L’arme des mercenaires africains de Kadhafi

Selon la FIDH, environ 6 000 mercenaires africains se trouvent en Libye, et leurs rangs seraient en train d’être renforcés. Ils sont le fruit d’années d’intervention de Kadhafi dans les conflits du continent.

 

Mouammar Kadhafi « les a entraînés, formés, puis gardés comme armée dormante », assure Ali Zeidan, porte-parole de la Ligue des droits de l’homme (LDH) libyenne.

Depuis le début de l’insurrection populaire en Libye, les mercenaires africains de Kadhafi semblent avoir été activés, en première ligne dans la répression.

« Les recrutements vont très vite »

« Il y avait au moins 6 000 mercenaires en Libye au début du soulèvement, assure Sidiki Kaba, président d’honneur de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Ils sont peut-être 10 000 aujourd’hui, car les recrutements vont très vite. »

L’avocat craint que « des mercenaires continuent à arriver pour renforcer les effectifs ». Une inquiétude que partage la LDH libyenne.

Selon Ali Zeidan, « 16 avions » transportant de nouveaux combattants se sont posés le 21 février à l’aéroport de Maetiga, à 70 km de Tripoli. Il estime que Mouammar Kadhafi dispose en fait d’une réserve de « près de 25 000 mercenaires qui n’ont pas encore tous été déployés ».

D’anciens combattants de rébellions africaines

Des hommes originaires selon lui du Tchad, du Niger, du Mali, de Somalie, du Zimbabwe et du Liberia. Des Soudanais, des Éthiopiens et des Burkinabés compléteraient les rangs. Ces mercenaires seraient pour la plupart d’anciens combattants de rébellions africaines financées par le colonel libyen dès son arrivée au pouvoir en 1969.

En 1972, il avait créé la Légion islamique, sorte de Légion étrangère aux contours flous, dotée de six divisions de combattants étrangers censés renverser des régimes, notamment au Tchad, au Soudan, au Niger et au Mali.

Puis, dans les années 1990 et au début des années 2000, « Mouammar Kadhafi a été le parrain d’innombrables conflits au sud du Sahara », indique Sidiki Kaba. Il a depuis « accueilli dans ses camps d’entraînement » nombre d’ex-soldats.

La Libye a soutenu diverses rébellions

Récemment, 800 Touaregs du Niger, du Mali, mais aussi d’Algérie et du Burkina Faso, ont été recrutés. À Bamako, au Mali, un discret bureau de recrutement a même été installé. Mouammar Kadhafi a soutenu financièrement les rébellions touarègues qui ont déstabilisé le Mali et le Niger pendant près de vingt ans. « Certains ex-rebelles ont été fabriqués par Kadhafi qui les a intégrés parmi ses milices après les avoir naturalisés libyens », note une source touarègue du Niger.

Ali Zeidan pointe quant à lui le rôle du Tchad. Dès le début des années 1970, la Libye y a soutenu diverses rébellions et occupé la bande d’Aouzou, au nord. Des membres de ces groupes rebelles vivraient aujourd’hui en Libye. Selon la LDH libyenne, les mercenaires en Libye sont « dirigés par deux généraux tchadiens aux ordres de l’ambassadeur du Tchad en Libye, Daoussa Déby, le frère du président tchadien Idriss Déby ».

Selon des sources concordantes, un pont aérien aurait récemment été mis en place depuis le Tchad pour acheminer des mercenaires supplémentaires en Libye. Une information qui pousse Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH, à demander « dans les meilleurs délais » une interdiction de survol du territoire libyen.

 

Camille LE TALLEC

Source  :  La Croix le 03/03/2011

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