« La Suisse parle quatre langues, et elle est plus unie que nous »

Cette obsession qu’on a chez nous de vouloir absolument faire coïncider langue unique et unité nationale. Comme si la diversité linguistique était une maladie à éradiquer ! Pourtant, il existe un petit pays, prospère, démocratique, stable et respecté dans le monde entier — la Suisse — qui a réussi le pari inverse : faire de la diversité linguistique un pilier de son identité nationale.

Eh oui, figurez-vous que la Suisse ne parle pas “une seule langue pour tous”. Elle en parle quatre : l’allemand, le français, l’italien et le romanche. Et vous savez quoi ? Ça ne menace ni leur cohésion, ni leur administration, ni leur école, ni leur armée. Au contraire, cette reconnaissance officielle de la diversité linguistique est un gage d’inclusion, de respect mutuel et de stabilité.

Personne ne s’insurge là-bas contre les germanophones, personne ne traite les italophones de citoyens “moins suisses”, et aucun politicien ne s’acharne à faire croire que l’unité nationale dépend de la domination d’une seule langue. Ils ont choisi l’intelligence collective au lieu du culte de l’uniformité.

Et ce modèle suisse nous montre clairement une chose : on peut parfaitement être un pays unifié, cohérent, et respecté à l’international sans imposer une langue unique à toute la population. Le plurilinguisme, quand il est assumé politiquement et juridiquement, devient une richesse, pas un handicap.

Mais chez nous, dès qu’on propose de reconnaître les langues nationales aux côtés de l’arabe et du français, certains s’affolent comme si c’était une tentative de déchirer la nation. C’est à se demander si l’unité qu’ils défendent est une unité des cœurs… ou juste une uniformité des bouches.

Car soyons honnêtes : l’unité réelle ne se décrète pas en imposant une langue, elle se construit en respectant toutes les composantes du pays. Et chez nous, les langues comme le pulaar, le soninké, le wolof, ou même le hassaniya, ne sont pas de simples dialectes folkloriques : ce sont des langues vivantes, porteuses d’histoire, de culture, et de mémoire collective.

Alors oui, je suis pour un trilinguisme assumé : arabe, français, et langues nationales. Parce que c’est la seule voie réaliste, juste et inclusive. Et surtout, parce que c’est ce que ferait n’importe quel pays sérieux qui veut construire une nation, pas juste une administration. Wetov.

 

 

SY Mamadou

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 14 juin 2025)

 

 

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