Préparatifs du cinquantenaire de l’indépendance : La commission démarche les partis politiques

Dans le cadre de la préparation du cinquantenaire de l’indépendance, deux membres de la commission préparatoire présidée par Sy Adama, ministre secrétaire général à la présidence de la république, ont été reçus par le président de l’AJD/MR Ibrahima Moctar Sarr. Cela s’est passé le lundi 28 juin dernier au siège de l’AJD/MR. De source bien informée, les deux émissaires, Abdellahi Ould Ahmed Damou et Diabira Bakary, respectivement chargé de mission et conseiller à la présidence de la république, étaient porteur d’une invite au parti de Ibrahima Moctar Sarr afin qu’il participe aux préparatifs du cinquantenaire de l’indépendance. L’ambiance était cordiale et des plus détendue. Il n’empêche, le doute n’est pas permis sur la réponse qu’apportera le parti à une telle démarche. Il semble d’ailleurs que le président du parti qui avait réclamé le document de travail de la commission préparatoire va l’étudier d’abord avant de se prononcer. Il n’est même pas à écarter qu’il prenne l’initiative de rencontrer le chef de l’Etat, dès lors que l’opportunité se présente, pour éclaircir certaines questions qui lui tiennent à cœur.

En effet, faut-il le préciser, compte tenu de l’état piteux dans lequel se trouve l’unité nationale depuis l’indépendance du pays jusqu’à nos jours, la célébration du 28 novembre rappelle des moments douloureux et difficiles pour la communauté négro-africaine victimes de violations massives des droits de l’homme, d’exactions en tout genre, d’exclusion et semé la discorde. Dans ce cadre, l’Ajd/MR qui a toujours défendu la poursuite du règlement du passif humanitaire par les réparations des préjudices subis, est soucieuse de voir quelque chose érigé en mémoire des victimes des années de plomb du régime de Maouya Ould Sid’Ahmed Taya durant le 28 novembre. Sans doute le leader de l’AJD/MR tentera de plaider au près de Mohamed Ould Abdel Aziz cette question lancinante. Ce devoir de mémoire avait été avancé par Covire de Sy Abou qui proposait que certaines rues soient baptisées au nom des victimes et aussi organisé des cérémonies publiques en leur hommage. Contrairement à la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD), l’AJD/MR entend discuter de sa participation au cinquantenaire de l’indépendance en défendant les sujets qui préoccupent le parti dans un tel moment. Pour la COD représentée par Boïdiel Ould Houmeïd assurant la présidence tournante et qui avait été saisie par les mêmes hauts fonctionnaires de la présidence de la république, elle persiste et signe. « La question d’une participation au cinquantenaire ne peut être dissociée du problème global de la Mauritanie. Si une solution est trouvée au problème qui est général, cette question comme celle d’ailleurs de Bruxelles trouvera certainement une issue dans le cadre global du dialogue qu’il faut résoudre. Lequel dialogue ne peut avoir pour référence que l’accord de Dakar que les deux parties ont signé ».

Les préparatifs vont bon train
En attendant de savoir qui va participer ou non aux préparations de ce cinquantenaire de l’indépendance, tout Nouakchott vit au rythme de grands chantiers. Le gouvernement s’est engagé dans la réhabilitation de deux grandes artères de la capitale. D’un coût global d’un peu moins de deux milliards d’ouguiyas, ces travaux de réhabilitation concernent l’avenue John F. Kennedy sur une longueur de 1,7 km et l’avenue Gamal Abdel Nasser sur quelque 4 km. Chacune de ces artères sera portée à une largeur de 18 mètres, avec 2 voies et 3 couloirs, à l’issue des travaux qui comportent de nombreux avantages, selon les officiels. Ce qui permettra, semble t-il, d’obtenir une plus grande fluidité de la circulation tout en donnant un nouveau look à la ville. L’électrification des quartiers périphériques, la construction d’un réseau d’assainissement, la mise en place de feu de signalisation à tous les carrefours, tout se passe dans dirigisme absolu. Il est à rappeler que c’est le 23 mai 2010 que la Commission interministériel chargé du cinquantenaire de l’indépendance avait démarré ses activités.

Cinquantenaire, quel sens ?
C’est en décembre dernier que le Président de la République recevait Jacques Toubon l’ancien ministre secrétaire général français du cinquantenaire des indépendances africaines en 2010 pour discuter du cinquantenaire de l’indépendance de la Mauritanie et de l’indépendance des 14 autres pays qui étaient des colonies françaises et qui, en 1960, étaient devenus des états souverains et indépendants. L’idée émane du président français Nicolas Sarkozy qui a pensé que l’année 2010 est une occasion qui pouvait éclairer, renouveler et refondre la relation entre la France et les 14 états africains en vue de se tourner vers l’avenir. Pour lui, cette relation renforcée devrait constituer un instrument pour affronter les défis de l’Afrique et permettre de construire la prospérité de ces pays en partenariat avec la France. Jacques Toubon a la mission d’impulser et de coordonner les différentes initiatives prises en France pour commémorer cet anniversaire et établir des partenariats que la France aura avec les différents états. Ce cinquantenaire pourrait être une bonne occasion de faire connaître l’histoire aux plus jeunes et de s’inscrire dans une perspective de relations entre la Mauritanie et la France tournées vers l’avenir. A ce titre, la France compte établir avec les autorités mauritaniennes -de concert avec l’ambassade de France- un programme qui sera à la fois des manifestations dans son pays et en Mauritanie et dont le socle sera un sommet prévu le 14 Juillet 2010 en France, où le Président Sarkozy compte rassembler tous les 14 chefs d’Etat, concernés. Un budget de 16,3 millions d’euros a été alloué pour fêter cet événement qui concerne les quatorze pays suivants: Mauritanie, Mali, Madagascar, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Congo Brazzaville, Côte d’Ivoire, Gabon, Niger, Sénégal, Tchad et Togo. Dans un geste destiné vraisemblablement à compenser le traitement inique et injuste réservé aux «oubliés de la république», le clou du spectacle sera le défilé militaire du 14 juillet où les armées des anciennes colonies défileront sur les Champs Elysées aux côtés de l’armée française. A l’exception de l’armée ivoirienne.
Moussa Diop

 

Source: Le Quotidien de Nouakchott

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