Où sont passés les 48 millions de dollars de la BCM ?

Depuis quelques mois les medias et les députés déterrent des dossiers de prévarication, de détournement et de corruption présumés, mais aucun de ces dossiers n’arrive à la cheville du point de vue importance, à celui de la disparition de 48 millions de dollars accordés par la BCM à la Sonimex en 2008.

A l’époque on était en plein PSI et la Sonimex manquait de ressources pour assurer un approvisionnement régulier du marché mauritanien notamment en riz de qualité. A l’époque la BCM avait avancé les 48 millions de dollars en posant comme condition la domiciliation des recettes de ventes de la Sonimex au compte 3001123 ouvert par la société au sein de la BCM.
Aujourd’hui, force est de constater que la BCM qui avait engagé dans cette opération le quart de ses réserves en devise, n’arrive toujours pas à récupérer ces fonds qui continuent à apparaître comme une tache noire dans ses états financiers comme l’a souligné le rapport d’audit du cabinet Deloitte.
Mais le plus grave c’est que même au niveau de la Sonimex, personne non plus ne sait ce qu’il est advenu de cet argent. Alors, au moment où Ould Dadde, ou Ould Khattry pour ne citer que les plus célèbres, croupissent en prison, d’autres personnes dont le préjudice causé est sans commune mesure continuent à jouir de leur tranquillité. L’argent à disparu comme par enchantement. Il n’est pas stocké sous forme de produits et il ne se trouve sur aucun des comptes de la Sonimex qui sont tous débiteurs. La Cour des comptes, l’IGE ainsi que tous les autres corps de contrôle doivent se pencher sur ce dossier afin de l’élucider.
Il faut rappeler que la Sonimex a été créée au lendemain de l’indépendance pour pallier à l’absence d’un secteur privé national capable d’assurer un approvisionnement régulier du marché national.
Dès sa création le 20 juillet 1966 (loi N°66.015) , le monopole d’importation lui fut accordé par décret N°66.147 du 23 juillet 1966, l’approvisionnement du pays en tissus de guinée, riz, thé et sucre. Elle devait aussi assurer la collecte et l’exportation de la production de gomme arabique jusqu’aux grandes sécheresses des années 70.
L’essor du secteur privé de la distribution a entraîné à partir des années 90, la suppression du monopole pour le riz et le sucre et la redéfinition de la mission de la Sonimex qui n’est plus que la régulation du marché des produits alimentaires de grande consommation.
A cette mission générale, sont venues s’ajouter, à la demande des pouvoirs publics, des missions plus spécifiques et ponctuelles comme le PSI, le plan d’urgence, l’opérations paddy, l’approvisionnement en engrais et semences des agriculteurs et l’opérations Ramadan…..
Pour ce qui concerne les 48 millions de dollars, l’auditeur de la BCM avait noté dans son rapport qu’au regard de l’exercice comptable 2008, la BCM avait réescompté une traite Sonimex de 200 millions d’ouguiya, et jusqu’à cet instant aucun intérêt n’a été inscrit dans les comptes et le montant n’a pas été acquitté.
Aujourd’hui les derniers états financiers certifiés de la BCM, laissent apparaître un trou béant de 11 798 220 362 sans que l’on sache, qui cette fois encore devra payer cette facture dont le moins qu’on puisse dire, est qu’elle est bougrement salée. 

BC

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 12/01/2011
 

 

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