Mauritanie : le festival de la vallée ou la diversité culturelle en trompe l’œil

Au lendemain du lancement du festival de la vallée qui relance la saison culturelle du Gorgol à Kaédi, les observateurs s’interrogent sur la promotion de la culture locale attendue par les populations du Gorgol et au-delà de toute la vallée.

Ce festival effectivement qui joue un rôle crucial dans la promotion de la culture locale et dans la dynamisation de la vie culturelle du Gorgol offre une plateforme pour les artistes locaux et permet de célébrer et de préserver les traditions culturelles.

La saison culturelle de cette région s’inscrit dans un agenda national. Et à ce titre, comme le festival de Djewol, cette volonté politique de la diversité culturelle est un leurre dans la mesure où les langues nationales qui portent cette culture ne sont pas reconnues officiellement comme langues d’enseignement mais seulement de communication. L’officialisation de ces langues au même titre que l’arabe étant une ligne rouge depuis près de 65 ans.

En affirmant lors de l’ouverture des festivités que la Mauritanie est une maison commune à tous les Mauritaniens, la ministre du tourisme fait de la surenchère politique qui confirme que la culture nationale est un simple vœu pieux. Quand des milliers de négro-africains et de harratines sont devenus des apatrides et des sans papiers faute d’enrôlement. Quand ces deux composantes nationales sont toujours marginalisées dans l’armée et les forces de sécurité et dans la haute administration. Autant de discriminations qui les éloignent même de l’audiovisuel public où ils sont considérés comme des amuseurs de la galerie. Le ministre de la culture n’a pas caché « la beauté naturelle, les paysages enchanteurs, et le potentiel agricole et pastoral de la wilaya du Gorgol ». C’est clair, c’est tout ce qu’attend le gouvernement, le Gorgol comme grenier et site touristique.

Dans ces conditions, la diversité culturelle c’est de la poudre aux yeux pour perpétuer la négation des cultures de ces deux composantes nationales qui représentent la majorité des Mauritaniens.