Campagne : contre les mauvaises mœurs à Nouakchott

police_rim44Les services de la police ont lancé vendredi soir dernier une campagne tous azimut contre les maisons closes et les prostituées aussi bien à Nouakchott que dans certaines villes du pays. Cette campagne serait l’une des plus importantes menées depuis des années contre un phénomène qui tend à prendre de l’ampleur dans le pays.

Plus de 100 femmes, de diverses nationalités, auraient ainsi été appréhendées. Il s’agirait de travailleuses et autres professionnelles du sexe. Il faut dire que la prostitution, même si elle se pratiquait d’une manière discrète et diffuse, gagnait en ampleur notamment à Nouakchott et à Nouadhibou. A ce titre, certains responsables de l’appareil sécuritaire étaient souvent accusés de protéger ces foyers de la débauche. Pratiques contraires à la morale religieuse et aux valeurs intrinsèques de la société mauritanienne, la prostitution était devenue avec la crise économique et sociale, le métier le plus lucratif et le plus facile. Parmi la clientèle, beaucoup de jeunes mais aussi des vieux qui alimentaient un circuit de la débauche qui avait fini par être source d’inquiétude pour la société toute entière, mais aussi pour la santé publique, avec la transmission à grande échelle de maladies incurables telles le Sida.

Nouakchott et Nouadhibou, entre autres, avaient ainsi leurs propres maisons closes que presque tout le monde connaissait. Ses tenanciers et leurs protégés échappaient souvent aux mailles de la justice, ce qui faisait courir les rumeurs selon lesquelles ils jouissaient d’une haute protection de la part d’hommes influents de l’appareil d’Etat. Même l’appareil judiciaire n’a pas échappé au lynchage public, les magistrats étant accusés souvent de traiter avec légèreté les cas de mauvaises mœurs qui leur étaient soumis. Soit les condamnations étaient légères, soit les interpellés étaient relâchés sans poursuite judiciaire.

Mais cette campagne risque de connaître le même sort que toutes celles qui l’ont précédée, à savoir un simple feu de paille qui s’estompera au bout de quelques jours. Sauf qu’à ce niveau, les bavures se recensent à la pelle.Déjà, l’arrestation vendredi dernier d’une vingtaine de jeunes filles, lors d’une rafle menée aux environs de 21 heures par l’un des commissariats de Tevragh-Zeina, a été suivie d’une véritable levée de boucliers de la part de parents indignés et courroucés. Plusieurs d’entre eux, des Mauritaniens comme des étrangers, se sont ainsi rassemblés tard dans la nuit devant le portail du commissariat pour exiger la libération de leurs filles, arrêtées selon eux alors qu’elles marchaient le plus innocemment du monde, soit d’un retour de travail (pour les bonnes), d’une course au marché ou pour une toute autre raison sans lien avec la débauche.

Une famille entière, composée du père, des frères et du mari d’une jeune fille parmi les raflées, protestaient ainsi devant ce qu’ils appellent l’atteinte aux libertés des citoyens à vaquer à leurs occupations naturelles. Leur fille mariée serait sortie, selon leurs dires, pour acheter du lait à l’épicerie, lorsqu’elle fut embarquée par une patrouille de la police, alors que tout le monde était encore éveillé et que les passants déambulaient tranquillement dans le quartier. La jeune fille en question et beaucoup d’autres, qui avaient des parents influents à la rescousse, ont ainsi été libérées. Une autre mère était atterrée. Selon elle sa fille a été prise au pas de la porte familiale quelque part dans la Moughataa de Sebkha. D’ailleurs, le commissaire aurait reconnu l’existence de bavure au cours des rafles, plusieures filles ayant été arrêtées alors qu’elles n’avaient rien à voir avec l’objet réel de la campagne menée contre la prostitution.

La confusion est ainsi grande dans la campagne menée par la police contre les mauvaises mœurs, où aucune différence n’est faite entre les innocentes citoyennes et les travailleuses du sexe, le simple fait de se retrouver la nuit dehors étant un motif d’arrestation, au détriment des libertés accordées par la loi. A moins que l’Etat n’ait décrété dans les secrets de ses casernes, un état d’exception qui ne dit pas son nom.

MOMS.

Source: L’authentique

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