Les magistrats mauritaniens apprennent à combattre le financement du terrorisme

Les personnels de justice mettent au point des techniques destinées à lutter contre les transactions financières illicites dont pourraient bénéficier les terroristes.

 

 

Les juges mauritaniens viennent de conclure la première phase d’un cours de formation destiné à les aider à traiter les affaires de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.

Selon le ministre de la Justice Abidine Ould Elkheir, ce programme, qui s’est terminé le samedi 30 juillet, « intervient à un moment où le danger du terrorisme augmente, et où ses formes et ses méthodes de financement se diversifient » et où « le phénomène du blanchiment d’argent a pris plusieurs formes et dimensions ».

Des magistrats et des experts français dans ce domaine ont formé les participants à ce séminaire, organisé par le ministère de la Justice en collaboration avec le Comité d’analyse des données financières de la Banque centrale de Mauritanie et la Banque mondiale.

Ould Elkheir a salué la coordination internationale entre les autorités judiciaires, l’administration des douanes, les banques et les institutions financières visant à lutter contre le terrorisme et le blanchiment d’argent par des gangs à des fins subversives. Il a demandé à toutes ces entités de se montrer plus vigilantes et prudentes dans la découverte de transactions bancaires suspectes.

« Grâce à la compétence et à l’expérience des magistrats français qui supervisent cette formation, la performance de notre système judiciaire pourra se développer de manière positive », a-t-il conclu.

Mohamed Elbechir Ould Elyezid, conseiller chargé de la communication au ministère de la Justice, a déclaré à Magharebia que son ministère « souhaite développer l’expérience et l’expertise des magistrats et de leurs assistants, de manière à leur permettre de s’adapter aux évolutions dans le domaine du terrorisme et du blanchiment d’argent ».

Ce programme de formation a comporté « des présentations très intéressantes sur le cadre légal et juridique des affaires financières de blanchiment d’argent et de terrorisme », et les participants « ont appris à connaître les méthodes d’investigation financière, les formes et les moyens de détournement financier et les transactions financières douteuses », selon Ould Elyezid.

« L’un des avantages de cette formation est qu’elle constitue un cadre de consultations, de discussions et de partage d’opinions sur les expériences de la communauté internationale dans son traitement des délits liés au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme, et un examen des affaires concrètes dans ce domaine », a-t-il ajouté.

« Le phénomène du blanchiment d’argent est très largement répandu dans le monde », a expliqué le formateur français Jean-Pierre Muchau à Magharebia. « Lorsqu’il y a des attentats terroristes, il y a inévitablement des opérations de blanchiment d’argent, parce qu’elles sont nécessaires aux opérations logistiques et militaires menées par les groupes terroristes de par le monde. »

Selon lui, le montant total d’argent blanchi chaque année dans le monde s’élève à 3 trilliards de dollars.

Interrogé sur le montant blanchi pour financer les opérations terroristes, il a hésité à donner des chiffres précis, mais indiqué que le coût d’un récent attentat terroriste survenu à Bali avait été estimé à 15 000 dollars.

La Mauritanie affiche une grande « rigueur » dans sa lutte contre ce phénomène, en « adoptant des lois qui le pénalisent et en organisant et en participant à des manifestations qui apportent une expérience dans ce domaine », a-t-il ajouté.

Ce programme visait à aider les magistrats et leurs assistants judiciaires à améliorer leurs compétences « en tant que membres de l’autorité judiciaire et pour traiter un phénomène relativement nouveau en Mauritanie », selon Fatima, l’une des membres du Comité d’analyse des données financières de la Banque centrale de Mauritanie.

« Les points qui sont présentés aux participants lors de cette première phase de la formation s’attachent à la différenciation entre les différents types de blanchiment d’argent et de financement des transactions suspectes », a-t-elle dit.

« Durant les journées qu’a duré cette formation, nous avons assisté à des présentations sur la définition du délit de blanchiment d’argent », a expliqué Ahmed Ould Mohamed Mahmoud, juge d’enquête au tribunal de la province d’Inchiri, à 200 kilomètres au nord de Nouakchott. « Tous les participants ont ainsi pu découvrir que le fait d’obtenir de l’argent auprès d’une source illicite et ambiguë relève du phénomène du blanchiment d’argent, que son objet soit le financement du terrorisme, le trafic de drogue ou le trafic d’armes. »

Selon lui, « de telles rencontres sont nécessaires pour les juges, parce que ce type de crimes se développe et par conséquent, la philosophie du législateur doit également se développer avec lui, pour pouvoir y répondre ».

« De surcroît, connaître les expériences d’autres pays qui ont fait des avancées dans ce domaine donnera aux juges mauritaniens une meilleure vision du phénomène et leur permettra d’apprendre des choses qu’ils ne connaissaient pas », a-t-il ajouté.

« Lorsque les magistrats rencontrent leurs formateurs, cela leur permet d’apprendre comment gérer ce type de dossier, qui peut survenir à tout moment, notamment du fait que la Mauritanie est désormais un pays visé par les réseaux de trafiquants et de terroristes et par le crime transfrontalier », a conclu Ould Mohamed Mahmoud.

Jemal Oumar

Source  :  Magharebia le 04/08/2011

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