Billet : Ould Abdel Aziz lâche Khaddafi, un fidèle soutien.

Mohamed Ould Abdel AzizLa vie est cruelle pour les rêveurs ! Et la politique donc ! Il doit siéger dans le crane de Mouammar Khaddafi un violent tourbillon suite à la décision de Mohamed Ould Abdel Aziz de le déclarer fini et incapable de diriger la Libye. Qui l’eut cru ? On se souvient qu’après le coup d’Etat perpétré par le général Mohamed Ould Abdel Aziz contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le colonel Khaddafi, alors président de l’UA s’était fait un point d’honneur de faire entériner le fait accompli. Pendant que le Groupe de Contact (UA, OIF, CEDEAO, OCI, Ligue Arabe) s’employait à faire plier la junte militaire, Mouammar Khaddafi défendait urbi et orbi la légitimité de Mohamed Ould Abdel Aziz.

C’est ainsi que recevant le président renversé à Tripoli en mars 2009 pour chercher une solution à la crise institutionnelle en Mauritanie, le Colonel Khaddafi faisait comprendre à Sidi ould Cheikh Abdellahi que le retour en arrière n’était pas possible et que toute solution devait tenir compte du fait que Ould Abdel Aziz était le président de la Mauritanie.

Surpris par une cette position peu habituelle de la part d’un arbitre Sidi Ould Cheikh Abdallahi rentrait tranquillement reprendre sa méditation à Lemden, son village natal où il avait été assigné à résidence.

Auparavant, en signe de reconnaissance, Khaddafi avait accrédité un ambassadeur nommé par la junte militaire. Le colonel parvenait même à obtenir de son protégé mauritanien la rupture des relations diplomatiques avec Israël juste avant une visite restée gravée dans les mémoires. Indignés par le soutien affiché au grand jour par le colonel Khaddafi envers le général ould Abdel Aziz, la délégation du FNDD avec à sa tête Messaoud Ould Boulkheir avait alors quitté ostensiblement le palais des congrès pour manifester son désaccord.

Fort de ce soutien (et de bien d’autres), le général Ould Abdel Aziz réussit à «régulariser» son pouvoir.

Le Colonel Khaddafi se faisait fort de sillonner une Afrique en ébullition pour dénoncer la démocratie qui serait une excroissance honteuse importée d’un Occident honni. Il encourageait le président Tanja du Niger à modifier la constitution de son pays pour s’éterniser au pouvoir.

Aujourd’hui, la bourrasque a tourné. Et elle est arabe. Le fantasque colonel est dans de sales draps, plus proche de la Roche Tarpéienne que du Capitole. Réaliste, Ould Abdel Aziz n’a pas jugé utile de se compromettre pour son désormais ex parrain.

Ironie du sort, fin février 2011, la Mauritanie publiait un communiqué dans lequel elle réaffirmait «sa conviction entière que la pratique effective de la démocratie et des libertés publiques et individuelles est le seul garant de la paix, de la sécurité, de la stabilité et de la prospérité des peuples » (sic).

Dans la foulée, Ould Abdel Aziz se débarrassait de Naha Mint Mouknass, ministre des affaires étrangères réputée proche de Khaddafi. En politique il n’y a pas d’amis. Les intérêts convergent ou non et font des alliés de circonstance. Ould Abdel Aziz aurait pu choisir la loyauté. Il lui a préféré le réalisme. Ainsi va la politique. Ce n’est certainement pas Khaddafi qui dira le contraire.

Abdoulaye Diagana

Source: KASSATAYA

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