Le conflit avec al-Qaida entraîne la hausse des prix alimentaires en Mauritanie

L’activité terroriste qui a lieu le long de la frontière entre le Mali et la Mauritanie a un impact négatif sur les consommateurs, entraînant une hausse des prix des produits alimentaires en plein Ramadan.

Les attaques d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) entraînent une hausse des prix des aliments et d’autres produits de base dans l’est de la Mauritanie.

Ces hausses de prix, renforcées par une augmentation de la demande pendant le Ramadan, inquiètent les habitants de Bassiknou et d’autres villes situées dans l’est du pays.

« Après la bataille entre l’armée et les terroristes, les prix des légumes ont plus que triplé », dit Sidi Brahim Ould Mesoud, vendeur de viande à Bassiknou, à plus de 1 000 kilomètres de la capitale. « Avant ces évènements, je pouvais acheter les chèvres dont j’avais besoin à des prix raisonnables, ce qui me permettait d’engranger des profits journaliers appréciables. Mais aujourd’hui, j’obtiens rarement ce que je veux par suite de la hausse des prix des animaux. »

Des préoccupations partagées par Elkassem Ould Mouftah, négociant en bétail, qui affirme que les éleveurs de bétail mauritaniens avaient l’habitude de faire paître leurs troupeaux dans la région de la forêt de Wagadou, lieu d’un camp d’al-Qaida aujourd’hui détruit.

« La plupart des négociants en viande dans les villages frontaliers mauritaniens n’osent plus pénétrer dans cette forêt par crainte des éléments de l’organisation ou des mines que ceux-ci ont placé sur les chemins forestiers », explique Ould Mouftah. « De même, la présence des Mauritaniens sur les marchés hebdomadaires au Mali a fortement baissé, car ils craignent que les routes ne soient coupées par les terroristes, dont l’hostilité à l’égard des habitants de la zone frontalière mauritano-malienne n’a fait que grandir. »

Dans le même ordre d’idées, Deya Ould Chenane, président de l’Association de protection des consommateurs à Bassiknou, déclare : « Sur le marché central, les prix ont flambé, notamment pour les biens de consommation, en particulier les légumes et les denrées quotidiennes, par suite de la bataille de Wagadou, car les légumes présents sur ce marché local proviennent des plantations forestières de Wagadou, devenu le théâtre d’une guerre qui peut reprendre à tout moment. »

« Les prix de la viande ont également augmenté, car les abattages journaliers ne répondent plus aux besoins essentiels de la population », ajoute-t-il.

La forêt de Wagadou était autrefois un haut lieu de l’activité économique pour les commerçants mauritaniens. Mais après les récents affrontements avec al-Qaida, la population commence à ressentir l’impact de la présence du groupe terroriste.

« Du fait de la forte proximité de la forêt avec la frontière mauritanienne, les effets de la bataille et des évènements qui ont suivi affectent la population de la région dans son ensemble, au niveau économique, social et psychologique », indique Mohameden Ould Badi, un analyste économique.

Il explique que la région est « située précisément au départ de la frontière sud de la Mauritanie, non loin du centre de Fassala, du district de Bassiknou et du district d’Adel Bagrou, connus comme une région offrant d’importants moyens de subsistance et un important centre d’élevage animalier ». ‘

« Il est donc naturel que la Mauritanie s’intéresse à sa sécurisation, en plus des échanges sociaux, ethniques et culturels entre les populations des deux côtés de la frontière avec le Mali », ajoute Ould Badi.

Le conflit avec al-Qaida a également entraîné une baisse du volume des échanges entre les habitants du Mali et de Mauritanie, selon Mahmoud Ould Elvilai, un fournisseur.

« Aujourd’hui, les types de marchandises qui provenaient essentiellement de la capitale, Nouakchott, s’entassent sur le marché de Bassiknou en attendant d’être expédiés dans les villages et les communautés situés de chaque côté de la frontière, et parfois au-delà », dit-il, soulignant que la ville doit désormais assurer sa reprise économique après la récente attaque à Bassiknou.

L’analyste Mokhtar Salem déclare à Magharebia que le renforcement des patrouilles de l’armée mauritanienne a également donné un coup de frein aux trafics de cigarettes et de drogue.

« Le terrorisme a fait son apparition soudaine dans les milieux commerciaux de cette région frontalière entre le Mali et la Mauritanie », indique Salem. « Il est devenu impératif pour les citoyens ordinaires et les commerçants de s’adapter à un nouveau climat auquel ils étaient auparavant peu accoutumés ».

Jemal Oumar

Source  :  Magharebia le 15/08/2011

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