Agence du registre des populations et des documents sécurisés :

C’est parti pour l’opération d’enrôlement mais des interrogations demeurent.

 

 

C’est jeudi dernier que le chef de l’Etat donnait le coup d’envoi de l’opération d’enrôlement des populations à Sebkha. Dès lors, tout le pays en ébullition et particulièrement à Nouakchott. Même si tout le monde s’en réjouit, il n’empêche que des interrogations demeurent du fait du manque de communication de l’administration territoriale d’un côté mais de l’autre du manque d’intérêt des citoyens pour cette affaire. Résultat, cette opération est lancée sans que les populations ne sachent vraiment les conditions dans lesquelles l’opération doit se faire. Or il concerne tous les citoyens mauritaniens quelque soit l’âge ou le sexe.

A Nouakchott où l’opération d’enrôlement est en cours dans les représentations de l’Agence du Registre des Populations et des Documents Sécurisés disséminés dans les neuf moughataa de la capitale, n’est enrôlé dans cette première phase que les adultes de la tranche d’âge 45 ans et plus, si l’on en croît un agent d’état civil en service à la commune de Sebkha. Et pour cela, il faut présenter un extrait de la copie intégrale de naissance et la carte d’identité pour vérification, explique t-il. Une fois enrôlé, il est remis à l’intéressé, un numéro qui lui permettra une semaine après, de disposer de nouveaux documents d’état civil. Ce serait l’exemple donné par le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz lors de son enrôlement à Sebkha puisqu’il a présenté son acte de naissance et sa carte d’identité avant de laisser son empreinte digitale, de se faire photographier et de s’inscrire, donnant ainsi le coup d’envoi de l’opération.

Une tâche ardue
Il n’empêche que des interrogations demeurent parmi lesquelles justement, l’équation de la carte d’identité, cette pièce exigée pour l’enrôlement. Or, parmi les mauritaniens enrôlés par le projet carte d’identité (1.685.320 cartes nationales d’identité qui ont été produites depuis le 17 octobre 2000, date de démarrage effectif du projet avant d’être mis à la trappe en 2010 avec sa fermeture définitive), figurent de nombreux citoyens à travers tout le territoire national qui ont perdu leur carte d’identité et n’en connaissent même pas les références. Qui plus est, même s’ils avaient le numéro, l’obstacle reste que l’Etat mauritanien avait suspendu sa délivrance. Et la mesure n’a pas été levée jusqu’ici pour permettre aux citoyens de la renouveler. Autre interrogation du citoyen lambda, les cartes d’identité établies en 2000 et qui sont arrivées à expiration en 2010, sont elles valables pour l’opération d’enrôlement ? A charge pour l’agence d’y répondre. L’autre équation non moins importante est qu’à l’état civil bon nombre de gens ont été recensés mais ne se retrouvent pas dans le fichier national d’identification. Par exemple au Centre d’état civil de la commune du Ksar qui gère le fichier d’état civil des naissances à l’étranger, plusieurs mauritaniens enrôlés éprouvent des difficultés à retrouver leur identification. Serait-ce une incompétence des agents chargés de la recherche ? En tout cas cela semble être le cas pour certains agents incapables de retrouver l’identification tandis que d’autres parviennent sans beaucoup de mal à retrouver l’identification de la personne dans le fichier.
Pour l’intérieur, bien que l’opération ait démarré timidement à Nouakchott, rien ne paraît encore bouger puisque les équipes chargées de ce travail ne sont pas encore sur le terrain. Apparemment à l’état civil on s’affaire pour régler les problèmes de logistique à savoir le matériel bureautique, les finances et autres. Ce n’est pas un hasard si M. Mohamed Fadel Ould El Hadrami dit M’Rabih Ould El Weli a dit que l’opération se généralisera au niveau de toutes les moughataas du pays au plus tard le 20 juin prochain lors de la visite du Ministre de l’intérieur Mohamed Ould Boilil du centre d’enrôlement de Sebkha. Signalons que le but de cette opération consiste à sécuriser les citoyens et lutter contre la falsification des documents d’identité, l’immigration clandestine, le trafic des stupéfiants et le crime organisé et par conséquent à maîtriser les frontières à travers un système qui permet de déterminer l’identité de chaque habitant qu’il s’agisse d’un citoyen ou d’un résident, conformément aux textes en vigueur. Ce système biométrique conduira à un registre de la population qui serait la seule référence pour rendre public toutes les informations personnelles des citoyens et des résidents ainsi que des visiteurs. Il se fonde sur un arsenal de textes commençant par une loi adoptée par le parlement et un décret d’application rendu public récemment par le gouvernement ainsi qu’un arrêté du ministre de l’intérieur et de la décentralisation pour commencer cette opération sur toute l’étendue du territoire national et finissant par un arrêté du ministre de tutelle à l’issue de l’achèvement de l’opération d’enrôlement dans tous les coins du pays.
 

Moussa Diop

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 10/05/2011

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