Abidjan: tirs à l`arme lourde dans un quartier pro-Gbagbo (témoins)

Des tirs à l`arme lourde ont retenti lundi matin à Abidjan près de la résidence privée du général Philippe Mangou,

 

chef d`état-major des forces armées fidèles au président ivoirien sortant Laurent
Gbagbo, ont rapporté plusieurs témoins.

C`est la première fois que des tirs d`armes lourdes sont rapportés dans ce
fief de M. Gbagbo depuis le début de la crise née de la présidentielle de
novembre 2010, qui a déjà fait près de 400 morts selon l`ONU, et menace de
faire basculer le premier exportateur mondial de cacao dans la guerre civile.

Ces tirs dans le quartier de Yopougon (dans l`ouest d`Abidjan), bastion de
M. Gbagbo, interviennent au lendemain d`une avancée de ses adversaires dans
l`Ouest et alors que l`Union africaine a confirmé la victoire de l`opposant
Alassane Ouattara, déjà reconnue par une grande partie de la communauté
internationale mais rejetée par le camp Gbagbo.

Les tirs à l`arme lourde ont été entendus peu avant l`aube, vers 05H00
(locales et GMT) à proximité de la résidence du chef des Forces de défense et
de sécurité (FDS), dans la zone d`Andokoua, dans le nord (bien: nord) de
Yopougon, près de la forêt du Banco. Ils ont cessé environ deux heures plus
tard, selon des témoins.

« On a été réveillés par des tirs à l`arme lourde, suivis de tirs de
kalachnikov », a raconté une habitante de la zone. « On est couché, on ne peut
même pas sortir », a-t-elle ajouté. Un autre habitant a évoqué « des tirs
d`obus, de kalach ».

Depuis mi-février, le quartier d`Abobo, dans le nord d`Abidjan,
pro-Ouattara celui-ci, est le théâtre de combats entre FDS et insurgés
pro-Ouattara. La forêt du Banco, dont de larges zones échappent au contrôle
des forces de sécurité, sépare Abobo des zones nord de Yopougon, notamment
Andokoua.

Samedi, les forces pro-Gbago ont lancé une offensive pour déloger les
insurgés d`Abobo, faisant au moins une dizaine de morts. Mais cette opération
n`a guère changé la situation sur le terrain, les insurgés gardant le contrôle
d`une grande partie d`Abobo.

Le Conseil des droits de l`homme de l`ONU examinait lundi un rapport sur la
situation en Côte d`Ivoire, qui appelle notamment à la mise sur pied d`une
commission d`enquête internationale sur les violations des droits de l`homme
dans ce pays.

Le rapport de la haut commissaire de l`ONU aux droits de l`Homme, Navi
Pillay, conclut « à une détérioration drastique de la situation » depuis
novembre 2010.

« Les membres des Forces de défense et de sécurité loyales à Laurent Gbagbo
ont fait un usage excessif et mortel de la force pour réprimer les opposants
politiques, entraînant le pays dans la tourmente et créant un climat de
suspicion, de peur et de répression », selon le rapport.

Sur le front de l`ouest, les éléments des Forces nouvelles (FN),
ex-rébelion alliée à M. Ouattara, ont pris dimanche la ville de Doké, entre
Toulépleu et Bloléquin.

Depuis mi-février, les FN, qui tiennent le nord du pays depuis 2002, ont
ainsi pris quatre localités de cette région frontalière du Liberia, leur prise
majeure ayant été la ville de Toulépleu, tombée le 6 mars après des combats
contre les FDS et les miliciens qui les appuient.

L`objectif des forces pro-Ouattara est de prendre la ville de Bloléquin, à
une dizaine de kilomètres à l`est de Doké, qui leur ouvrirait un accès au
centre-ouest et au port de San Pedro (sud-ouest), le plus grand port
d`exportation de cacao au monde.

Une centaine de soldats FDS ont déserté et trouvé refuge au Liberia après
les combats à Toulépleu, ont indiqué des réfugiés ivoiriens dans ce pays.
Quelque 75.000 Ivoiriens ont fui au Liberia les violences depuis le début de
la crise, dont la moitié depuis un mois.

Source  :  AFP via Abidjan.net le 14/03/2011

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