Journées sur la sécurité alimentaire : Une option louable à concerter

Les journées organisées à Nouakchott par le ministère des Affaires économiques et du développement (MAED), en collaboration avec le Système des Nations Unies et l’initiative du développement économique en Afrique (NEPAD), les 27 et 28 juillet 2011, ont été édifiantes sur l’état actuel de la sécurité alimentaire dans le pays,

 

 

 

les limites des solutions passées et les perspectives d’une politique adéquate engagée sur la base de la conception d’une stratégie logique et réfléchie.

Aux deux journées tenues par le Ministère des affaires économiques et du développement sur ce thème crucial qu’est la sécurité alimentaire en Mauritanie, ont participé les institutions étatiques, les partenaires et des OSC/ONG Nationales impliquées dans le domaine du développement et de la lutte contre la pauvreté,

Les travaux de cet atelier ont permis des échanges de points de vue, sur les documents relatifs à la stratégie de la sécurité alimentaire à l’horizon 2015, et la vision alimentaire 2030 ainsi que sur la signature de la charte engageant la Mauritanie, en vertu du processus d’intégration agricole au niveau du continent africain, pour être exécuté par la suite en collaboration avec l’Union du Maghreb Arabe (UMA) et l’Union Africaine (UA) dans le cadre de l’initiative du développement économique en Afrique.

Rappelons que M. Komla Bissi, Représentant de l’initiative de développement économique en Afrique avait loué la coopération exemplaire qui lie le NEPAD et le département des affaires économiques et du développement.

Ce furent d’excellentes journées de réflexion et de débats en raison de la vitalité de la thématique, la richesse et la pertinence des exposés, et tout aussi bien l’importance des contributions des intervenants qui ont enrichi les discussions et les suggestions de solutions futures, mieux assorties avec les réalités, et dans le contexte d’une crise économique mondiale accentuée par la désertification et le réchauffement climatique croissant.

Il s’avère que l’Etat avait mis en place une politique de sécurité alimentaire courageuse, épaulée en cela par des partenaires importants comme le PNUD et des Agences du Système des Nations Unies comme la FAO, le PAM ainsi que bien d’autres.

Cependant, nous jugeons que la politique initiée par l’Etat depuis quelques décennies, malgré son impact positif ponctuel, en temps de crise alimentaire aigüe notamment, n’a jamais abouti aux objectifs escomptés, c’est à dire la garantie d’une réelle sécurité alimentaire au sens ou l’on discerne sécurité par garantie d’autosuffisance alimentaire à partir d’une exploitation rationnelle des terres et des aires pastorales rénovées.

Autrement dit, l’assise progressive d’une politique sécuritaire alimentaire fondée sur des solutions agricoles pertinentes et non l’offre circonstanciée de denrées en période de pénurie ou de famines chroniques. En ce sens, sécurité alimentaire et développement durable pourraient aller de pair au sein d’un programme de croissance économique intégrée et constante.

Au vu donc des échecs successifs passés de cette politique tâtonnante et négative, il nous est apparu opportun d’évaluer les causes de l’échec désastreux de cette politique qui n’était, en fait, qu’une suite de tentatives de solutions ponctuelles non réussies. Les causes en question pourraient être ainsi énumérées :

  • Une politique marquée par les tâtonnements et l’improvisation.

  • Le manque d’études adéquates préalables réfléchies.

  • La conception erronée marquée par la commodité pour résoudre les crises alimentaires aigues, au détriment d’une vision future, qui procède par l’anticipation, par une représentation consciente et clairvoyante.

  • La mauvaise gestion et l’opacité, traduite souvent par le clientélisme, l’opportunisme, le lucre et le gaspillage des deniers publics (chatun bi veyvaa)

  • La carence au niveau de l’encadrement administratif ;

  • Le manque de contrôle et de suivi.

  • L’absence d’un Observatoire indépendant relié au Ministère des Affaires Economiques et développement.

  • L’absence d’évaluation appropriée pour constater les erreurs du passé aux fins d’engager le redressement indispensable.

  • Enfin, le manque de concertation avec les OSC et ONG Nationales impliquées aux domaines sécurité alimentaire, nutrition et développement.

En fait, ces parties prenantes, dont l’implication est pourtant capitale pour la réussite de ce programme ambitieux et pour l’aboutissement d’une politique alimentaire avérée, aussi vitale qu’urgente, ont été systématiquement marginalisées par le programme institué.

Il parait incontestable, dans le contexte actuel, que l’Etat et ses institutions ne peuvent garantir, à eux seuls, ni la conception globale d’une réelle politique qui garantisse la sécurité alimentaire, ni son application de façon judicieuse. Car, tant au niveau de son élaboration qu’au niveau de sa traduction dans les faits, cette politique ne peut exclure de facto les Associations de la société civile, spécialisées et expérimentées et, surtout, les populations concernées au premier plan par toute mise en œuvre d’une politique d’autosuffisance alimentaire constante.

Il va falloir donc concevoir une politique rénovée pour la sécurité alimentaire, bâtie autour d’une nouvelle vision clairvoyante et dynamique. Au lieu de la vision des années soixante-dix, conçue dans un contexte catastrophique marqué par l’urgence, au lendemain de la sécheresse qu avait décimé les cheptels et désertifié les terres arables.

Aujourd’hui, une planification cohérente, fondée sur le potentiel agropastoral disponible, les moyens et les ressources humaines, ne peut marginaliser – ou ignorer- les ONG impliquées dans développement, les professionnels, le secteur privé et les populations qui sont la finalité de toute politique de développement durable.

Faut-il souligner ici que l’Observatoire au niveau du CSA ne jouait pas le rôle qui lui était dévolu puisqu’il évaluait unilatéralement sans contrôle ni arbitrage et ignorait, de ce fait, le rôle des parties prenantes et des ONG Nationales qui interviennent régulièrement dans le secteur ?

Pour ces raisons, nous en appelons à l’Etat et aux partenaires d’en tenir compte et d’en faire une priorité pour une réelle implication des OSP et ONG Nationales à l’élaboration des projets à l’échelle nationale, et ce aussi bien au niveau de la conception des programmes qu’au niveau de leur exécution et leur suivi sur le terrain.

En somme, seule l’exploitation des potentiels nationaux, dans les domaines de l’agriculture et de l’élevage essentiellement, est la garantie d’une suffisance alimentaire digne de ce nom. Or, sans l’intégration des forces vives, des populations et des OSP et ONG Nationales, toute politique, quelle que soit sa séduction, restera lettre morte. L’expérience l’a prouvé et nous souhaitons surpasser nos échecs précédents déplorables en ce domaine, pour introduire une réelle politique d’autosuffisance alimentaire au lieu de la politique de la main tendue.

 

Source : ONG AFE /Conseil des ONG National d’Appui au Développement Economique et Social (CONADES – Mauritanie)

Boumouzouna

(Contribution reçue à Kassataya le 03/08/2011)

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page