
En Mauritanie, on ne reconnaît pas des partis politiques, on reconnaît ses cousins. À chaque vague d’“ouvertures démocratiques”, c’est le même scénario : les partis qui passent la barrière sont ceux qui jurent fidélité au système, ou mieux, ceux qui ont déjà un pied dans les salons de l’armée et un autre dans les mosquées des islamistes.
Bref, la démocratie à la mauritanienne : on ne diversifie pas, on clône. Le ministre de l’Intérieur est devenu le grand directeur de casting politique. Il distribue les rôles comme on distribue les cartes dans une partie de belote : toi, tu joueras le parti islamiste modéré ; toi, le parti centriste docile ; toi, le faux opposant toujours disponible pour signer un communiqué de consensus.
Les autres ? Attendez treize ans, on vous rappellera. Et le plus fascinant, c’est qu’il ne doute de rien. Tranquille, imperturbable, il fait comme si la démocratie était sa propriété privée, comme s’il pouvait prêter ou retirer le droit d’exister en politique selon son humeur du jour. C’est un peu comme si le gardien du stade décidait lui-même qui a le droit de jouer au football, et choisissait l’équipe qui doit gagner avant même le coup d’envoi. Résultat : le pluralisme ressemble à une vitrine de boutique vide où l’on change seulement l’éclairage. On nous parle de diversité, mais on sert toujours la même soupe, réchauffée, avec juste un nouvel emballage.
À force de fabriquer des partis clones, le système n’ouvre pas la démocratie, il l’asphyxie. Et pendant ce temps, ceux qui représentent une vraie voix, une vraie alternative, attendent encore qu’on leur tende ce fameux récépissé. Autant attendre le bus à minuit dans un désert : on sait qu’il ne viendra jamais…Wetov
Sy Mamadou
(Reçu à Kassataya.com le 21 août 2025)
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