Insécurité dans la banlieue : La psychose règne en maître

Toutes les nuits, les quartiers périphériques sont frappés de plein fouet par un regain de violence qui oblige leurs populations à vivre dans une psychose totale. Reportage nocturne à

bord d’un taxi pour connaître l’ambiance qui prévaut dans ces lieux.

« La nuit tous les chats sont gris », cet adage sonne comme une alerte pour les habitants des quartiers périphériques de Nouakchott (Dar Naim, El mina Mrabatt, Basra, Kouva, Teyarett.., victimes tous les jours de rapine, viol, meurtre etc.
Cette insécurité caractérisée par l’absence d’électricité dans certaines zones, constitue une aubaine pour les malfaiteurs qui, après leur forfait disparaissent toujours sans laisser de traces.
Un regain de violence et d’insécurité fustigés par ces banlieusards qui n’osent plus franchir le seuil de leur portail, au delà d’une certaine heure.
Dar Naim 18, il est 23h, un silence de mort règne dans la cité. Sous le brouillard et la pénombre de la nuit, le taxi peine à retrouver la rue principale qui mène vers la Station Oryx.
Tout est lugubre, même pas une boutique, ou une maison ouverte, on se croirait au fond des abysses. Tout le long de la piste ressurgit comme par enchantement, un âne égaré ou un chien aboyeur. Les maisons, sous le coup de la lumière de la voiture, ressemblent à un tas de feuilles mortes. Le taximan, pour détendre l’atmosphère, glisse dans sa radio CD grinçante, une musique afro-cubaine grelottante. Insuffisante pour chasser le doute et le grand vide qui s’installe autour de nous. « Face à l’insécurité, les populations préfèrent se terrer chez elles dés 21 heures. », dira le taximan.
Une planque idéale pour les malfaiteurs dira t-il, mais honnit par les taximen qui refusent de s’y aventurer pendant la nuit. Après quelques coups d’accélérateur, nous reprenons la grande route pour cette fois-ci, nous diriger vers la citée perdue de Kouva.
Une Gazra sortie des décombres s’ouvre à nos yeux. Malgré une électrification anarchique de tout le périmètre ; on regagne cahin-caha ses petites ruelles.
Par mesure de prudence et du fait de l’étroitesse des ruelles, nous préférons garer la voiture et continuer à pieds. A pas feutrés, nous nous embarquons dans un labyrinthe sinistre, inhospitalier, mais qui abrite quand même, des milliers de vie. A force de s’avancer, on tombe, tantôt sur un groupe de jeunes, tantôt sur deux tourtereaux. Ici la prudence règne en maître, car le danger est présent partout et peut surgir n’importe où. Ainsi, maraudage, viol sont les lots quotidiens des ce quartier qui peine à retrouver sa confiance et son sourire.
Pour ne pas prendre beaucoup de risque et vu que mon compagnon s’impatientait pour rentrer, on reprend la grande route pour aller vers Toujounine. Une cité tranquille qui longe la route de l’espoir, célèbre pour son abattoir et son centre de collecte de Zazou (sachet plastique).
Battit sur les dunes de sables, le quartier de Toujounine est ahurissant la nuit. Trompe- l’œil la journée, il offre une ambiance sinistre et terne la nuit, causée par l’éloignement. Impossible de circuler dans certaines zones avec une voiture à cause de l’ensablement des lieux. Ici c’est pire que Dar Naim et plus horrible que Kouva. Depuis notre arrivée, nous n’avons rencontré, ni chat de gouttière, ni un âne apeuré. On dirait que l’endroit est maudit. « Même pour 1000 UM la course, je ne m’aventurerai jamais la nuit dans cet endroit.» clame notre chauffeur.

Prendre des mesures drastiques

Il est 01 heure 45 minutes quand nous décidons de mettre fin à cette aventure. Cette cavalcade risquée, qui nous a permis de découvrir les malheurs de ces populations, face au danger que représente une cité sans électricité.
« Ils sont tous dans le même galère » assène le chauffeur, avant de démarrer en trombe.
L’extension de la Capitale doit être accompagnée d’infrastructures cohérentes. A commencer par l’électrification des quartiers périphériques pour mieux lutter contre le banditisme
Pour le moment, la police, voir la gendarmerie doit être plus présente dans ces lieux pour veiller à la sécurité des populations.
Dialtabé

Source   :   www.quotidien-nouakchott.com le  29/12/2009

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page