aux allures parfois rocambolesques, les activistes qui luttent pour l’émancipation et la réhabilitation des individus asservis, accentuent les pressions à une vitesse ultra-rapide pour faire plier le système politique et les cercles conservateurs.
A la première ligne de cette offensive anti-esclavagiste, le mouvement abolitionniste IRA ne rate pas une occasion pour envoyer aux maîtres un signal strident leur signifiant que les temps ont changé et que les dominés ont des défenseurs qui se font les esclaves de la cause pour laquelle seule la révolte pourrait briser les chaines. A ce titre, les activistes tentent de plus en plus de convaincre les esclaves encore aliénés par le discours savamment dosé par ceux qui battent campagne inverse, que l’aspiration à la liberté est devenue un idéal pour recouvrer la dignité confisquée des siècles durant. Cette nouvelle génération de refus dispose de ses militants et d’un discours qui incarne la conscience sociale et morale d’une classe qui a subi les pires humiliations de l’histoire passée et récente. Si IRA et tous les hommes épris de justice et d’égalité s’engagent dans ce combat, sont solidaires pour faire tomber les derniers remparts de ce système esclavagiste , ils n’y arriveront que lorsque cet élan gagne les fins fonds des bourgades reculées du pays où l’esclave reste coupé des réalités de sa condition d’homme réduit à se taire et à trimer. C’est dans les profondeurs des Hodhs ,de l’Assaba , du Tagant pour ne citer ces quelques exemples, que l’esclavage traditionnel ou ses survivances affiche ses décors. Que signifie pour ces gens taillables et corvéables à merci la lutte pour libérer les damnés de la terre ? Comment pourraient –ils imaginer qu’il existe des militants qui défendent des serfs qui ont grandi sous l’ombre de leurs maîtres ? Ces gens sans état-civil, sans éducation, sans attaches familiales car, des sans familles sont loin de ces discours, de ces sit-in qui plaident en faveur de leurs causes. Contre toutes ces pressions, les antiabolitionnistes ont trouvé des moyens encore plus subtils pour réduire la portée de cette lutte contre l’esclavage. Ils inventent à chaque fois des plans pour renverser la vapeur sans engager une bataille frontale contre les activistes au risque de provoquer des clashs qui peuvent se transformer en révolution. L’une de ces tactiques consiste à ne plus employer une domestique haratin sous prétexte que cela serait perçu comme une exploitation. C’est une sorte d’embargo économique qui dissuade de plus en plus les anciens esclaves à ne pas adhérer aux thèses des activistes et du coup créer une division dans ses rangs.

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 28/01/2012

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page