Les étudiants mauritaniens célébrent le cinquantenaire à Paris.

C’est sur une péniche amarrée sur les bords de la Seine, non loin de Bercy que  l’Association des Jeunes Mauritaniens de France (AJMF) a célébré le cinquantenaire de l’indépendance de la Mauritanie. La cérémonie prenait une tournure officielle avec la présence des représentants de l’ambassade de Mauritanie en France et du président de l’Union des Travailleurs Mauritaniens de France venus célébrer un demi-siècle d’indépendance. Au programme, entre autres, une mini exposition des portraits des différents présidents de la Mauritanie. Un stand riche en couleurs présentait un échantillon de produits artisanaux (bijoux, colliers, bracelets et plateaux de thé …) symboles du savoir-faire des artisans mauritaniens

Après le mot de bienvenue de M Khaled Ould Mohameden, président de l’AJMF,  les différents invités ont à leur tour pris la parole.

M Mohamed  Ould Mohamed Abd, attaché culturel de l’ambassade de Mauritanie en France, a réitéré le soutien de l’ambassade pour ce genre d’initiatives. « La Mauritanie, dira-t-il, est une terre de culture qui accueille celui qui cherche la connaissance des textes anciens, le savoir et la sagesse à travers les livres ». Faisant allusion à la situation politique et sécuritaire, l’attaché culturel soutient que le pays « doit demeurer un espace de paix de respect et de sécurité que nous devons défendre contre les ennemis aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur« .

Il a rappelé « que la Mauritanie est un pays jeune qui se construit encore aujourd’hui et dans ce sens,[ il] lance un appel aux jeunes pour perpétuer et continuer cette construction qui n’a pas été facile pour la génération fondatrice, en s’inspirant des valeurs d’ honneur, de fraternité et de justice qui sont le socle de la société mauritanienne« .

Le chargé d’affaires, M Traoré Harouna, mettra l’accent, pour sa part, sur l’espoir et la richesse que constitue cette jeunesse mauritanienne qualifiée et de plus en plus soucieuse du devenir de son pays. Comprenant le choix de certains de vouloir monnayer leurs expériences sous d’autres cieux, il les exhorte néanmoins à mettre leur savoir au service de la Mauritanie. Dans la foulée, M. Traoré annoncera la deuxième édition de promotion de la » Mauritanie à Paris » qui donnera lieu à des rencontres entre des entrepreneurs, des banquiers et de recruteurs qui sont à la recherche de cadres mauritaniens qualifiés. De même cet événement permettra de mettre en lumière les potentialités d’investissements miniers, touristiques…

Enfin, le conférencier du jour, M. Beddi Ould Ebnou soulignera la difficulté qu’il a à traiter de l’histoire de la Mauritanie, citant en exemple la situation dans laquelle s’était trouvée feu Saidou Kane, suite à une conférence animée il y’a 15 ans de cela, les questions de l’assistance ayant tourné à l’accusation et à la vaine controverse en lieu et place d’un dialogue et échange intellectuels dignes de ce nom que le conférencier en sa qualité de spécialiste aurait souhaité.

Le conférencier s’attardera sur la méthode d’écriture de l’histoire en général, sur laquelle il semble émettre des réserves. Les Etats  modernes dont la Mauritanie se revendique sont fondés sur le mythe national ; ainsi, ils veulent que » l’histoire reflète une sorte d’ossature sociale, qui donnera une certaine cohérence aux groupes qui la constituent« .

Pour étayer ces propos il poursuit son explication en disant que dans ces pays qui se disent modernes « on ne veut pas d’une histoire en tant que simplement historiographie (description de l’histoire passée), on veut quelques chose qui permet d’abord  de tenir compte du point présent pour regarder le passé… c’est ce qu’on appelle un récit qui donne une cohérence globale à un cadre territorial qui lui est tout à fait récent mais de façon anachronique on le projette sur l’histoire ancienne. »

Et il explique que les Etats postcoloniaux dont fait partie la Mauritanie ont utilisé de façon similaire cette démarche pour écrire l’histoire et ainsi donner une cohérence aux groupes actuels qui constituent la Mauritanie.

Cependant, il souligne que » donner une cohérence à un Etat a toujours comme corollaire de donner la cohérence à partir du point de vue du rapport des forces existants dans un Etat donné à un moment donné. Or le rapport de force dans un Etat reflète effectivement le point de vue dominant à un moment donné, mais reflète aussi le point de vue opposé de ceux qui se sentent lésés, marginalisés à un moment donné de cette l’histoire, c’est la querelle historique la plus connue avec, dit-il, les historiens officiels de l’Etat et les historiens para-officiels ».

A la suite de ces explications il remonte sur l’historiographie de ce territoire appelé aujourd’hui Mauritanie en s’attardant sur les différents empires du Nord et du Sud, des différentes alliances et conquêtes. M Bedi Ould Ebnou exhortera aussi les chercheurs mauritaniens à exploiter les différents documents historiques sur la Mauritanie qui dorment dans les bibliothèques parisiennes et d’Aix-en-Provence. Car une telle exploitation pourrait dans une certaine mesure corriger les problèmes de sources auxquels sont confrontés certains chercheurs.

Enfin, cette journée riche en enseignements et en échanges s’est terminée autour d’un buffet et une visite de l’exposition artisanale et murale, qui renseigne à plus d’un titre sur les villes, sites et écrits historiques dont regorge la Mauritanie et reconnus comme faisant partie du patrimoine mondial par l’Unesco.

Thierno DIALLO pour KASSATAYA

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