Aziz, l’homme qui murmure à l’oreille des ânes…

Depuis qu’on a appris avec stupéfaction que le général civilisé aurait demandé au ministre des affaires islamiques de prendre les dispositions pour faire un pont entre les morts et les vivants,

 

 

on s’étonne que personne, pas même un Oumeir, pourtant distingué par le patron,  n’ait dit que ce vœu pieux d’Aziz est tout simplement impossible à réaliser sans faire parler directement ceux qui sont impliqués directement ou indirectement dans la mise à mort des pendus d’Inal, pour ne parler que de ceux-là.

 Et ce, pour une raison simple ! S’il est facile d’avoir la liste de tous les disparus depuis 1960 suite à la guerre ou aux divers événements qui ont secoué les vivants et les morts depuis l’indépendance, reste qu’il sera impossible aux familles des victimes des peines capitales extrajudiciaires  de faire leur deuil comme il se doit car jamais on ne pourra leur indiquer la tombe des leurs car cela reviendrait à savoir dans quelle fosse commune ils gisent or comment le savoir sans savoir de qui on le sait ?

 D’ailleurs même le sachant et protégeant la source pour éviter de remonter à la raison d’état ainsi  nommée à l’époque par les chauvins qui estimaient que les pendus étaient un mal nécessaire pour éviter aux maures de subir le même sort si par malheur ces noirs-là de cette mouvance-là arrivaient à faire un coup d’état racial, comment être sûr que la terre indiquée serait la bonne et pas un tas de sable sous lequel ne reposerait rien !

 Ira-t-on jusqu’à creuser pour trouver des ossements et prendre les dispositions nécessaires pour faire des recherches via l’ADN pour savoir qui est qui ? Jamais cela ne sera fait de sitôt ! Alors il faut arrêter de faire croire à certaines familles que demain elles pourront prier sur les tombes véritables des leurs ! Ce sera impossible sans creuser, sans savoir qui gît là ou si quelqu’un y gît ou pas…

 Pour le reste, Aziz met là un doigt dangereux sur la tombe des autres et peut-être même sur la sienne sauf s’il n’est pas sérieux quand il fait de pareilles déclarations comme lorsque qu’il annonce quelque chose qui n’arrive jamais ; les exemples ne manquent pas et nous ne les citerons pas de peur de les juxtaposer à un malheur plein de cris de larmes et de sang.

 C’est pourtant là une méthode de gouvernance par la parole d’Aziz ! Parler pour tout dire en ne pouvant rien faire ou si peu. Pas à cause de lui certainement mais surtout à cause de la puissance des forces du refus qui ont des racines profondes dans les mentalités rétrogrades tout aussi vivaces que puissamment armées de peurs, de préjugés et de la haine qui est leur moindre effet collatéral.

 Aziz verbalise beaucoup, casse les tabous d’abord par le verbe ce qui n’est déjà pas mal ! On a vu cela pour des choses moindres comme faire rêver les citoyens de voir les ondes libéralisées mais retarder toujours la chose comme par un aveu d’impuissance face au danger que cela représente de livrer ainsi au destin la possibilité d’une radio des mille collines surtout qu’on entend ici et là de plus en plus des groupes qui se battent pour une race ou une caste car en face on leur a bien fait sentir qu’ils sont dominés par une race ou un petit lot de tribus dont le génie est à l’image de l’état du pays.

 De même on l’a vu avec l’esclavage : une forme d’action réduite à la portion congrue malgré le verbe de la promesse porté à l’extrême puissance du stérile cancan. Ainsi comme une sorte de thérapie contre l’esclavage mais à base de rodomontades, le pouvoir fait arrêter des esclavagistes puis les fait libérer juste pour lancer un signal fort aux autres pour qu’ils sachent que le pouvoir ne pourra pas rester longtemps complice des mentalités et qu’il faudra bien avancer face aux forces du progrès qui se font de plus en plus entendre.

 De même tout récemment, voilà Aziz encore, pour ce qui nous occupe, qui brise le silence par le verbe soi-disant qu’il serait suivi par l’acte que nous avons prouvé impossible à mettre en place entièrement hors des cas de guerre. Plusieurs voix ont rappelé que Aziz n’agit là encore que dès que les forces vives ont une belle idée pacifique inattaquable ainsi que l’a formulée Birame en annonçant qu’il irait avec celles et ceux qui veulent prier à Inal le 28 novembre prochain ! On s’étonne que personne n’ait pensé à cela avant lui car c’est ainsi qu’il faut agir, pacifiquement avec des idées invincibles !

 On s’étonne que depuis tout ce temps, personne n’ait acheté un terrain même dans Tevrag-zeina pour y faire un monument aux morts oubliés ! Pourquoi toujours accuser le pouvoir d’inaction quand nous-mêmes nous ne faisons rien ?

 Aziz veut bien faire, il n’y a plus de doute. Pourvu que touchant à la racine du mal, le mal ne l’emporte pas pour renaître sur ses cendres. Que ferions-nous alors si demain nous venait un Dadis Camara borné, sanguinaire avec une équipe violente, ignorante dans la pure tradition des milices du tiers-monde ? Nous n’aurions plus qu’à nous taire et subir car si face à un tel Aziz ami de la liberté d’expression nous n’arrivons pas à dire les choses, ni nous rassembler pour faire avancer les choses sans les politicards fossilisés, alors sans lui, nous retournerions à l’époque de la peur, de la mendicité intellectuelle, pour tout dire, l’époque de la décadence morale, culturelle, spirituelle, intellectuelle dans laquelle nous avons encore une bonne partie du corps et de l’âme car Aziz arrive à peine….

 Voilà pourquoi je dis: Aziz, l’homme qui murmure à l’oreille des ânes…

 A bon entendeur…

 Hi Han !

 

Vlane

 

Source  :  chezvlane.blogspot.com le 20/05/2011

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