
Il y a 40 ans, jour pour jour, les jeunes de WLK (Wagadu Lemunun Kafo) manifestaient leur attachement à des valeurs à travers une semaine culturelle.
Des convives venus d’ici, les associations de la ville, les autorités, d’ailleurs, Gori, Nouakchott, du Sénégal pour l’affirmation de soi, du sooninkaaxu. Des conférences, des expositions, des investissements humains d’assainissement, des balais, des chœurs, des pièces de théâtre, de la poésie. Tout pour faire du sooninkaaxu un espace de partage, une personnalité perpétuée depuis la nuit des temps. Cette manifestation a identifié des espaces aux futures générations pour s’inspirer, en innovant au goût des temps.
Le 15 août est également une invite à la commémoration d’une figure exceptionnelle, il s’agit de Cheikh Yakhouba Sylla, Bah Yakhouba des Bah yakhoubalanko, kason Baaba, celui qui a triomphé des difficultés, de la geôle. Il fut rappelé un 15 août 1988. Il est le co-fondateur de la communauté qui porte son nom. Avec Mpaly Kaba, une révolution, c’en est une, ce n’est pas exagéré car ils mettent à l’exécution un programme socio-économique, culturel, cultuel et politique prônant le progrès, en rupture avec le modèle existant, de bouleversements, il y en eut. Une organisation et une structuration à travers la diversification des moyens de production. Le culte innové. La dimension politique n’est pas en reste. Le soutien politique apporté a permis la réouverture de la zawiya de Nioro, du Maître Le Cheikh Cheikhna Hamahoullah. La proximité et la confiance établie avec Houphouët Boigny, les jalons de l’économie moderne mis en place à Guégnoa, parmi moult exemples, ont porté haut le yakhoubisme.
L’œuvre de Bah Yakhouba fait date au 20ème siècle, incontestablement, dans la sous-région et surtout en Côte d’Ivoire, au Mali et en Mauritanie où les zawiya entretiennent la flamme. Le yakhoubisme est bâti sur le triptyque de Allanbatte (adoration de Allah), le Yaamaribatiye (le respect des préceptes) et le Kabefi toqe (ne pas enfreindre aux interdits).
Le yakhoubisme puise sa puissance aussi dans la rhétorique, le sooninke est la langue de communication. L’œuvre de Oumarou Touré de Badiakhankunda est prisée, la langue sooninke a fait des émules, l’œuvre de Bah Oumarou Sylla dénote d’une production littéraire et philosophique considérable dont une infime partie seulement a fait l’objet d’études par exemple.
D’autres hommes des lettres figurent dans la communauté. L’heure étant à l’ouverture, à la consécration, une diffusion ne ferait que renforcer la visibilité de cette production intellectuelle de référence, exposant par voie de conséquence les œuvres à d’autres lectures, critiques. Ce qui permet de mesurer leur portée et renforce leur audience.
La ferveur qui embaume la communauté peut-elle se maintenir sans se préparer à d’éventuels changements d’un monde interconnecté où de leviers en alerte demeurent essentiels pour revigorer la communauté.
Bah Yakhouba et Bah Aliou ont posé les jalons. La communauté tout en conservant les fondamentaux doit accompagner sa survie à travers la transformation continue.
Mes remerciements à Cheikhna Mohamed Wagué dit Youba et Bocar Kaou Tandia (Bocar Sokhané) pour leurs lecture et observations.
Massy 11 août 2025
Thierno Tandia