Bouger pour mieux apprendre : Comment lutter contre la sédentarité à l’école

The Conversation – L’école s’est longtemps construite autour d’une dualité entre le corps et l’esprit. Or l’activité physique bénéficie aux performances cognitives, nous dit la recherche, et la sédentarité a des effets néfastes à long terme sur le bien-être des jeunes. Comment changer la donne dans les établissements ?

Le manque d’activité physique est un facteur majeur de l’explosion mondiale des maladies cardiovasculaires, du diabète et de certains cancers. La sédentarité fragilise aussi la santé mentale et altère le bien-être quotidien des jeunes.

Malgré de solides preuves sur les vertus de l’exercice, les niveaux d’inactivité physique restent alarmants, et augmentent même depuis vingt ans chez les jeunes. Or, l’enfance et l’adolescence ne constituent pas de simples étapes de vie. Ce sont des périodes charnières au cours desquelles se forgent des habitudes de santé pour l’avenir. L’école – espace‑temps commun à presque tous les enfants de la nation – peut être un levier de changement essentiel.

Pourtant, loin de freiner cette tendance, l’école la nourrit. En France, entre le CP et la terminale, si l’on additionne toutes les heures de cours passées assis, nos enfants resteraient l’équivalent d’une année entière vissés sur une chaise, nuitées comprises. Constat d’autant plus marquant qu’il accompagne la baisse régulière de l’activité physique entre 7 ans et 15 ans. À cela s’ajoutent des disparités socioéconomiques et de genre : les petites filles issues de milieux défavorisés payant le plus souvent le prix de ces disparités.

Démystifier l’opposition entre corps et esprit

Une explication possible à l’omniprésence du temps sédentaire à l’école réside dans une croyance tenace, et pourtant infondée, qui oppose les apprentissages du corps à ceux de l’esprit. Le mouvement est ainsi souvent perçu comme un obstacle à l’apprentissage, associé à des comportements d’élèves jugés problématiques : « agités », « turbulents », « qui ne tiennent pas en place ».

Si les enseignants reconnaissent volontiers l’importance de l’activité physique pour la santé, ils méconnaissent encore souvent ses vertus sur les apprentissages. Pourtant, les travaux de synthèse sont sans équivoque. Pratiquer davantage d’activité physique améliore les fonctions cognitives, la structure et le fonctionnement cérébral, ainsi que les performances académiques.

Dans le contexte scolaire, les synthèses de la littérature montrent qu’une augmentation du temps consacré à l’activité physique se traduit par une amélioration des performances en mathématiques. Fait notable : aucune étude n’a mis en évidence d’effet indésirable de cette augmentation du mouvement à l’école sur les résultats scolaires. Autrement dit, activité physique et réussite académique sont complémentaires, et non concurrentes.

Faire une place au mouvement dans la journée scolaire

S’il est urgent d’agir, comment faire ? Il ne s’agit pas simplement de pointer du doigt les enseignants ni de leur dicter ce qu’ils devraient faire. L’enjeu consiste à leur proposer des pistes concrètes et réalistes pour intégrer davantage du mouvement à l’école.

Pour y parvenir, il semble d’abord nécessaire de transformer la culture scolaire et les représentations de la communauté éducative pour que le mouvement cesse d’être une simple parenthèse et devienne un pilier de chaque établissement.

La généralisation, dès la rentrée 2025, des tests d’aptitude physique dans toutes les classes de sixième pourrait constituer une avancée majeure en valorisant la dimension corporelle de l’enseignement et en renforçant le rôle de l’école dans la promotion de la santé publique. Dans la même logique, intégrer la question du mouvement et de la place du corps dans les critères d’évaluation des établissements scolaires renforcerait la prise de conscience de leur importance et adresserait un signal institutionnel fort.

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Associate professor, École normale supérieure de Rennes

 

Professeur agrégé d’EPS, chargé d’enseignement, École normale supérieure de Rennes

 

Maître de conférence, Université Bretagne Sud (UBS)

 

 

 

Source : The Conversation  – (Le 31 août 2025)

 

 

 

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