Marchés : l’Europe limite les dégâts, Wall Street en baisse

Les Bourses européennes ont limité la casse à l’ouverture, dans la foulée des marchés asiatiques, mais ont ensuite rechuté.

 

 

L’intervention de la BCE sur le marché de la dette espagnole et italienne ne soulage que les places de Madrid et Milan. Wall Street a ouvert en forte baisse : Dow Jones -1,66%, Nasdaq -3,35%.

En laissant percer sa volonté de racheter, pour la première fois, de la dette espagnole et italienne, la Banque centrale européenne (BCE) a sans doute évité le pire sur les marchés européens. Les Bourses européennes ont tenté de retrouver de la stabilité lundi 8 août au matin, mais la reprise a fait long feu. Préférant dans un premier temps se focaliser sur les efforts de la BCE et du G7 pour calmer les esprits, plutôt que sur la dégradation surprise de la note américaine, vendredi soir, par l’agence de notation Standard & Poor’s, le marché parisien a ainsi gagné jusqu’à 1,5 %. Le G7 a promis de prendre « toutes les mesures nécessaires » pour endiguer une nouvelle récession mondiale, et la Banque centrale européenne a annoncé « mettre en oeuvre activement » son programme de rachats d’obligations espagnoles et italiennes, soulageant notamment les valeurs financières lundi matin.

A 15H30, heure de Paris, Wall Street a ouvrert en forte baisse : Dow Jones -1,66%, Nasdaq -3,35%. La bourse brésilienne de Sao Paulo chutait de 4,5 % à l’ouverture. A Moscou, le RTS lâchait 5 % en milieu d’après-midi.

La BCE achète effectivement du papier espagnol et italien lundi, croit savoir l’agence Bloomberg, de différentes sources de marché. Ces rachats profitaient aussi aux emprunts de l’Espagne et de l’Italie dont les taux chutaient sous les 6 %, respectivement à 5,30 et 5,40 % vers 10H15, signe d’un certain apaisement sur les marchés. « La BCE vole au secours, il n’y aura pas d’Armageddon après la dégradation des Etats-Unis par S&P » estimaient lundi matin les stratèges de la Commerzbank. Du côté de la dette américaine, la perspective attachée à la note pourrait être relevée à stable si l’accord bipartisan sur la réduction du déficit américain est mis en oeuvre et si les baisses d’impôts de l’ère Bush sont supprimées, a déclaré lundi le directeur de la notation souveraine de Standard & Poor’s. Lors d’une interview accordée à Reuters Insider, David Beers a prévenu toutefois que l’agence de notation surveillerait de près si le Congrès américain se tient à ce à quoi il s’est engagé. Les spécialistes estiment que, paradoxalement, la décision de S&P devrait avoir un impact limité sur les emprunts d’Etat américains du fait de la place centrale du marché américain et du dollar dans la planète finances. « Les Treasuries US vont évidemment rester le benchmark mondial » dit Ciran O’Hagan, stratégiste taux chez Société Générale .

Mais le rebond n’a pas duré, et les marchés d’actions européens, à l’exception de madrid et Milan, évoluaient tous à la baisse dès 12H, Paris perdant environ 2 %, tout comme Francfort. La baisse s’est ensuite accéléré, et Paris perdait près de 3 % à 15H avant de se redresser légèrement. Athènes, la plus touchée des places européennes, perdait 5 au même moment. Les conséquences de la perte du triple A des Etats-Unis inquiétaient, tout comme l’évolution de la crise de la dette en Europe. Les valeurs financières, un temps favorisées par l’intervention de la BCE, limitaient leurs gains, voire revenaient dans le rouge. Les investisseurs ont noté que Berlin semble bloquer l’élargissement du fonds européen de secours (FESF), souhaité par plusieurs autres états membres, dont la France et les pays en difficulté. «Le 21 juillet, il a été décidé que le FESF reste comme il est et qu’il garde le montant qu’il avait avant cette date», a déclaré lundi un porte-parole du gouvernement allemand.

Auparavant, l’indice Nikkei de Bourse de Tokyo avait perdu 2,18%, abandonnant 202,32 points pour tomber à 9.097,56 points, en raison d’inquiétudes sur les finances de pays européens et des Etats-Unis et d’un regain du yen face au dollar et à l’euro. Il s’agit du niveau le plus bas en près de cinq mois pour cet indice des 225 titres-phares de la place tokyoïte. La séance a été plutôt active, avec quelque 2,04 milliards de titres échangés sur le premier marché. La journée avait débuté en léger déclin, mais le mouvement s’est accentué à la mi-journée, par contagion, du fait de la baisse de l’ordre de 4% constatée en cours de journée sur d’autres places asiatiques (Hong Kong, Shanghai). Hong-Kong a fini en baisse de 2,17 %, la Bourse de Sydney a clôturé lundi sur une baisse de 2,9% tandis que celle de Séoul limitait les dégâts avec une chute de 3,8 % après avoir abandonné un temps jusqu’à 6,3 %.

Premières à réagir à la dégradation par Standard and Poor’s, les Bourses du Moyen-Orient avaient accusé le coup dimanche: Tel Aviv a dégringolé de près de 7%, la Bourse saoudienne a terminé à l’équilibre après un plongeon de plus de 5% la veille.

Nouveau record de l’or

Côté change, le yen continuait de s’apprécier par rapport au dollar. Les investisseurs continuent d’être sceptiques malgré les déclarations des grands argentiers du G7 qui se sont engagés dans un communiqué à « prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la stabilité financière et la croissance ». Compte tenu de la dégradation de la note américaine et des dettes inquiétantes de nations européennes, il y a de fortes chances que le yen continue d’évoluer à haut niveau, et ce malgré l’intervention directe des autorités nippones la semaine dernière sur le marché des changes, ont commenté des courtiers.L’euro lui s’est raffermi à Tokyo face au dollar après l’annonce par la Banque centrale européenne (BCE) qu’elle allait racheter des obligations de la zone euro. L’euro a grimpé jusqu’à 1,4370 dollar lundi vers 07H00 (dimanche 22H00 GMT) et valait 1,4321 dollar vers 05H00 GMT. Il cotait 1,4281 dollar vendredi soir à New York, avant que l’agence d’évaluation financière Standard & Poor’s décide de retirer aux Etats-Unis la prestigieuse note « AAA », dont jouissent les émetteurs d’obligations les plus fiables.

L’or enregistrait un nouveau record sur le marché à Hong Kong, crevant le plafond des 1.700 dollars US l’once pour la première fois, en raison de son statut de valeur refuge qui attire les investisseurs. « Les gens retirent leur argent (des autres marchés: ndlr), notamment du dollar et de l’euro, pour le placer dans l’or et le yen japonais », a indiqué à l’agence Dow Jones Newswires un courtier basé à Tokyo.

Mobilisation générale

Nuit et jour ce week-end, G7, G20, gouvernements et banquiers centraux ont multiplié les contacts sur la crise de la dette en zone euro et le coup de tonnerre de la dégradation de la note des Etats-Unis pour rechercher une solution concertée avant l’ouverture des premières Bourses en Asie. En Europe, la BCE et le couple franco-allemand ont mis la pression sur l’Espagne et l’Italie pour redresser au plus vite leurs comptes publics. A Washington, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner a décidé de rester à son poste « pour répondre aux défis auxquels est confronté notre grand pays ». La presse spéculait depuis plusieurs semaines sur son départ.

Source  :  Les Echos le 08/08/2011

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