Nouveau plan d’urgence : Très flou et peu convaincant !

pm. archiveLe premier ministre mauritanien, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, a organisé en catimini un point de presse jeudi dernier afin de rendre public les mesures arrêtées par le gouvernement pour faire face au déficit pluviométrique important enregistré cette année.

 

Le PM a annoncé notamment que le Conseil des ministres a approuvé, au cours de sa réunion jeudi à Nouakchott, un plan destiné à faire face au déficit pluviométrique qui a généré un manque de pâturages et une chute de la production agricole, à des degrés divers selon les régions.

Il a ajouté, que le Gouvernement avait suivi de près la saison des pluies ayant pris fin en octobre et qu’il disposait de mécanismes permettant de vérifier la quantité des pluies, l’évolution des pâturages, les terres arables et celles cultivées. »Nous avons mis en place un programme pour faire face aux effets de ce phénomène sur les plans de la sécurité alimentaire des populations et de la protection du cheptel qui représente la colonne vertébrale de notre sécurité alimentaire et de notre économie nationale », a précisé le premier ministre. Il a souligné que l’élaboration de ce plan, adopté conformément aux instructions du Président de la République, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz, a pris deux mois au cours desquels des commissions ont été dépêchées vers les régions intérieures afin de prendre connaissance de la situation dans les différentes zones du pays. Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a précisé que le programme d’intervention en question s’articule autour de deux composantes dont la première repose sur la sécurité alimentaire des citoyens à travers la prorogation et l’extension de l’opération  » Solidarité 2011  » dont la pertinence et l’efficacité sont selon lui, unanimement reconnues sur toute l’étendue du territoire national. Ainsi, le nombre de boutiques passera de 700, ouvertes actuellement, à 2387 qui bénéficieront quotidiennement à 800.000 citoyens parmi les plus vulnérables, en plus d’opérations de distribution gratuites, chaque fois que cela est nécessaire, aux populations les plus pauvres. Quant à la deuxième composante, elle consiste à protéger le cheptel qui contribue, à hauteur de 13%, au Produit intérieur brut à travers la mise à dispositions de l’aliment de bétail, à des prix réduits, sur l’ensemble du territoire national, surtout dans les zones rurales. Cette composante comporte également le forage de puits dans des zones contenant des pâturages et manquant d’eau et de vastes campagnes de vaccination du cheptel. Le premier ministre a indiqué que ce programme sera « mis en oeuvre le plus tôt possible, avec tout le sérieux et toute la transparence » et que son coût est estimé à 45 milliards d’ouguiya, soit 157 millions de dollars américains. Il a par ailleurs lancé un appel à  » nos frères et nos partenaires au développement pour aider au financement de ce programme pour lequel l’Etat a mobilisé tous ses moyens ». Dans ses réponses aux journalistes, Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a affirmé que toutes les composantes du programme d’intervention commenceront début janvier 2012.
Cela dit on comprend aisément pourquoi le Premier Ministre a préféré faire une mini conférence. En effet le Premier Ministre a fait silence sur le financement de ce plan tout en évitant soigneusement de préciser les mesures pratiques qui seront mises en œuvre par le gouvernement. De plus le PM affirme que ce plan sera opérationnel à partir de Janvier 2012, mais en attendant que feront les éleveurs ? Le Cheptel ne risque-t- il pas d’être décimé avant la mise en place des mesures ?
Nous mauritaniens, nous avons tous encore à l’esprit la terrible grande sècheresse de 1973-74 qui a provoqué plus de 200 000 morts au Sahel, celle de 1983-84 qui fut moins meurtrière mais tout aussi dévastatrice sur le plein économique et écologique. Notre cheptel avait diminué de plus de sa moitié et ces dernières années il commençait tout juste à régénérer. La Mauritanie, est un pays désertique à plus de 90 %, où l’élevage constitue l’activité dominante dans la mesure où on estime que plus de 300 000 personnes en vivent directement. Depuis Août 2011 et au regard des déficits pluviométriques constatés, des éleveurs se sont adressés au gouvernement pour exiger une intervention urgente pour sauver leur cheptel.
Le chef de l’un des principaux partis de l’opposition, le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) était récemment monté au créneau pour critiquer « l’indifférence du gouvernement face à la désolation qui frappe les éleveurs et les pauvres ». Alors de là à penser que le Gouvernement a précipiter les choses pour lui couper l’herbe sous les pieds, il n’y a qu’un pas que certains n’hésitent pas à franchir.
 

B.C.

Source:Le quotidien de Nouakchott

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