La Guetna et le Ramadan offrent de rares opportunités économiques à la Mauritanie

De nombreux Mauritaniens trouvent cette année des emplois pendant la saison de la récolte des dattes, engrangeant un revenu supplémentaire provenant des plats traditionnels de l’iftar.

 

 

 

Rare coïncidence, la saison de récolte des dattes en Mauritanie, la Guetna, coïncide cette année avec le Ramadan, offrant de nouvelles opportunités économiques aux jeunes chômeurs de la nation.

Les Mauritaniens dépendaient ces dernières années des dattes en boîte importées de Tunisie, du Maroc et d’Arabie saoudite. Mais alors que la Guetna coïncide cette année avec le Ramadan, l’augmentation de la demande créée par le mois sacré génère de nouveaux emplois pour les Mauritaniens.

« Comme d’autres jeunes dans les régions rurales, je profite de la saison de la Guetna », dit Mbark Ould Mohamed à Magharebia. « J’ai lancé une affaire de négoce des dattes il y a plusieurs semaines. Je transporte les dattes depuis les oasis du nord vers la capitale, Nouakchott, où je les vends. »

Ould Mohamed explique que « il y a une forte demande pour les dattes du fait de l’arrivée du Ramadan ; cela a permis à certains chômeurs, essentiellement des diplômés de l’université et des étudiants, de se lancer dans le commerce des dattes au vu des profits que peut générer un tel commerce. »

Les Mauritaniens des villes perçoivent eux aussi les avantages de la saison de la Guetna. Des centaines de jeunes urbains achètent les dattes auprès de distributeurs ruraux pour les revendre.

« J’ai signé un contrat de commercialisation il y a quelques mois avec des producteurs dans les oasis de régions éloignées qui ne peuvent se rendre en ville pour y vendre leurs produits parce qu’ils sont trop occupés », dit Mohamed Val Ould Bekren, un homme de 30 ans, à Magharebia. « J’ai engagé de nombreux jeunes qui travaillent avec moi dans ce négoce. Grâce à Dieu, nous avons réussi à réaliser des profits considérables, et les affaires se poursuivent. »

Mohamed Ould Bahiye, la cinquantaine, employé dans le secteur du tourisme, indique à Magharebia que bien que les dattes de Mauritanie soient de très bonne qualité, le pays manque d’usines de conditionnement et de stockage de long terme.

« La saison de la Guetna est donc la seule période de l’année durant laquelle ces dattes peuvent être consommées. Du fait que le Ramadan coïncide rarement avec la saison de la Guetna, les Mauritaniens doivent se tourner vers des dattes importées », explique-t-il, ajoutant que « cette année est exceptionnelle. Il ne fait aucun doute que le fait que la saison de la Guetna coïncide avec le Ramadan donnera un coup de fouet à l’économie nationale. »

Pour sa part, Bedder Eddine Ould Salem, un spécialiste de l’environnement, dit : « La Mauritanie compte près de 7 millions de palmiers-dattiers dans ses régions nord et est, qui produisent chaque année des centaines de milliers de tonnes de différentes variétés de dattes ; cela permet aux 4 millions de Mauritaniens d’être autosuffisants, mais seulement pendant la saison de la Guetna. »

« Nous devons également prendre en compte le fait que de grandes quantités de ces dattes sont gaspillées chaque année du fait des insectes et des oiseaux, et par suite du manque d’installations de réfrigération et de conservation permettant de préserver ces dattes pendant plus longtemps », poursuit-il.

« Aucune entreprise ne travaille dans le secteur des oasis de palmiers-dattiers », ajoute-t-il. « La plupart des oasis appartiennent à des familles qui se les transmettent d’une génération à l’autre, en-dehors de tout contrôle de l’Etat. »

Cette augmentation des opportunités dans l’industrie dattière en Mauritanie pourrait bien aider le pays à résoudre le problème du chômage, au moins pendant un temps.

Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud

Source  :  Magharebia le 10/08/2011

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