Black-out sur un report, pour des humeurs politiques !

Le report sine die des élections sénatoriales série B qui devaient avoir lieu en avril mérite au moins des clarifications de la part des autorités de tutelle en l’occurrence le ministère de l’intérieur et de la décentralisation.

 

Aucune nouvelle date n’a été communiquée ni des argumentations fournies pour donner un certain sens à ce scrutin qui était sur le point de se dérouler et qui s’inscrit en toute logique dans le dispositif du processus électoral régi par des dispositions réglementaires.

En décrétant le report de cette complétion politique, les autorités se doivent, par respect au collège électoral et aux candidats déclarés à cette élection et aux mauritaniens, d’édifier l’opinion nationale sur les raisons objectives de cette décision. Les enjeux d’une élection notamment sénatoriale sont importants pour être renvoyés aux calendes grecques sans justificatifs d’ordre politique, techniques ou autres. Or, en interprétant ce report on voit nettement se profiler derrière cette décision des motifs éminemment politiques. Les choix opérés au sein de la majorité auraient-ils, à la dernière minute, éveillé des craintes sur des divisions qui pourraient faire éclater l’électorat potentiel de cette majorité où des contradictions se sont manifestées au grand jour. Les menaces de boycott brandies par le camp adverse ne se semblent pas être le motif réel de ce report. De même que les irrégularités soulignées à Keur-Macène sur des présumées cas d’achat de conscience ainsi que le bras de fer entre le ministre de l’intérieur et Boidiel sur fond de divergences politiques ne sauraient indéfiniment prolonger aussi longtemps un scrutin. Est-il normal de paralyser une élection à cause des humeurs politiques de ces hommes dont les intérêts ne valent pas plus que les devoirs citoyens des mauritaniens. Si l’obstacle est de cette nature il faut faire appel à un autre ministre de l’intérieur au-dessus de ce bras de fer et faire un changement de tout l’appareillage. Pourquoi le sénat ne demande pas des explications à l’occasion de l’ouverture de sa session ordinaire ? N’y a-t-il pas là des signes évidents d’un malaise plus profond qui n’arrive pas à être réglé par un dialogue entre les acteurs de la scène politique ? Il y a de plus en plus des raisons d’y croire. L’incapacité de tenir un scrutin à suffrage indirect pour des motifs tout aussi inavoués dénote de la fragilité de notre système électoral mais surtout d’un manque de professionnalisme des services en charge de la supervision de ce scrutin. Cela démontre qu’il y a tout un travail de réforme en profondeur qu’il faut mener pour améliorer le fichier électoral et des dispositions répressives à faire appliquer pour sévir contre les fraudes et autres comportements immoraux. La politique de l’autruche n’a plus droit de cité dans un environnement où la communication est le pivot de l’information. Dans une année les électeurs iront aux urnes pour choisir leurs députés et leurs maires. Il faut éviter des cumuler des retards qui donneront des sursis immérités à des maires , sénateurs ou députés qui doivent être sanctionnés ou plébiscités pour leurs engagements devant le peuple. Le président Aziz qui prétend assainir les finances ne doit pas perdre de vue que cette volonté ne pourrait aboutir que si tout le système politique fonctionne. Les deux chambres doivent être occupées par des hommes qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition à la hauteur des défis qui se dressent devant le pays.

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 11/05/2011

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