Que s’est-il passé dans les lots audio-visuels de la Hapa ?

Les délibérations rendues publiques par la Hapa au sujet de l’octroi de licences de stations radios et des chaines de télévisions privées, continuent de susciter des interrogations et provoquer une vive indignation dans les milieux politiques de la communauté négro-mauritanienne.

 

 

La décision est tombée comme un coup de massue dans la tête des postulants de cette frange, avant de se propager comme une trainée de poudre dans les salons, les marchés, les rues. Partout les mêmes questions reviennent sur les lèvres, les mêmes étonnements, exprimant la frustration d’une communauté qui en a vu de toutes les couleurs ces dernières années.

Pourquoi cette absence de représentativité dans les nouveaux médias de la communauté noire de Mauritanie ? S’agit-il d’une volonté manifeste d’exclusion ou d’une peur du syndrome de la libéralisation par les autorités ? Il est clair que l’image qu’offre la nouvelle configuration des médias est loin de correspondre à la diversité de ce pays. À y voir de plus près, le choix est fondé sur la fibre tribalo-régionaliste et idéologique.

En effet, les bénéficiaires de ces licences ont obtenu des faveurs pour leur appartenance ou leur alliance avec la tribu du président aussi bien pour les radios que pour les télévisions. On remarque des connivences idéologiques très manifestes avec la présence des bathistes et des nassériens dans l’attribution des lots. Dans les dossiers des postulations figuraient des demandeurs issus de la communauté noire qui soutiennent avoir présenté des documents suffisamment compétitifs pour être sélectionnés.

Mais les critères ont passé outre les cahiers de charges. Ce qui laisse planer le doute sur l’autonomie de la commission chargée d’examiner les dossiers qui , elle-même ne fait apparaitre aucun membre du jury de la communauté négro-mauritanienne. En tout état de cause, les résultats de cette commission ont révélé une fois de plus que le multiculturalisme de la Mauritanie est absent dans les décisions officielles.

Il y a quelques semaines notre pays se vantait de cultiver cette diversité des cultures dans les tribunes de l’Unesco. Dans la pratique cela sonne faux. La communauté internationale est désormais édifiée sur les revendications légitimes des activistes des mouvements de contestations comme IRA, TPMN qui ont maintes fois attiré l’attention du pouvoir sur les injustices à caractère discriminatoire qui frappent les noirs de ce pays et qui remettent en cause leurs droits à la différence.

Cette énième privation des droits aux autres du fait qu’ils soient différents ne fait que renforcer les présomptions sur des comportements racistes à leur égard. La diversité culturelle est un principe universel reconnu dans toutes les constitutions et dont le non respect doit exposer un pays à une violation de traités et conventions internationales. Le cas de la Mauritanie est de plus en plus flagrant en termes de marginalisation institutionnalisée. Ce qui vient de se passer dans les résultats de la commission de sélection est la démonstration de ce refus d’accepter les autres et de leur reconnaitre des droits somme toute légitimes !

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 22/11/2011{jcomments on}

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